Introduction de Vincent Azoulay & Paulin Ismard
Introduction. Une invention bien athénienne
Première partie. L'oraison funèbre dans la cité démocratique
Deuxième partie. Le discours aux morts et la destination de la parole
Troisième partie. L'histoire athénienne d'Athènes
Quatrième partie. L'oraison funèbre, genre politique
Cinquième partie. Sous le charme d'une idéalité
Conclusion
Qui a inventé Athènes comme nom de la cité grecque? Réponse: Athènes. On ajoutera que cette invention a peut-être eu lieu dans un cimetière, au Ve siècle avant notre ère. Aux citoyens tombés au combat, ces morts d'élite, la collectivité athénienne offre des funérailles publiques et un discours; la terre recouvre les ossements, l'oraison funèbre parle aux vivants, exaltant la cité à l'intention des citoyens, des Grecs, de la postérité. Et c'est ainsi qu'Athènes, chacun le constate pour s'en réjouir ou s'en irriter, est, pour une longue tradition historique, devenue la Cité. Dans le topos de la " belle mort ", celle du citoyen-soldat, le temps s'immobilise. Meurent les hommes, la gloire leur est acquise car la cité demeure, source de toute mémoire, de toute valeur. Athènes y gagne une essence noble, mais elle y perd une langue pour dire la démocratie, cette nouveauté dont le discours fait une origine immémoriale, ce régime audacieux présenté dans l'oraison funèbre comme une aristocratie du mérite. De quoi remettre en question l'idée bien établie que les Grecs auraient ignoré ce que nous appelons l'idéologie dominante.