Cet ouvrage a pour ambition de s'interroger sur la pertinence du lien utopies et histoire à partir de l'exemple canadien ; en effet, la discipline historique, partant des faits, peut apparaître – mais c'est à tort – comme plus étrangère à la compréhension des utopies. Celles-ci peuvent être réaction à un réel que l'on récuse comme le faisaient les fouriéristes rêvant d'une société égalitaire alors qu'ils vivaient dans une société qui ne l'était pas ; les utopies peuvent être aussi projection dans un avenir incertain ou repli sur soi comme le furent les phalanstères fermés sur eux-mêmes. La vision du Canada proposée aux candidats à l'immigration, parce qu'elle a été souvent très éloignée des réalités à affronter, fait de ce pays un laboratoire privilégié de l'étude des u ...
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Utopies et histoire de la terre d'abondance Corinne Marache — Vanter la terre d'abondance. L'instrumentalisation des richesses naturelles dans les brochures faisant la promotion du Canada fin XIXe-début XXe siècle Pierre-Yves Mocquais — Quand un discours en cache un autre. La fondation des colonies de Saint-Hubert et de Saint-Brieux dans les districts canadiens de l'Assiniboine et de la Saskatchewan entre 1885 et 1905 Hélène Harter — The Last Best West ou comment promouvoir un Ouest utopique pendant les années Laurier Pierre Guillaume — ALENA : une nord-américanité en gestation ou en devenir ?
Utopies et histoire d'un modèle démocratique Bernard Lachaise — Les gaullistes et l'indépendance du Québec : une utopie ? Sylvie Guillaume — Les références étrangères dans les utopies des nationalistes québécois, années 1920-années 1960 Gwénaël Lamarque — Le bilinguisme au Canada : utopie ou réalité à travers l'exemple des Acadiens dans les Provinces Maritimes
Utopies et évolution des modes de vie Jean-Pierre Augustin — Pratiques culturelles et espaces publics à Montréal Julie Tisserron — Représentations et utopies au service des campagnes de nettoyage et d'embellissement montréalaises de 1911 à 1965
Conclusion par Pierre Guillaume
Cet ouvrage a pour ambition de s'interroger sur la pertinence du lien utopies et histoire à partir de l'exemple canadien ; en effet, la discipline historique, partant des faits, peut apparaître – mais c'est à tort – comme plus étrangère à la compréhension des utopies. Celles-ci peuvent être réaction à un réel que l'on récuse comme le faisaient les fouriéristes rêvant d'une société égalitaire alors qu'ils vivaient dans une société qui ne l'était pas ; les utopies peuvent être aussi projection dans un avenir incertain ou repli sur soi comme le furent les phalanstères fermés sur eux-mêmes. La vision du Canada proposée aux candidats à l'immigration, parce qu'elle a été souvent très éloignée des réalités à affronter, fait de ce pays un laboratoire privilégié de l'étude des utopies à travers son histoire. Il a été perçu comme une immensité vierge aux richesses multiples et largement accessibles. Ignorant les famines si meurtrières en Europe, il fut vécu comme une terre d'abondance. Dans ce vaste espace à conquérir, les différentes populations pionnières purent croire trouver une terre de tolérance. La société canadienne largement fondée sur la négation des hiérarchies européennes peut être perçue comme éman-cipatrice de l'individu. Ces mythes se sont-ils concrétisés dans l'histoire du Canada ? L'Amérique du nord, qui ne s'est ouverte qu'au XVIe siècle et dont la découverte a révélé les immenses richesses, a été par là même terre d'utopies où tout semblait possible. Ce livre à dominante historique propose d'analyser sur le long terme (XIXe-XXIe siècles) en quoi le Canada a toujours été porteur d'utopies et comment celles-ci ont pu évoluer à travers l'histoire à partir de trois thèmes privilégiés : la terre d'abondance, le modèle démocratique et les modes de vie.