En 1947, un bref soulèvement, " l'Incident du 28 février ", agita Taïwan contre le pouvoir chinois du Guomindang après que la Chine eut récupéré l'île en 1945, mettant fin à cinquante ans de colonisation japonaise. Rapidement et très brutalement réprimé, il est aujourd'hui au cœur des luttes mémorielles qui agitent Taïwan, avec pour enjeu la légitimité de la souveraineté chinoise sur l'île, et l'identité de cette dernière.Dans cet ouvrage, Victor Louzon se penche sur les mécanismes et la genèse de cette éruption de violence. Il l'analyse à la lumière de cinquante ans de relations sino-japonaises, en particulier la guerre de 1937-1945. Sans manifester de loyauté à l'ancienne métropole, la révolte taïwanaise puise largement son répertoire d'action et son imaginaire dans le passé colonial, particulièrement dans la mobilisation pour l'effort de guerre japonais, qui s'est accompagnée d'une assimilation culturelle intensive. Quant à la répression chinoise, si elle remobilise une longue expérience contre-insurrectionnelle, son intensité disproportionnée s'explique par la perception de la rébellion comme un prolongement de l'invasion japonaise et une occasion de parachever l'épuration des élites coloniales, à l'heure où la Chine cherche à affirmer son nouveau statut international.Une réflexion sur une trajectoire coloniale et postcoloniale en contexte est-asiatique, entre la Chine et le Japon.Une histoire de la violence par les pratiques, articulant histoire anthropologique de la guerre et histoire politique.Un éclairage historique sur ce qui définit Taïwan aujourd'hui.Un livre qui s'appuie sur des sources en chinois, à la fois sur les archives officielles et sur l'histoire orale des témoins