La petite ville de Senlis, à l'ombre de Paris, a connu un destin bien singulier au regard de ses voisines. Le protestantisme s'y est tôt développé mais la division de la ville en confessions rivales n'a pas entraîné de violences criminelles de grande ampleur. Senlis a ignoré les massacres de la Saint-Barthélemy. Comment cette communauté urbaine est-elle parvenue à se maintenir en paix et à échapper aux troubles qui agitaient alors le royaume de France ? Ce livre nous retrace l'histoire d'un groupe de notables qui trouvèrent dans la politique municipale le moyen d'accomplir le rêve d'harmonie de Catherine de Médicis. L'Hôtel de Ville devint en effet le laboratoire d'une réforme de la police, de l'assistance et de l'éducation qui répondait à un profond désir d'ordre et d' ...
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Introduction Chapitre 1. Le désenchantement municipal (vers 1520-1564) 1. Une autonomie urbaine restreinte 2. La défense des franchises et les exigences de l'État monarchique 3. Les privilèges d'une oligarchie 4. Un groupe dirigeant cloisonné 5. Les gens de justice désertent l'Hôtel de Ville Chapitre 2. Face à une dissidence religieuse précoce... 1. "Bibliens" et contestation sacramentaire 2. Un lien communautaire moins intense ? 3. Une communauté en voie d'édification, un centre mineur (1532-1559) Chapitre 3. Une cohésion urbaine maintenue par les dévotions collectives 1. Le pouvoir d'attraction des reliques dans une ville sanctuaire 2. Sortir la châsse de saint Rieul : une habitude au XVIe siècle 3. L'œuvre de Guillaume Parvi : restaurer par la pierre et les reliques (1528-1536) Chapitre 4. Vivre à la mode de Genève ? 1. La nébuleuse calviniste 2. La médiation des moyenneurs : le théologal Nicolas Martimbos 3. L'engagement des élites cultivées Chapitre 5. Le choc de la première guerre civile en 1562 1. "Au lieu de réduire la ville en l'obeyssance de Dieu et du Roy, ilz l'entretiennent en l'obeyssance du diable et ydolatrie" 2. "Chastyé de telle pugnition que se sera exemple a tous aultres" 3. La fin des violences Chapitre 6. L'échec du calvinisme, conséquence d'une réforme gallicane inscrite dans la durée ? 1. La mise en œuvre d'un idéal sacerdotal (1522-vers 1564) 2. Défendre l'intercession : la médiation du chapitre cathédral 3. Le renouveau du culte de saint Rieul Chapitre 7. Des magistrats décidés à contenir les passions (1564-vers 1580) 1. Le retour des gens de justice aux affaires de la ville 2. L'aristocratie du présidial au service du bien public 3. La politique municipale, apanage des officiers 4. Une expérience de tolérance civile 5. Donner bon ordre et police : les faux-semblants de la sécularisation Chapitre 8. Un événement prévisible ?Le rejet de la Ligue de 1577 1. Des élites divisées ? 2. Les serviteurs des Montmorency à Senlis Conclusion.Les voies de la temporisation Sources Sources manuscrites Sources imprimées Sources éditées Bibliographie Instruments de travail Études générales Histoire de Senlis Annexes Tableaux et graphiques Pièces justificatives Cartes et plans Illustrations Index des noms de lieux et de personnes Table des annexes Table des matières
La petite ville de Senlis, à l'ombre de Paris, a connu un destin bien singulier au regard de ses voisines. Le protestantisme s'y est tôt développé mais la division de la ville en confessions rivales n'a pas entraîné de violences criminelles de grande ampleur. Senlis a ignoré les massacres de la Saint-Barthélemy. Comment cette communauté urbaine est-elle parvenue à se maintenir en paix et à échapper aux troubles qui agitaient alors le royaume de France ? Ce livre nous retrace l'histoire d'un groupe de notables qui trouvèrent dans la politique municipale le moyen d'accomplir le rêve d'harmonie de Catherine de Médicis. L'Hôtel de Ville devint en effet le laboratoire d'une réforme de la police, de l'assistance et de l'éducation qui répondait à un profond désir d'ordre et d'unité. La conception du bien commun, sous-jacente à l'action municipale, relevait alors autant d'une éthique sociale que de la volonté de servir la politique royale de tolérance civile. L'art de gouverner, nourri par l'humanisme et l'idée stoïcienne de maîtrise des passions, tendait ainsi à éloigner les malheurs du temps. Alors que le clergé local entreprenait une profonde réforme pastorale, les traditions locales consolidaient l'identité de la ville autour de la figure tutélaire de Rieul, le saint patron. Cette restauration gallicane est l'une des clefs du consensus social. Elle aide aussi à comprendre pourquoi le protestantisme, malgré une implantation précoce et le recul de certaines dévotions, perdit de sa force d'attraction. Le désir d'une foi unique se réalisant, la concorde urbaine permit à Senlis de traverser les épreuves des guerres de Religion.