Depuis plus de vingt ans, les scènes d'action publique connaissent un changement de posture d'intervention dont la politique de la ville constitue — si ce n'est l'acte fondateur — à tout le moins l'exemple le plus connu. D'un côté, l'État impose le cadre des négociations et la méthode de travail. De l'autre, il laisse aux instances "les plus proches du terrain" le soin de sélectionner les problèmes à traiter et les réponses à apporter. Tel est précisément le cas du Contrat Educatif Local (CEL) qui invite les collectivités territoriales, les services étatiques déconcentrés et les associations à définir un projet éducatif, englobant tout à la fois les actions préventives déployées dans les quartiers urbains fragilisés mais aussi les nombreuses initiatives péri et extrasco ...
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INTRODUCTION - Extension des politiques constitutives et mutation des modes de gouvernement : éléments de problématisation.
PREMIÈRE PARTIE - Le contrat éducatif local : flou des objets à traiter et des positions institutionnelles à tenir.
CHAPITRE 1 - Des mandats aux problèmes : un changement de posture d'intervention initié par l'État. CHAPITRE 2 - Des conflits sectoriels à la lutte des places : les acteurs locaux face au CEL.
DEUXIÈME PARTIE - Agir sans mandat ni casuistique : désignation, institutionnalisation et politisation de problèmes éducatifs atypiques.
CHAPITRE 3 - Ordres et désordres de la société de cité : la codification des troubles éducatifs dans les quartiers prioritaires. CHAPITRE 4 - La formalisation d'une question éducative territoriale.
TROISIÈME PARTIE : Vers un mode de gouvernance territoriale du social ?
CHAPITRE 5 - Des jeux de formulation au service de la gestion de relations d'interdépendance : la structuration d'une politique éducative locale. CHAPITRE 6 - Faire voir pour faire faire : l'émergence d'un nouvel "art de manier les hommes".
CONCLUSION - La gouvernance territoriale : retour sur les enjeux empiriques et théoriques.
Depuis plus de vingt ans, les scènes d'action publique connaissent un changement de posture d'intervention dont la politique de la ville constitue — si ce n'est l'acte fondateur — à tout le moins l'exemple le plus connu. D'un côté, l'État impose le cadre des négociations et la méthode de travail. De l'autre, il laisse aux instances "les plus proches du terrain" le soin de sélectionner les problèmes à traiter et les réponses à apporter. Tel est précisément le cas du Contrat Educatif Local (CEL) qui invite les collectivités territoriales, les services étatiques déconcentrés et les associations à définir un projet éducatif, englobant tout à la fois les actions préventives déployées dans les quartiers urbains fragilisés mais aussi les nombreuses initiatives péri et extrascolaires développées sur l'ensemble de la ville. Quelles sont les pratiques parentales et juvéniles nécessitant un "redressement institutionnel" ? Quelles réponses apporter ? Et qui doit les coordonner ? Cruciales, ces questions doivent désormais être résolues tant par les animateurs en charge de l'accueil des publics que par des responsables institutionnels, appelés à s'attribuer des places dans cette politique en germination. Manifestement, à travers ces contrats territoriaux, l'État institutionnalise une forme de "laisser-faire" dont les effets doivent être appréciés. En la matière, l'élaboration du CEL Toulousain montre comment ces acteurs, sommés d'agir sans mandat, ni casuistique clairs, développent des techniques d'influence bouleversant les normes et les modes de fabrication des politiques sociales territoriales. Considéré sous cet angle, le cas étudié interroge plus largement, le déploiement et les effets d'un "pilotage non autoritaire des conduites" dont la gouvernance constitue un terrain d'observation privilégié.