Dans une cité industrielle et marchande comme la Florence à la Renaissance, les hommes, jusque dans les milieux de l'artisanat, savaient tenir une comptabilité, sommaire ou sophistiquée. Beaucoup ne lâchaient pas la plume en rentrant chez eux, ce qui n'était pas sans conséquence: on montre ici le rapport étroit que les écrits domestiques entretenaient avec les techniques comptables des milieux d'affaires. Même des femmes, dans les familles les plus aisées, étaient capables de déployer des aptitudes à l'écriture et à la comptabilité si elles devaient gérer les biens de la famille et en rendre compte dans leur correspondance.Veiller aux intérêts du groupe familial en enregistrant tout ce qui pouvait maintenir son statut dans la cité, tel était le but de ces écrits privés. ...
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Introduction. Les livres de famille florentins, entre comptes et mémoire
Partie I. Au ras de l'écriture : manières de compter et de raconter Chapitre premier. Écrits de notable, écrits d'homme du peuple Chapitre 2. Du pinceau à l'écritoire, les ricordanze d'un peintre florentin? Partie II. La mémoire et l'écriture des femmes Chapitre 3. Les généalogistes de famille dans les élites de Florence Chapitre 4. La mémoire des femmes Chapitre 5. Épistolières florentines des XIV-XVe siècles Partie III. L'honneur se joue dans l'écriture Chapitre 6. Taire le conflit, justifier son honneur Chapitre 7. L'honneur des familles Conclusion
Dans une cité industrielle et marchande comme la Florence à la Renaissance, les hommes, jusque dans les milieux de l'artisanat, savaient tenir une comptabilité, sommaire ou sophistiquée. Beaucoup ne lâchaient pas la plume en rentrant chez eux, ce qui n'était pas sans conséquence: on montre ici le rapport étroit que les écrits domestiques entretenaient avec les techniques comptables des milieux d'affaires. Même des femmes, dans les familles les plus aisées, étaient capables de déployer des aptitudes à l'écriture et à la comptabilité si elles devaient gérer les biens de la famille et en rendre compte dans leur correspondance.Veiller aux intérêts du groupe familial en enregistrant tout ce qui pouvait maintenir son statut dans la cité, tel était le but de ces écrits privés. La comparaison entre ceux d'une famille de notables florentins et d'un homme du peuple bolonais souligne le caractère indissociable des notions de profit et d'honneur dont leurs livres domestiques assuraient la défense. Les blessures entachant cet honneur et la réparation qui leur était cherchée par l'écrit différaient d'un milieu à l'autre mais révèlent une des fonctions premières de l'écriture privée: garantir l'honorabilité de l'individu et des familles.