La démocratie n'est plus une évidence. Ses dysfonctionnements remettent en cause son principe (le pouvoir du peuple) ou l'idée dérivée de représentation.Or il est possible d'améliorer la démocratie représentative sur au moins un point : la technique électorale. Il existe des manières différentes de voter, qui portent des symboliques différentes et ont des conséquences différentes. Demande-t-on à l'électeur derrière quel candidat il se range, ou bien lui demande-t-on son avis sur chacun? Encourage-t-on le regroupement ou l'émiettement des partis?Ce livre offre une synthèse des connaissances à propos des votes "par évaluation", quand chaque électeur s'exprime sur chaque candidat. Il repose sur la réflexion théorique et sur de nombreuses expériences réalisées en collaboration avec le public, dans les bureaux de vote, en ligne ou en laboratoire. Certaines méthodes envisagées sont plus satisfaisantes que les systèmes actuels, et tendraient sans doute à favoriser les candidats consensuels.En s'interrogeant sur l'art difficile de la décision collective et sur ce que pourrait être notre démocratie, l'ouvrage porte un éclairage original sur ce qu'elle est actuellement, sur ses petits défauts comme sur ses failles plus profondes.
La France a subi un changement structurel rapide au cours des trois dernières décennies. Elle n'est plus seulement spécialisée dans quelques domaines du secteur manufacturier mais s'est tournée vers celui des services : recherche et développement, activités de commerce ou du secteur financier. Le marché du travail, en accroissant la proportion des emplois à bas et haut salaire au détriment des emplois intermédiaires, s'est fortement polarisé – et la crise de 2008 a exacerbé ce phénomène, probablement lié à l'essor des nouvelles technologies et à l'élargissement de la mondialisation.Vecteur d'inégalités salariales, la polarisation de l'emploi ravive aussi les tensions sociales et les passions politiques. Pour autant, les effets négatifs de ces changements majeurs ne sont pas inévitables. A. Reshef et F. Tubal ouvrent ici des pistes de réflexion originales sur le devenir de l'emploi en France. Et proposent des politiques publiques d'ajustement et de formation qu'il faudrait adopter pour que les gains engendrés par le progrès économique soient mieux répartis.
Comment l'État peut-il réguler le charity Business ?
Comparés aux Anglo-Saxons, les riches Français donnent peu. En moyenne, les dons du top 10% des contribuables français les plus riches oscillent entre 0,2% et 0,4% de leur revenu. C'est huit à dix fois moins que les riches Américains, cinq fois moins que les Canadiens. Quel est donc le secret de ce " charity business "? La France devrait-elle s'en inspirer?Exploitant des données fiscales inédites, les auteurs documentent ici pour la première fois l'ampleur des différences de philanthropie entre les contribuables les plus riches de par le monde et en analysent les causes. Leur enquête permet d'anéantir nombre d'idées reçues: non, l'incroyable niveau de philanthropie des riches Américains n'est ni le résultat de leur faible niveau d'imposition, ni une conséquence mécanique de la forte croissance des inégalités dans les pays anglo-saxons, encore moins une question d'incitations fiscales: celles-ci sont aujourd'hui plus élevées en France que partout ailleurs!En dessinant les mérites et les failles du charity business anglo-saxon, ce livre permet de mieux définir le délicat rôle de la puissance publique dans l'organisation et dans la structuration du secteur à but non lucratif.
Chacun a pu voir dans la presse ou à la télévision des images impressionnantes de Pékin asphyxié par la pollution. La croissance économique spectaculaire de la Chine s'est appuyée sur une industrie très énergivore. Placé face à une crise écologique inédite, l'État chinois a dû réagir, adoptant début 2018 une nouvelle loi fiscale sur la protection de l'environnement et annonçant son ambition de devenir un champion de l'écologie. Lors des accords de Paris, il s'est aussi engagé à réduire considérablement son intensité carbone d'ici 2030.Cette inflexion est toute récente. Pour évaluer la capacité de la Chine à réussir ce virage écologique, il faut tenter de comprendre tous les problèmes auxquels elle est confrontée. Les auteures passent en revue les évolutions politiques et sociétales qui donnent de l'espoir, tout en soulignant l'ampleur des résistances et des difficultés pratiques. L'empire du Milieu s'est-il réellement engagé dans une transition écologique exemplaire ou n'est-ce qu'un mirage?
