Dossier critique
Le Mont Damion et La Tribu Bécaille d'André Dhôtel
Études réunies par Marie-Hélène Boblet et Philippe Blondeau
Audrey Camus : Haute-enfance : le pays fabuleux d'André Dhôtel, p.7
Danielle Marcoin : Image et intrigue romanesque dans Le Mont Damion, p. 19
Christine Dupouy : Poétique des lieux dans Le Mont Damion, p. 29
Édith Perry : L'animalité dans Le Mont Damion, p. 45
Isabelle-Rachel Casta : L'amour et l'amitié : les deux visages de l'Autre…, p. 57
Philippe Blondeau : Hasards et nécessité de l'écriture dans La Tribu Bécaille, p. 67
Marie-Hélène Boblet : La Tribu Bécaille : un roman pour " mille romans ", p. 79
Patrick Antoniol : Une saga ardennaise impossible à écrire, p. 95
Francis Marcoin : N'être rien : entre nullité et sainteté, p. 111
Romans 20-50
Philippe Chardin : Jalousie des animaux et animalité de la jalousie : belle et bête jalouses dans La Chatte de Colette, p. 123
Romanciers méconnus
Paul Renard : Roland Cailleux (1908-1980) : la connaissance et la parole, p. 133
Lectures étrangères
Gabrielle Napoli : Poétiques du témoignage : le retour spectral de l'Histoire
comme condition éthique du récit, p. 141
Littérature contemporaine
Fanny Huvelle, " Rendre visite à une amie " ou les visitations de Marie NDiaye, p. 155
Les deux romans choisis sont publiés respectivement en 1963 et 1964, et se situent à l'exact milieu d'une production de quarante romans. Ils exploitent le merveilleux singulier d'André Dhôtel, subtil mélange de légende et de réalisme provincial, qui est devenu une véritable marque de l'auteur. Ils illustrent par ailleurs deux orientations sensiblement distinctes : Le Mont Damion, bien qu'il ait été publié dans la collection " blanche " chez Gallimard, appartient à cette catégorie de romans de la géographie fabuleuse, qui commence avec Le Pays où l'on n'arrive jamais et qui est accessible à un large public, y compris de jeunes lecteurs. L'esprit d'enfance en effet, entendu comme disponibilité à ce qui arrive, comme relation instantanée au monde qui se présente, y gouverne l'histoire et le récit. La Tribu Bécaille, bâtie sur une intrigue plus complexe et plus dispersée, propose un dispositif narratif plus ambitieux, utilisant – cas unique chez Dhôtel – la forme d'un journal intime aux multiples récits enchâssés.On retrouvera ces deux orientations dans les contributions à ce volume, qui interrogent tour à tour la matière poétique du Mont Damion (bestiaire, lieux, images), et les structures narratives de La Tribu Bécaille (genèse, forme, voix). Les pistes thématiques explorées par ailleurs (l'enfance et l'esprit d'enfance, l'amour et l'amitié) permettront quant à elles de mieux apprécier l'univers romanesque et sentimental d'André Dhôtel.