Comment comprendre les rapports complexes et souvent tendus entre institutions et dispositifs qui s'instaurent dans la mise en œuvre de l'action publique? Cet ouvrage en éclaire les raisons et les processus en examinant les recompositions en cours des champs de l'éducation et de l'intervention sociale. Depuis plusieurs décennies, des incertitudes apparaissent en effet quant à la légitimité des institutions; elles se traduisent même, dans certains secteurs, par une volonté affichée de " désinstitutionnaliser " les prises en charge. Ce mouvement est jalonné par des controverses tant académiques que gestionnaires: pour les uns, les institutions sont considérées comme des instruments de cohésion sociale, pour d'autres comme des espaces de contraintes, voire des sources de violence ou d'abus. Parallèlement, la notion de dispositif, sans réellement être définie, connaît un développement exceptionnel, dans les milieux politiques, administratifs aussi bien que professionnels. Concrètement, ce phénomène se traduit par une prolifération d'organismes éponymes relevant de montages hybrides, temporaires et généralement valorisés pour leur caractère innovant. Entre la mise en cause des institutions et l'affluence de dispositifs, comment s'y retrouver? La vogue des dispositifs correspond-elle à un redéploiement, à un réajustement, ou à un renouvellement des institutions? Ou bien s'agit-il d'une sorte de phagocytage? Dans ce livre, différentes disciplines sont mobilisées pour comprendre ce qui se cache sous les mots et offrir au lecteur une analyse intersectorielle des tensions entre dispositifs et institutions: heurts de logiques politiques, confrontations de valeurs et de normes auprès des publics, déplacements et réaménagements des cadres de la connaissance...