Bonheur, satisfaction dans la vie, confiance et optimisme : où en sont les Français ? Il existe une spécificité française en matière de bien-être et ce livre met en lumière plusieurs paradoxes.Les Français se disent moins heureux et plus pessimistes que la plupart des citoyens des autres pays européens ; ce mal-être concerne avant tout les questions économiques ; et c'est en France que la relation entre bonheur et argent est la plus forte. Ceci vient sans doute de leur défiance vis-à-vis des institutions : ne pouvant plus compter sur elles pour organiser leur destinée collective et les protéger contre les principaux risques de la vie, les Français se replieraient sur leurs ressources personnelles. Au malheur collectif s'oppose alors un bonheur privé.Mal-être et défiance se traduisent par un processus de polarisation politique, avec la montée de l'extrême droite notamment. Lors des dernières élections présidentielles, le vote en faveur d'Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen a marqué le clivage entre optimistes et pessimistes. Quelle que soit sa postérité, le sursaut d'optimisme du mois de juin 2017 montre que, même si l'état d'esprit des Français est si ancien qu'il finit par se confondre avec une attitude culturelle, il n'est pas pour autant irréversible.
Depuis la fin des Trente Glorieuses et malgré sa tradition d'asile et d'accueil, la France a vu l'immigration comme un phénomène essentiellement néfaste qu'il s'agissait de limiter par des politiques restrictives. Ces restrictions ont empêché le recours à l'immigration de travail, créant ainsi un cercle vicieux où faible diversité, faible qualification et faible "quantité" d'immigration se renforcent mutuellement. Cette situation empêche la France de tirer parti des bénéfices économiques qu'une immigration plus qualifiée, plus diverse et par là-même potentiellement plus importante démographiquement pourrait lui apporter. Il faut donc repenser notre politique d'immigration en s'inspirant des résultats de la recherche ainsi que des expériences des pays où l'immigration constitue un atout.
Retour sur l'expérience des zones franches urbaines
Malgré les multiples politiques conduites depuis près de trente ans pour venir en aide aux habitants des ghettos urbains que sont devenues certaines banlieues françaises, la situation y demeure extrêmement difficile. Pauvreté, chômage, échec scolaire, faible accès aux soins, violence: comment enrayer la spirale négative dans laquelle sont entraînés les quartiers dits " prioritaires "?Les évaluations dont nous disposons concordent pour montrer que plusieurs " politiques zonées" emblématiques n'ont pas obtenu les résultats escomptés, en particulier les zones franches urbaines (ZFU), basées sur des allègements de charges et d'impôts offerts par les pouvoirs publics aux entreprises localisées dans les quartiers "prioritaires". L'évaluation de dispositifs similaires mis en œuvre aux États-Unis ou au Royaume-Uni conforte cette conclusion. La surreprésentation de populations fragiles amplifie les handicaps sociaux dont souffrent les habitants de ces quartiers, rendant ces politiques souvent inopérantes.Cette situation appelle des politiques plus radicales, combinant mixité sociale, mixité scolaire et accompagnement individualisé: discrimination positive sur le marché du travail, "emplois francs", pénalités renforcées pour les communes qui ne respectent pas la part de logements sociaux prévue par la loi ou encore dispositifs de busing inspirés des États-Unis. Autant de politiques qui pourraient utilement venir compléter la boîte à outils du gouvernement.
En France comme dans la plupart des pays européens, la croissance de la productivité du travail a ralenti depuis 2008, et cette tendance semble désormais toucher aussi les États-Unis. Les explications souvent avancées apparaissent insuffisantes, qu'elles insistent sur les problèmes de mesure liés aux " investissements intangibles ", sur l'atonie durable de la demande en Europe ou encore sur la nature du progrès technique, qui induirait des gains de productivité durablement faibles.Cet opuscule explore une autre dimension : les ajustements de l'emploi. Du maintien de l'emploi des diplômés au développement de l'autoentrepreneuriat, ils contribuent massivement au ralentissement de la productivité, notamment en période de récession. Au-delà de cette phase, les auteurs mettent en débat la stratégie de lutte contre le chômage par la baisse du coût du travail et la flexibilité, qui peut conduire non seulement à dégrader la qualité de l'emploi, mais également à affaiblir la dynamique de la productivité.
