Note des éditeurs
Préface — Geneviève Fraisse
Partie 1 : Consentement et démocratie. Cadre juridique et constitutionnel
- Le débat sur la définition du viol en droit français : du consentement libéral au consentement situé — Frédérique Pollet Rouyer.
- Éléments de réflexion sur le consentement dans les soins " gynécologiques " — Lucile Ruault
Partie 2 : L'intime. Ambigüités du consentement
- Pourquoi céder n'est pas consentir — Clotilde Leguil
- Consentement vicié et désir mutilant : le cercle vicieux de la " libération sexuelle" — Annie Ferrand
- " Avoir envie de temps en temps ". Une analyse du consentement au sein de couples hétérosexuels — Emmanuelle Santelli
- Désirer et consentir en hétérosexualité : À l'ère de #MeToo, quelle place les hommes font-ils au consentement, cet objet obscur des relations hétérosexuelles ? — Sophie Boissier
Partie 3 : Histoire culturelle. Mémoire et réflexion
- Cornelia Bororquia, une victime espagnole du non-consentement au temps des Lumières — Juan Manuel Ibeas
- Mémoire de fille, un récit autour du consentement — Lydia Vázquez
Partie 4 : Progrès social : démocratisation du savoir, néolibéralisme et émancipation
- Les femmes peuvent-elles consentir à l'hétérosexualité ? — Jules Falquet
- Consentement et pornographie : questionnement sur le réel et les représentations — Mélanie Jaoul
- Politiser le consentement des hommes : ambiguïtés de l'idée d'une agentivité masculine de non-domination — Tanguy Grannis
Longtemps perçu comme un " contretemps " des luttes sociales (Fraisse, 2020), le féminisme s'affirme désormais comme une force politique, intellectuelle et sociale majeure, devenant l'un des moteurs principaux des transformations globales. Aujourd'hui, un axe central et structurant du débat féministe se concentre autour de la notion essentielle de consentement, ou plus précisément de la capacité et du droit à consentir. Cette notion établit un pont entre les sphères publique et privée, entre féminisme et démocratie, participant à une redéfinition de cette dernière. Dans ce contexte, les limites et la légitimité de la liberté sont repositionnées, tandis que la question de l'égalité des droits est réinterrogée.Un champ épistémologique du féminisme, malgré ses dissensions internes, apparaît donc indispensable. Ce champ, nécessairement multidisciplinaire et transversal, doit élucider le fonctionnement historique et social de la sexuation, évaluer son impact sur les rapports de pouvoir, et analyser ses implications dans le domaine de la démocratie. Le consentement, notamment sexuel, englobe des dimensions plus larges qui interrogent profondément nos choix de société: devons-nous privilégier l'égalité ou la liberté?Ce colloque international, organisé par la FMSH en mai de 2024, visait à recueillir des contributions éclairantes sur ces débats. Nous avons réuni un groupe d'expertes et de chercheuses dans une perspective transversale, créant des passerelles entre leurs domaines de recherche et la réflexion sur le consentement en tant qu'élément clé de notre démocratie. Les dissensions et désaccords au sein des débats féministes sur la liberté et les droits s'articulent particulièrement autour de deux questions fondamentales: la prostitution et la pornographie. Toutefois, d'autres enjeux cruciaux doivent être abordés pour envisager l'égalité des sexes et des genres dans une démocratie libérale. Quelle est la portée réelle de la libre volonté d'action et du consentement entre les sexes? Quelles en sont les implications?Ce débat scientifique, transversal, multidisciplinaire et international rassemble des perspectives diverses et parfois contradictoires, afin d'approfondir la compréhension du consentement en tant que reflet de l'émancipation des femmes et de l'égalité des sexes dans une démocratie en constante évolution. Nous explorons les tensions et nuances encore en débat, tout en proposant des pistes pour dépasser les perspectives a priori incompatibles. L'objectif est de contribuer à une réflexion collective nécessaire pour progresser en tant que société.