Le volume porte sur des figures variées de l'islamité africaine. Pour l'Afrique de l'Ouest d'abord : Marie Miran nous offre le bilan d'une enquête de terrain, menée en 1996 à Abidjan, sur le wahhabisme, mouvance complexe qui conteste les élites religieuses traditionnelles et les confréries. En contrepoint, Marie Rialland livre les résultats d'une étude sur les "gens de la Sunna" (nom que se donnent les wahhabites) dans la région de Bakel (fleuve Sénégal), en milieu soninke. On y ajoutera le cas de Zinder, rapporté par Robert Glew, où les wahhabites constituent l'une des plus récentes configurations dans les constants remodelages et débats autour de l'identité islamique dans cette ville du Niger au cours des deux derniers siècles. Pour l'Afrique du Sud ensuite : Samadia Sadouni s'intéresse à Ahmed Deedat, un prédicateur réformiste qui a acquis, par la polémique doctrinale originale qu'il mène avec le christianisme, une réputation internationale. Pour l'Éthiopie enfin : Hussein Ahmed montre comment, depuis la chute du Derg en 1991, l'islam manifeste sa présence active par une abondante production imprimée, notamment en langue amharique. Au côté de ces études contemporaines, deux études remontent aux siècles antérieurs : Marguerite Dupire s'interroge sur les filiations dans lesquelles s'inscrivent les devins et magiciens des Peul du Sénégal, dont le savoir et les pratiques précèdent, assimilent ou contournent la norme islamique. Avec les manuscrits arabico-malgaches, essentiellement magico-religieux, c'est la science des talismans islamiques qui est ici illustrée, dans le Sud-Est de Madagascar. Philippe Beaujard dresse un catalogue de ces manuscrits aujourd'hui dispersés dans le monde entier.