En mars 1728 est lancé à Paris un curieux journal anonyme, seulement intitulé La Spectatrice. L'auteur affirme d'emblée sa volonté d'écrire un " spectateur ": par ce terme, on désigne à l'époque les centaines de périodiques imités du Spectator, journal anglais qui connaît un succès inédit dans toute l'Europe.Pourtant, La Spectatrice est bien plus qu'une simple imitation. Il s'agit bien d'un " spectateur ", mais au féminin, puisque ce journal est censé être rédigé par une femme restée célibataire. Son féminisme provocant lui confère en outre un ton qui n'a guère d'équivalent dans la presse d'Ancien Régime. La modernité de ce périodique vient aussi de la relation ambiguë que l'auteur construit avec son public: elle oscille entre une hostilité farouche et un élan vers l'au ...
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Table de l'édition en volume
A. Lévrier – Postface
Études critiques
Marion Brétéché, Marie-Jeanne L'Héritier, Anne-Marguerite Dunoyer et La Spectatrice : généalogie d'une prise de parole féminine dans la presse francophone (France-Provinces-Unies, 1703-1729) ; Amélie Junqua – Du Spectator à La Spectatrice : les fascinants dédoublements du modèle spectatorial : Claire Boulard-Jouslin – De l'Hermaphrodite à la coquette : histoire des Spectatrices française et anglaise au XVIIIe siècle ; Élise Revon-Rivière – De la Spectatrice à Javotte : enquête sur d'improbables promeneuses (avec quelques détours par Jean-Jacques Rousseau).
A. Lévrier – Bibliographie générale
En mars 1728 est lancé à Paris un curieux journal anonyme, seulement intitulé La Spectatrice. L'auteur affirme d'emblée sa volonté d'écrire un " spectateur ": par ce terme, on désigne à l'époque les centaines de périodiques imités du Spectator, journal anglais qui connaît un succès inédit dans toute l'Europe.Pourtant, La Spectatrice est bien plus qu'une simple imitation. Il s'agit bien d'un " spectateur ", mais au féminin, puisque ce journal est censé être rédigé par une femme restée célibataire. Son féminisme provocant lui confère en outre un ton qui n'a guère d'équivalent dans la presse d'Ancien Régime. La modernité de ce périodique vient aussi de la relation ambiguë que l'auteur construit avec son public: elle oscille entre une hostilité farouche et un élan vers l'autre de plus en plus désespéré.En réunissant les quinze numéros parus sous ce titre en 1728 et 1729, ce volume propose la première édition de La Spectatrice depuis 1730. Mais la radicale étrangeté de ce journal tient aussi à son destin inattendu. Malgré l'absence de réédition, ce périodique a été salué au XVIIIe siècle par d'illustres commentateurs. Et il a même été plagié à la veille de la Révolution, à une époque où la plupart des " spectateurs " étaient déjà retombés dans l'oubli.Ont contribué à ce volume:Claire BOULARD-JOUSLIN, maître de conférences en civilisation britannique à l'Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle. Ses travaux portent notamment sur la presse féminine et sur l'essai périodique anglais au XVIIIe siècle.Marion BRÉTÉCHÉ, agrégée d'histoire et docteur en histoire. Ses recherches portent sur le statut d'auteur en Hollande à la fin du XVIIe siècle et sur les pratiques d'écriture et de publication de l'information politique.Amélie JUNQUA, maître de conférences à l'Université d'Amiens. Après avoir consacré sa thèse à la question du langage dans les journaux de Joseph Addison, elle travaille notamment sur la presse périodique anglaise du XVIIIe siècle.Alexis LÉVRIER, maître de conférences en littérature française du XVIIIe siècle à l'Université de Reims Champagne-Ardenne. Après avoir soutenu une thèse sur le journalisme d'expression individuelle au XVIIIe siècle, il a consacré plusieurs ouvrages à l'histoire de la presse ancienne.Élise REVON RIVIÈRE, ancienne élève de l'ENS, agrégée de lettres modernes. Sa thèse porte sur les textes de Promenades publiés entre XVIe et XVIIIe siècles.