La Révolution de 1789 a déclaré les droits de l'Homme et proclamé l'égalité des citoyens Français de métropole devant la loi. La Première République (septembre 1792) a proclamé un moment les droits sociaux. Le XIXe siècle fut cependant marqué par une une alternance de régimes républicains, monarchistes et bonapartistes (et une dizaine de constitutions) avant la consolidation de la Troisième République par le " Bloc républicain des gauches " en 1899. La fonction électorale fut longtemps réservée aux possédants. Seule une minorité d'entre eux – les plus riches – furent déclarés éligibles. Les femmes, les pauvres, les domestiques, et, dans les colonies, les hommes de couleur, étaient privés de droits politiques. Ce découplage de la citoyenneté civile et de la citoyenneté politique fut d'emblée contesté. Contesté dans son principe par ceux qui réclamaient l'universalisation du droit de vote, ou du moins son extension à tous les hommes, riches ou pauvres. Mais cette restriction des droits politiques fut aussi combattue dans les actes par une partie des exclus qui, à leur manière et avec leurs moyens, investirent l'espace public, et cela quels que soient les régimes et au-delà des crises. Mais de la chanson à l'affiche, sans oublier l'insurrection ou la manifestation, ce furent autant d'inscriptions qui participèrent à un processus complexe de politisation. Les partisans de la République firent de la revendication du suffrage universel la clé de voûte de leur programme. 1792, 1848, 1871 furent donc les principales étapes de la naissance, en France, de la démocratie électorale, qui a pu se doubler d'une démocratie participative. Cependant, à l'aube du XXe siècle, malgré l'affirmation et la confirmation de Marianne, les institutions républicaines et le principe même de l'égalité des citoyens dans l'ordre politique continuaient d'être fortement contestés, d'autant plus que d'autres citoyennetés étaient revendiquées, comme la citoyenneté sociale.