Hôtel. Le mot et le lieu paraissent si familiers dans nos vies, nos paysages et nos usages mentaux que nul ne s'en préoccupe vraiment. Les auteurs américains ont pourtant écrit qu'il résumerait à lui seul l'histoire des États-Unis. Pourquoi en irait-il autrement en Europe ? L'État s'y intéresse de loin en France, se contentant de vérifier un niveau de qualité certifié par des étoiles, mais intervenant peu pour soutenir l'hôtellerie, alors que celle-ci est un secteur clé de l'industrie du tourisme. Le problème commence dès qu'on veut qualifier l'hôtel. Sans remonter aux auberges du Lion d'or ou du Cheval blanc des temps modernes, ni au Terminus ou hôtel de la Gare des débuts du chemin de fer, qu'y a-t-il de commun entre le gîte rural, la chambre d'hôte, le couvent-hôtel des congrégations religieuses, la pension de famille équipée de deux ou trois chambres, le motel routier, le castel first class de Deauville ou le palace du Léman, propriété de grands groupes, dont les centaines de chambres font face à la mer ou au lac, et que les visiteurs traitent volontiers d'enseignes " mythiques " ? Au moment même où internet remet en cause un modèle que nous pensions immuable, sans même pouvoir le définir, ce livre fait le point sur trois siècles d'évolution entre le tenancier, le logeur, le cabaretier, l'aubergiste et l'hôtelier – petit entrepreneur ou capitaine d'industrie. Il décrit les lieux de leur activité, hybrides, polymorphes, plurifonctionnels, singuliers ou, au contraire, dupliqués à l'envi par les chaînes. Il observe leur aptitude à modeler la ville, leur influence sur les mobilités et plus largement leur contribution à une histoire de l'hospitalité dans les sociétés contemporaines.