Le " sens commun " en matière de politique structurelle semble conduire à diminuer le niveau de réglementation sur les marchés de biens et services pour stimuler la concurrence, dans l'idée qu'une concurrence accrue inciterait les firmes en place à redoubler d'efforts innovateurs pour conserver ou accroître leurs parts de marché et permettrait à de nouveaux entrants de contester les positions établies. On suppose également que la libéralisation de marchés en amont favoriserait l'innovation et la productivité en aval. Bref, une telle libéralisation serait la solution pour relancer l'innovation et la croissance des économies proches de la " frontière technologique ".B. Amable et I. Ledezma examinent de façon critique ces affirmations. Les liens établis par la littérature ...
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1. Concurrence et efficacité : un tour d'horizon Des notions multiformes qui s'emparent des cadres théoriques - Innovation schumpétérienne - Rôle de l'action publique
2. De la concurrence à la libéralisation des services Recommandations de politique économique - Glissement du débat vers la libéralisation des services et l'approche empirique macrosectorielle - Que montrent les indicateurs de réglementation ? - Libéralisation et efficacité : hypothèses et tests dans la littérature - Études sectorielles
3. Tests empiriques sur données macrosectorielles Données - Résultats - Quelques éléments pour expliquer les divergences - La libéralisation a-t-elle réduit les rentes des secteurs en amont ?
Conclusion
Annexe Figures supplémentaires concernant les indicateurs de réglementation - Calcul de la productivité multifactorielle - Complément des tests sur les instruments
Bibliographie
Le " sens commun " en matière de politique structurelle semble conduire à diminuer le niveau de réglementation sur les marchés de biens et services pour stimuler la concurrence, dans l'idée qu'une concurrence accrue inciterait les firmes en place à redoubler d'efforts innovateurs pour conserver ou accroître leurs parts de marché et permettrait à de nouveaux entrants de contester les positions établies. On suppose également que la libéralisation de marchés en amont favoriserait l'innovation et la productivité en aval. Bref, une telle libéralisation serait la solution pour relancer l'innovation et la croissance des économies proches de la " frontière technologique ".B. Amable et I. Ledezma examinent de façon critique ces affirmations. Les liens établis par la littérature économique entre concurrence et innovation étant complexes, il faut relativiser la portée des recommandations de politique économique en faveur de la libéralisation des marchés. Les tests empiriques effectués sur l'industrie manufacturière, par exemple, parviennent à des résultats contraires au " sens commun ". Loin de diminuer l'innovation, la réglementation la facilite d'autant plus que l'on se rapproche de la " frontière technologique ".Ainsi, les recommandations en faveur de la libéralisation sont fragiles théoriquement et empiriquement. Et le débat de politique industrielle et technologique gagnerait à quitter les limites étroites de la politique de la concurrence pour reconsidérer de façon plus positive et réaliste l'intervention de l'État.