À l'occasion de la tenue des JOP Paris 2024, le CDES a organisé un séminaire de recherche consacré à la soutenabilité des Grands Évènements Sportifs Internationaux (GESI). En effet, depuis quelques années déjà, les grands évènements sportifs comme les JOP font l'objet de nombreuses controverses. Les principales questions débattues concernent la taille de ces évènements et leurs enjeux financiers, leur empreinte écologique, leur coût d'opportunité, leur legs d'éléphants blancs. C'est ainsi que l'on discute de plus en plus aujourd'hui de la soutenabilité des GESI autour de quelques questions majeures à l'origine de multiples controverses: que peut-on dire de l'héritage des GESI et notamment des JOP? Faut-il réformer la conception des GESI pour tenir compte des limites de la planète? Quels obstacles faudra-t-il surmonter pour réformer les GESI? Faut-il concevoir de nouveaux instruments d'évaluation comme une comptabilité écologique? Faut-il ou non continuer à organiser de tels événements gigantesques?Le présent ouvrage tente de répondre à toutes ces interrogations autour de quatre questions de recherche: les enjeux de l'accueil des GESI, l'avenir des GESI, la gouvernance des GESI face à la transition écologique, l'héritage controversé des GESI dans les villes hôtes.
Célèbre pour son intense activité bancaire, le Luxembourg présente aussi, à son échelle, un creuset des tendances et du mouvement de fond à l'œuvre au niveau européen en matière d'économie sociale et solidaire (ESS). L'ouvrage s'appuie sur une enquête qualitative menée auprès de différents acteurs porteurs de projets et de politiques publiques de l'ESS et analyse les composantes socio-économiques et socio-politiques de l'ESS luxembourgeoise. Quatre mondes de l'ESS sont identifiés : l'économie du traitement social du chômage par le travail, l'économie traditionnelle du social à visée caritative, l'entrepreneuriat social et responsable omniprésent dans les discours, et les initiatives solidaires désormais disséminées dans des projets locaux peu visibles.Respectivement sociologue et économiste à l'université de Lorraine, Melaine Cervera et Vincent Lhuillier font partie du collectif d'animation et de gestion du Réseau inter-universitaire de l'ESS (RIUESS) et sont membres fondateurs du Réseau de formation et de recherche en ESS du Grand Est (RESSOR).
À quelles conditions l'achat public peut-il devenir un outil de politique publique d'accompagnement à la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) ? Plus largement, les acteurs disposent-ils aujourd'hui de tous les outils nécessaires afin de mettre en œuvre un achat public réellement responsable ? Issu du projet " Une RSE repensée – De l'implication des acteurs à une réappropriation des politiques publiques " (2016-2018), cet ouvrage réunit des analyses et des témoignages de praticiens de l'achat public et de chercheurs en sciences humaines et sociales afin d'aborder de manière transdisciplinaire les enjeux de l'achat public responsable. Ce croisement de regards permet de montrer qu'en dépit du dynamisme réglementaire actuel et des multiples initiatives innovantes portées par les acteurs sur le terrain, l'achat public peine encore aujourd'hui à pleinement intégrer le développement durable, ce qui impliquerait une rupture plus franche avec son héritage ordo-libéral.
Revue internationale des études du développement no 254
Le dossier s'inscrit dans le prolongement des dossiers thématiques que la Revue Tiers Monde, puis la Revue internationale des études du développement ont publiés depuis 25 ans en matière de microfinance et d'inclusion financière dans les pays des Suds, en particulier dans l'agriculture et le secteur rural. Dans un contexte de fortes contraintes, marginalisé dans les politiques de financement du développement, le financement agricole et rural apparaît comme peu adapté aux besoins des unités de production et difficilement en mesure de relever les objectifs, parfois contradictoires, d'une véritable transformation économique, sociale et environnementale des systèmes agricoles et alimentaires.À partir des formes d'organisation existantes, ce dossier vise à observer les besoins de financement en lien avec les nouvelles trajectoires de transformation des systèmes agricoles et alimentaires. Il s'agit également d'interroger, aux différentes échelles des dispositifs et des territoires, les relations existantes entre les instruments, les acteurs qui les gouvernent ainsi que les effets qu'ils produisent.Les articles mobilisent un ensemble de travaux originaux donnant accès à une meilleure connaissance des réalités de terrain en ce qui concerne le financement des producteurs et productrices agricoles, selon trois axes: i) les pratiques financières d'une agriculture familiale " sous contraintes "; ii) les dispositifs visant à améliorer le financement de l'agriculture dans une perspective de durabilité; iii) les leviers de l'action collective et des politiques publiques qui les sous-tendent.
