Comment un Parti socialiste, marxiste, urbain et ouvrier, théoriquement partisan de la propriété collective peut-il s'imposer sur la scène politique française, à une période où la paysannerie et le monde rural forment encore la partie majoritaire de la population et de l'électorat, où les petites exploitations agricoles semblent sortir renforcées du premier conflit mondial et alors que triomphe l'idéologie agrarienne qui fait du paysan le pilier et l'essence de la nation ? C'est à cette question que s'attache cet ouvrage, en dressant une vaste fresque des liens entre paysannerie et politique durant l'entre-deux-guerres, opérant une relecture nécessaire de quelques grands événements, du congrès de Tours au Front populaire, mais aussi soucieuse des modalités concrètes de ...
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Remerciements Préface de Serge Berstein Introduction
Première Partie Les socialistes français et la conquête des campagnes (1918-1930)
Chapitre premier La guerre, grande donneuse de leçon I. Le choc de la guerre Les socialistes et le paradigme du soldat laboureur Les socialistes et l'agriculture de guerre La guerre subie : les contradictions du pacifisme paysan II. Une paysannerie transformée Panorama de la France paysanne en 1920 Des campagnes bleu horizon ? L'existence d'un mécontentement rural III. Un parti déchiré " Les paysans sont-ils contre nous ? " La loi de huit heures La révolution russe : un enjeu agraire ? Chapitre II Entre collectivisme et agrarisme I. Une scission paysanne ? Les masses paysannes dans la scission Loin de l'idéologie : essai d'interprétation II. Une reconstruction dans la continuité (1919-1924) L'inamovible Compère-Morel La stratégie parlementaire : de la reconstruction à la tentation du pouvoir " Vieilles bêtes " ou notables : les figures agricoles du parti III. L'assoupissement doctrinal et l'épanouissement de l'agrarisme socialiste " Il y a propriété et propriété comme il y a vin et vin : pinard du bistrot et sauternes de derrière les fagots " Faire entendre sa différence Les tentations agrariennes du socialisme Chapitre III Les contraintes de la sociabilité paysanne I. La délégation permanence à l'assaut des campagnes Éduquer, organiser, élire Lucien Roland : un propagandiste aux champs La propagande au quotidien II. Forces et faiblesses du socialisme dans les campagnes La conquête électorale Le militantisme en milieu rural Les obstacles à la conquête paysanne III. Réseaux et pratiques politiques au village Concurrence et complémentarité : les contraintes de l'action politique locale L'essor du syndicalisme paysan La vie politique au village
Deuxième Partie Crise et mobilisation paysanne : le temps des défis (1930-1936)
Chapitre IV Agriculture et paysannerie au coeur de la crise I. Les incertitudes face à la crise La prégnance des thèmes agrariens Les interrogations socialistes La difficile réforme des politiques agraires II. De nouvelles pratiques de mobilisation Émeutes et mouvements paysans dans la première moitié du XXe siècle Les acteurs de l'agitation paysanne Les contraintes du rapport à la politique III. Les modalités de l'action paysanne L'affaire Salvaudon : les acteurs entrent en scène Un phénomène nouveau : le meeting paysan Les paysans et l'action directe Chapitre V Les socialistes et l'apprentissage de la révolte paysanne I. L'engagement socialiste Un entre-deux inconfortable : des notables pris au piège Identifier ses adversaires La relance de la propagande dans les campagnes II. Un exemple de mobilisation socialiste : la Haute-Garonne de Vincent Auriol Une réponse graduée au malaise paysan : de l'action institutionnelle à l'action directe Revel : un exemple de mobilisation agrarienne La difficile riposte des socialistes III. La Confédération nationale paysanne : la tentative d'un syndicalisme paysan socialiste La CNP entre mystique paysanne et lutte des classes La CNP et le leitmotiv de l'indépendance politique Les différentes formes de mobilisation de la CNP Chapitre VI La SFIO à la recherche d'une stratégie politique I. Imposer une nouvelle politique agraire : l'échec de la stratégie parlementaire (1932-1936) La crise agricole et les élections de 1932 L'impossible collaboration avec les radicaux : l'échec de la loi du 10 juillet 1933 Vers le Front populaire agricole II. La scission néo-socialiste et l'enjeu agricole au sein du parti Une scission agrarienne ? Les néo-socialistes et les paysans Une nouvelle donne au Populaire III. Confirmation ou réajustement doctrinal ? L'impossible modèle collectiviste Le congrès de Limoges : un non-événement ? L'affirmation d'un réformisme révolutionnaire
Troisième Partie Le temps des affrontements : du Front populaire à Vichy (1936-1940)
Chapitre VII Un Front populaire paysan ? (1936-1937) I. Front populaire ouvrier ou paysan ? Les paysans au coeur de la campagne Une victoire paysanne ? La tentation ouvriériste et les risques de marginalisation de la paysannerie II. Les tensions au sein du monde rural : les grèves agricoles de l'été 1936 Physionomie des grèves agricoles Un gouvernement aux côté des ouvriers agricoles L'exploitation partisane des grèves III. L'action ministérielle et parlementaire Un ministre attendu L'office du blé " Le ministre des humbles " Chapitre VIII Les campagnes au coeur de l'affrontement partisan I. Contre-offensive agrarienne et impatiences majoritaires " Le Front populaire a lui aussi choisi ses esclaves : ce sont les paysans " Le temps de l'impuissance Les grèves agricoles de 1937 : chroniques d'un échec attendu II. Renforcement de l'implantation paysanne Élus et militants paysans Épanouissement et renouvellement des pratiques politiques locales Les contours d'une sociabilité socialiste dans les campagnes III. Les limites et les difficultés de la mobilisation paysanne Un trop maigre bilan La CNP à la recherche d'un second souffle Le piétinement de l'organisation Chapitre IX Incertitudes doctrinales et convergences agrariennes I. Les incertitudes doctrinales Une doctrine en sommeil Redécouvrir le prolétariat rural Le rôle central de l'exploitation paysanne et de la petite propriété II. L'épanouissement de l'agrarisme socialiste Vers le retour à la terre " socialiste " Nature paysanne Culture paysanne III. La dérive anti-républicaine Les déchirements face à la guerre " La guerre, c'est l'assassinat du paysan " Une réaction autoritaire et paysanne ? Épilogue — L'appel de Vichy Conclusion Sources manuscrites Sources imprimées Bibliographie Index des principaux personnages et des lieux (départements)
Comment un Parti socialiste, marxiste, urbain et ouvrier, théoriquement partisan de la propriété collective peut-il s'imposer sur la scène politique française, à une période où la paysannerie et le monde rural forment encore la partie majoritaire de la population et de l'électorat, où les petites exploitations agricoles semblent sortir renforcées du premier conflit mondial et alors que triomphe l'idéologie agrarienne qui fait du paysan le pilier et l'essence de la nation ? C'est à cette question que s'attache cet ouvrage, en dressant une vaste fresque des liens entre paysannerie et politique durant l'entre-deux-guerres, opérant une relecture nécessaire de quelques grands événements, du congrès de Tours au Front populaire, mais aussi soucieuse des modalités concrètes de l'enracinement partisan, en multipliant en variant les focales et les espaces d'analyse. Cette période est en effet un moment clé dans l'émergence de nouvelles pratiques politiques au sein d'une paysannerie de mieux en mieux intégrée à la sphère nationale. Le processus d'implantation électorale et militante de la SFIO dans les campagnes met en évidence les nouvelles modalités de l'expression et de la représentation politique des ruraux, notamment à la faveur de la crise des années trente, qui voit l'émergence d'une nouvelle génération d'acteurs paysans.