Enquête sur les classes préparatoires scientifiques
Les filles constituent quasiment la moitié des bacheliers scientifiques et réussissent mieux à cet examen que les garçons. Pourtant les grandes écoles d'ingénieurs – qui représentent plus que jamais la voie d'accès aux positions de pouvoir – demeurent aujourd'hui des bastions masculins. C'est cette énigme apparente qu'il s'agit de résoudre: comment rendre compte de cette " disparition " des filles? Où sont-elles passées?En mobilisant un large spectre de sources statistiques et une enquête conduite auprès d'élèves de classes préparatoires scientifiques à la demande de la direction de l'École normale supérieure, ce livre propose une approche originale en considérant cette disparition comme un fait social à part entière. Comment certains parcours scolaires et certaines destinées professionnelles en viennent-ils à être reconnus comme ouverts aux femmes? Quels mécanismes d'incitation poussent les uns plus que les autres à se sentir à leur place dans ces parcours scolaires d'excellence scientifique? Comment les rapports aux savoirs qui y ont cours participent-ils au maintien de ces bastions masculins?Cette étude pourra intéresser un large public : élèves, enseignants, parents d'élèves, conseillers d'orientation, mais aussi responsables politiques ou associatifs en charge de la promotion des carrières scientifiques féminines, ainsi que sociologues et économistes spécialistes des questions scolaires et/ou de genre.
Suite à la crise de 2008 et à l'absence de retour rapide aux niveaux de PIB et aux taux de croissance d'avant la crise dans la plupart des pays européens, on a pu exprimer la crainte que l'Europe ne suive une trajectoire semblable à celle suivie par le Japon depuis les années 1990, lors de ce que l'on a pu appeler la " décennie perdue ". Deux interprétations de l'expérience japonaise s'opposent, l'une qui met l'accent sur des facteurs structurels, l'autre sur une succession d'erreurs de politiques économiques. Le corollaire de cette analyse est ainsi la critique des politiques économiques mises en œuvre en Europe et la tentative de définition d'une " autre politique ".L'objectif de cet opuscule est de revenir sur l'expérience japonaise menée dans les années 1990 et aussi 2000, et d'étudier la nouvelle politique conduite depuis 2012, les Abenomics. Cette analyse vise à préciser la nature de l'expérience japonaise et à discuter la pertinence de la comparaison avec la situation européenne contemporaine. La trajectoire japonaise – notamment la déflation et l'évolution des finances publiques – a été observée de près par les macroéconomistes et les responsables de politique économique aux États-Unis, mais beaucoup moins en Europe. Elle a participé de l'évolution de la macroéconomie depuis 25 ans.
Élu par Lire meilleur essai 2007Prix du livre d'économie 2008 La France est engagée dans un cercle vicieux dont les coûts économiques et sociaux sont considérables. Depuis plus de vingt ans, des enquêtes menées dans tous les pays développés révèlent qu'ici plus qu'ailleurs, on se méfie de ses concitoyens, des pouvoirs publics et du marché. Cette défiance allant de pair avec un incivisme plus fréquent.Or la défiance et l'incivisme, loin d'être des traits culturels immuables, sont alimentés par le corporatisme et l'étatisme du modèle social français. En retour, le manque de confiance des Français entrave leurs capacités de coopération, ce qui conduit l'État à tout réglementer et à vider de son contenu le dialogue social.En comparant les relations entre les performances économiques et les attitudes sociales dans une trentaine de pays du début des années 1950 à nos jours, Yann Algan et Pierre Cahuc montrent comment ce déficit de confiance réduit significativement l'emploi, la croissance et, surtout, l'aptitude des Français au bonheur.
Enjeux sociodémographiques du report des naissances
Les évolutions de la natalité sont le plus souvent appréhendées à l'aune d'un unique indicateur, le nombre d'enfants par femme. Pourtant, le calendrier des naissances, c'est-à-dire les âges auxquels une mère donne naissance à ses enfants, éclaire utilement les dynamiques sociodémographiques. L'âge de la maternité se révèle, en particulier, être un marqueur social car il s'accroît avec les niveaux d'éducation et de revenus des parents. Aujourd'hui, parmi celles ayant le moins de perspectives sociales, on trouve souvent des filles-mères.Force est de constater que le calendrier des naissances est naturellement lié aux autres décisions importantes qui rythment le cycle de vie : nombre d'enfants, bien sûr, mais aussi temps consacré aux études et rôle des femmes sur le marché du travail. Même si on a trop souvent tendance à s'alarmer du report des naissances, les âges de la maternité ne sont pas des variables ni des objectifs des politiques publiques ; c'est plutôt le contraire : ils réagissent indirectement à certaines politiques, et peuvent de ce fait en annihiler les effets.Dans cet opuscule, le calendrier des naissances sert à lire certaines dynamiques sociales, économiques et démographiques propres aux sociétés européennes et, en particulier, aux sociétés française et allemande. Nous mettons en perspective le phénomène de report des naissances qui caractérise depuis plusieurs décennies la démographie européenne en analysant précisément ses ressorts et implications.