Qu'on la définisse comme la science des signes ou comme la discipline qui a le sens pour objet, la sémiotique souffre d'un discrédit : elle ne s'intéresserait qu'aux énoncés et à leur mode de fonctionnement interne. Il est vrai que, dès les origines, elle a suivi l'exemple de la linguistique et volontairement réduit son champ de juridiction ; elle a ainsi érigé une véritable muraille pour séparer les codes d'un côté, le monde et ses acteurs de l'autre. Mais il s'agissait là d'une séparation purement instrumentale, méthodologique et provisoire. Et qui ne saurait faire oublier ceci : que le sens vient du commerce avec le monde, et qu'il a un impact sur le monde. La sémiotique a mûri : elle a retrouvé le chemin du monde. Elle sait aujourd'hui voir que le sens émerge de l'e ...
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Sémir Badir et Jean-Marie Klinkenberg – Présentation
Jacques Fontanille – La dimension rhétorique du discours : les valeurs en jeu Jean-Marie Klinkenberg – Le rhétorique dans le sémiotique : la composante créative du rythme Tiziana Migliore – Face à l'éloquence de l'image. Eléments pour une confrontation féconde entre rhétorique et sémiotique François Rastier – Rhétorique et interprétation des figures Göran Sonesson – La rhétorique de la perception. Recherche de méthode Fulvio Vaglio – La retraite de la rhétorique ? Degré zéro, mécanismes rhétoriques et production du sens dans le langage visuel Herman Parret – La rhétorique de l'image : quand Albert rencontre le groupe µ Jan Baetens – Sémiotique versus rhétorique Sémir Badir – En altérant la rhétorique Nicole Pignier – Rhétorique mutimodale. Essai de définition Inna Merkoulova – Pour une rhétorique de la graphie dans les messages artistiques Marc Bonhomme - Peut-on parler de métonymie iconique ? Agnès D'Izzia – Image rhétorisée des corps sexués sur papier glacé Odile Le Guern – Trompe l'œil et piège visuel. Pour une rhétorique de l'accommodation du regard Nicolas Meeus, Jean-Pierre Bartoli – Sémiologie et rhétorique du discours musical
Qu'on la définisse comme la science des signes ou comme la discipline qui a le sens pour objet, la sémiotique souffre d'un discrédit : elle ne s'intéresserait qu'aux énoncés et à leur mode de fonctionnement interne. Il est vrai que, dès les origines, elle a suivi l'exemple de la linguistique et volontairement réduit son champ de juridiction ; elle a ainsi érigé une véritable muraille pour séparer les codes d'un côté, le monde et ses acteurs de l'autre. Mais il s'agissait là d'une séparation purement instrumentale, méthodologique et provisoire. Et qui ne saurait faire oublier ceci : que le sens vient du commerce avec le monde, et qu'il a un impact sur le monde. La sémiotique a mûri : elle a retrouvé le chemin du monde. Elle sait aujourd'hui voir que le sens émerge de l'expérience. Et qu'il oriente aussi l'action. Se réorientant vers le savoir et le faire, la sémiotique rencontre la rhétorique. Une discipline qui, depuis l'antiquité, étudie comment le sens se met en scène dans des discours sociaux Ou plutôt la sémiotique retrouve la rhétorique. Car, dès les années 60, Barthes avait pointé la modernité de cette discipline réputée poussiéreuse. Et dès cette époque certaines équipes de chercheurs, comme le Groupe µ, avaient introduit des préoccupations esthétiques, socio-communicationnelles et cognitives dans une théorie sémiotique qui, jusque là, était restée surtout formelle. Plus de trente ans après Rhétorique de l'image et Rhétorique générale, sans doute est-il temps d'examiner en quoi sémiotique et rhétorique ont partie nécessairement liée, et de célébrer à nouveau leurs noces.