Au Japon, la notion de maladies industrielles recouvre depuis une trentaine plusieurs cas : d'une part les "accidents du travail et maladies professionnelles" et, d'autre part, les "maladies de la pollution". Les maladies industrielles renvoient ainsi à l'interaction originale qui s'est produite entre le mouvement "antipollution" et le mouvement ouvrier. La coïncidence entre ces deux courants sociaux caractéristiques des sociétés industrielles est véritablement frappante dans l'histoire. En japonais, le terme de "victime" est étroitement lié à celui de "malade de la pollution". Or l'usage lancinant du mot victime trahit la logique sacrificielle du "principe pollueur payeur". À Minamata, ce sont précisément ceux qui se sont battus avec le plus de vigueur contre l'entrepr ...
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Au Japon, la notion de maladies industrielles recouvre depuis une trentaine plusieurs cas : d'une part les "accidents du travail et maladies professionnelles" et, d'autre part, les "maladies de la pollution". Les maladies industrielles renvoient ainsi à l'interaction originale qui s'est produite entre le mouvement "antipollution" et le mouvement ouvrier. La coïncidence entre ces deux courants sociaux caractéristiques des sociétés industrielles est véritablement frappante dans l'histoire. En japonais, le terme de "victime" est étroitement lié à celui de "malade de la pollution". Or l'usage lancinant du mot victime trahit la logique sacrificielle du "principe pollueur payeur". À Minamata, ce sont précisément ceux qui se sont battus avec le plus de vigueur contre l'entreprise Chisso qui ont exprimé le mieux l'ambiguïté fondamentale, la frontière parfois délicate entre "pollueurs" et "pollués" comme si c'était la seule façon de couper court aux arrangements de façade.