Éditorial, par Rémi Hadad, Igor Krtolica, Aurélia Michel et Jean-Baptiste Vuillerod
Articles
" Plaisanter sur les inégalités pour bâtir la hiérarchie : le rôle des alliances à plaisanterie dans la formation de la hiérarchie sociale à Madagascar (côte Ouest) ", par Maurizio Esposito La Rossa
" Les "Princes de la Manche" : des États royaux dans l'Europe de l'âge du Bronze ? ", par Cyril Marcigny, Clément Nicolas et Yvan Pailler
" Matriarcat et origine des inégalités dans la première École de Francfort ", par Salima Naït Ahmed
Note
" Ce que "sociologiser le biologique" veut dire ", par Chloé Mondémé
Entretiens
" La préhistoire des inégalités au prisme du genre. Entretien avec Anne Augereau, Claudine Cohen et Aline Thomas ", propos présentés et introduits par Rémi Hadad et Jean-Baptiste Vuillerod
" Autour d'une double origine : histoire du capitalisme racial. Entretien avec Sylvie Laurent ", propos présentés et introduits par Igor Krtolica et Aurélia Michel
Ce numéro 45 de la revue Tracés questionne le retour contemporain du topos rousseauiste de " l'origine des inégalités ". À la charnière des champs académique et non-académique, de grands récits se multiplient aujourd'hui sur les tables des libraires, avec comme promesse de résumer en quelques centaines de pages l'ensemble de l'histoire humaine, parfois depuis la préhistoire. Les problèmes du présent (exploitation et lutte des classes, racisme, patriarcat, spécisme, organisation écocidaire des sociétés humaines…) se trouvent réinscrits dans un temps long jalonné de quelques tournants décisifs, qui paraissent rejouer les mêmes actes: la révolution néolithique, avec l'apparition de l'État, l'accumulation de la richesse et la domestication des plantes et des animaux; la révolution moderne, elle-même plurielle (révolutions scientifiques, politiques, économiques) et scène d'émergence de l'État-nation, du capitalisme, du colonialisme, etc. Avec ces grands récits, de nouveaux problèmes surgissent. A-t-on affaire à de nouvelles philosophies de l'histoire qui ne disent pas leur nom et quelle valeur scientifique accorder à ces vastes reconstructions historiques? Quels rapports entretiennent-ils aux données issues de l'archéologie, de l'histoire, de l'anthropologie et de la sociologie, et quels présupposés théoriques animent ces explications dont la prétention est nécessairement transdisciplinaire?À travers trois articles, deux entretiens et une note de lecture, ce volume montre comment les enquêtes empiriques complexifient ces explications linéaires et englobantes. Si ces grands récits ont une fonction heuristique pour la recherche, c'est peut-être d'abord négativement, parce qu'ils obligent les chercheurs à retravailler et à préciser leurs catégories d'analyse et leurs cadres théoriques. En mêlant les approches de l'archéologie, de l'anthropologie, de l'histoire, de la sociologie et de la philosophie, ce numéro de Tracés aide à appréhender ce que signifie, pour notre temps, " l'origine des inégalités ".