Des interactions de travail aux institutions du capitalisme et de l'État
Quel salarié n'a jamais été confronté aux injonctions de performance de ses managers ou de ses collègues??Quel usager de services publics ne s'est jamais heurté aux conséquences des "politiques du chiffre" mises en œuvre dans les secteurs de la santé, de la police, de la justice, et de l'éducation? La gestion n'irrigue pas seulement nos vies professionnelles et personnelles. Elle s'impose dans nos choix de société, quand les mécanismes de sélection créent ou renforcent des inégalités ou quand la course à la productivité détruit les équilibres naturels.Cet ouvrage propose un cadre conceptuel à l'étude empirique de ces phénomènes, permettant l'articulation des différentes échelles d'analyse. L'étude des processus et des dispositifs à l'œuvre permet ainsi de partir des situations locales de travail, pour les réinscrire dans les rapports de pouvoir d'une entreprise ou d'une administration, en remontant jusqu'aux dynamiques d'ensemble qui régissent le fonctionnement des marchés et de l'État.
Les Français sont majoritairement hostiles au libre-échange alors que leur économie est très ouverte. Pourquoi cette spécificité? Dans le pays de Montesquieu et de Léon Walras, les économistes ont perdu le débat des idées, la gauche et la droite se retrouvant sur le terrain d'une critique commune du libre-échange. Dans ce débat, il y a beaucoup d'incompréhension, de simplification à outrance et très peu de statistiques. On préfère donner la primauté à la Nation, rejeter la science économique de manière globale et donner la priorité aux politiques qui réduisent l'inégalité.
Comment et quand le monde a-t-il basculé dans ce système que l'on appelle " capitalisme " ? C'est dans cette discussion que s'inscrit le Brenner Debate, du nom de l'historien américain Robert Brenner. À l'origine de ce débat important parmi les historiennes et historiens du capitalisme, les travaux de Robert Brenner ont exercé une influence majeure sur le développement de la pensée marxiste à partir des années 1970.Dans une première partie, François Allisson et Nicolas Brisset retracent et contextualisent les principales étapes de ce débat ayant mené aux travaux de Robert Brenner. Les auteurs montrent ainsi que la manière d'aborder l'histoire du capitalisme est intimement liée au regard que l'on porte sur ce système économique. Une seconde partie propose la traduction inédite d'un article de Robert Brenner paru en 2007, " Propriété et progrès : quand Adam Smith faisait fausse route ", qui constitue, de l'aveu même de son auteur, la version définitive de son argument développé en 1976.Cet ouvrage est une porte d'entrée sur la pensée d'un économiste méconnu dans l'espace francophone, qui pourtant mérite, au regard de son importance dans l'historiographie anglo-saxonne, toute notre attention.
Au croisement d'approches conceptuelles et empiriques, cet ouvrage contribue à éclairer la notion d'innovation sociale à partir d'enjeux et de terrains diversifiés. En neuf chapitres, il invite à des incursions à l'intérieur des organisations comme à l'interface de plusieurs organisations d'un même territoire, pour y découvrir des leviers d'innovations sociales pour une transition économique, sociale, solidaire et environnementale.De nombreuses dimensions de l'innovation sociale sont étudiées dans différents domaines et secteurs, tels que la monnaie, l'insertion, le handicap et la santé : conditions de réussite et de pérennité, moyens déployables par les collectivités territoriales pour faire émerger et accompagner des projets innovants et durables, types de collaboration entre acteurs territoriaux, moteurs de la créativité et de l'innovation dans les organisations, modalités participatives de gouvernance…La présence d'auteurs en sciences de gestion et du management, sciences économiques, sociologie, sciences de l'information et de la communication, et sciences de l'éducation et de la formation, contribue à la pluralité et la complémentarité des regards sur les innovations sociales.À l'heure où les problématiques sociales, économiques, écologiques et de gouvernance, réclament une approche holistique, les contributions réunies dans cet ouvrage peuvent inspirer chercheurs de différentes disciplines et acteurs de terrain, pour des actions systémiques, porteuses de sens pour les générations actuelles et futures.
