La tradition occidentale tend à assimiler l'art et la valeur esthétique. La beauté serait la finalité essentielle de l'art. Or, c'est une conception réductrice: la valeur esthétique n'a pas le monopole des valeurs engagées dans la création, la circulation et la réception des œuvres d'art. Dans la valeur que nous accordons à une œuvre, l'authenticité, l'autonomie, la célébrité, la cherté, la moralité, l'originalité, la pérennité, le plaisir, la rareté, la responsabilité, la significativité, le travail, l'universalité, la virtuosité… jouent souvent un rôle aussi important que l'attrait esthétique. Cet ouvrage, qui réunit des philosophes, des historiens et historiens d'art, des littéraires, des musicologues, des anthropologues et des sociologues, propose pour la première fois une cartographie de ces valeurs autres qu'esthétiques qui interviennent dans l'évaluation artistique, qu'elle soit profane ou savante. Les analyses réunies ici n'ont donc pas pour objet l'art lui-même, ni les œuvres. Elles n'étudient pas non plus la valeur de l'art en lui-même ou par rapport à d'autres activités humaines. Elles portent sur les attentes axiologiques projetées sur le monde de l'art et différemment déclinées selon les arts, le contexte historique et culturel, et la position sociale des individus ou des groupes qui en sont les porteurs.