Avec le prix du livre, nous nous replongeons dans plus de quarante années de politique culturelle. Un article en brosse d'ailleurs l'historique, en rappelant les combats qui furent menés pour faire aboutir un prix unique, et qui sont concomitants à l'émergence des grandes surfaces et autres enseignes de produits culturels (les "années FNAC"…). Mais comme toujours, nous avons souhaité aller au-delà: vous découvrirez ainsi comment s'organisait le commerce (neuf et d'occasion) dans l'Antiquité grecque et romaine, comment à l'époque moderne, le prix de l'imprimé participe d'un processus de distinction sociale, combien coûte un livre à l'époque de Balzac et de Zola, et ce que signifie cette notion aujourd'hui. Car parler du prix du livre, c'est aussi parler de librairies, de grandes surfaces et d'enjeux capitalistiques, de révolution numérique – bref, c'est d'une certaine façon interroger notre société. La Revue poursuit aussi son tour d'horizon des trésors arabes de la BNU, en dévoilant un Coran en rouleau qui s'étale sur près de 9 mètres, et fait la part belle à des acquisitions récentes qui mettent à l'honneur des archives littéraires et artistiques: celles du compositeur Charles Koechlin, du graphiste, typographe et créateur de caractères Jean Alessandrini, et enfin de l'éditeur Arfuyen. Un voyage au cœur de la création, en somme, jusqu'à son étape ultime: celle de la mise en vente de ses produits.
Le droit économique européen tend-t-il à faire converger les systèmes de pension de retraite vers un même modèle, et si oui, lequel? C'est à cette question que cet ouvrage se propose de répondre. Il explore les contraintes que font peser le droit européen de la concurrence et la libre prestation des services, d'une part, et la gouvernance économique et budgétaire, d'autre part, sur l'organisation de la première branche, en termes financiers, des systèmes de sécurité sociale nationaux que constituent les pensions accordées aux travailleurs lorsqu'ils accèdent à la retraite.Ce parcours dans les ressorts des constitutions micro-économique et macro-économique de l'Union et leurs effets sur les pensions de retraite passe par une discussion serrée de mécanismes juridiques pointus. Mais il amène aussi à aborder certaines questions fondamentales, comme celle de savoir ce qui distingue radicalement une assurance dite sociale du produit d'assurance proposé sur un marché, ou celle des liens entre la façon dont le travail est valorisé et la conception du droit à la pension de retraite. Ou encore celle, plus englobante, des valeurs que charrie le droit du marché intérieur tel qu'il est interprété par la Cour de justice de l'Union européenne.Dans la partie consacrée à la gouvernance économique et budgétaire, l'étude revient également sur l'impressionnante refonte du système de pension de retraite opérée en Grèce à l'occasion des interventions européennes dans la gestion de la crise de la dette publique du pays, un épisode parmi les plus épineux de l'histoire de l'intégration économique européenne.
Théorie critique et pensée critique au prisme de l'architecture
Ce numéro des Cahiers thématiques est consacré aux relations entre architecture et " Théorie critique ", telle que cette dernière a été initiée par les membres de l'École de Francfort – mais aussi, plus largement, aux liens entre pensée critique et architecture. Cette thématique est abordée selon trois angles complémentaires. Il s'agit, d'une part, d'examiner la manière dont l'architecture a nourri, directement ou indirectement, les champs de recherche des penseurs associés à l'École de Francfort?; il convient, d'autre part, d'interroger la manière dont les historiens et les théoriciens de l'architecture, mais aussi les architectes eux-mêmes, se sont inspirés des thèses de l'École de Francfort, au besoin en les adaptant, pour fonder et renouveler une approche critique de l'architecture, redéfinir le rôle de la théorie et repenser les enjeux de la discipline architecturale. Il importe enfin d'élargir le champ de recherche – au-delà de la stricte focale de la Théorie critique –, pour engager une réflexion sur la manière dont l'architecture elle-même, dans ses processus de conception et de réalisation, a pu – et peut encore – se constituer en tant qu'outil de résistance face aux idéologies et aux modes de production dominants, en revendiquant et en assumant – parfois au risque de la contradiction – une visée émancipatrice.
Robert L. Heilbroner est l'auteur du best-seller The Worldly Philosophers (1953). Cet ouvrage à l'immense succès, qui porte sur les idées des grands économistes (Adam Smith, Karl Marx, Joseph Schumpeter, John Maynard Keynes, etc.), a très probablement contribué à masquer ses importants autres travaux sur la politique économique, le capitalisme, le socialisme, le problème environnemental, la croissance démographique, etc. Heilbroner s'est toujours montré très critique à propos de l'orientation prise par les économistes modernes dénonçant tout particulièrement la nature a-historique et dépolitisée de leurs travaux. Il propose comme alternative une approche située et historique qui tienne compte des dimensions sociales, politiques et morales des changements économiques. Cet ouvrage, qui offre une analyse et une traduction de deux textes inédits, est une invitation à découvrir les idées d'Heilbroner, inquiet du devenir des sociétés modernes, et qui a toujours cru en la fécondité des sciences sociales.