Berlin, 1928. Dans le quartier tranquille de Zehlendorf, deux cités d'habitation sortent de terre, dans un face-à-face hostile. D'un côté, la plastique cubiste de l'avant-garde, de l'autre, les tuiles de la tradition revisitée par le régionalisme. Cette confrontation de formes déclenche la " guerre du toit ", qui divise le milieu architectural si fécond de l'Allemagne de l'entre-deux-guerres.Replaçant cet épisode célèbre, mais jamais étudié, dans le contexte de l'ambitieuse politique du logement menée par la république de Weimar, le livre compare les deux sociétés de construction impliquées, la conservatrice Gagfah et la progressiste Gehag, et présente leurs destinataires, à savoir le groupe social des employés. Évoquant les convictions partagées par les maîtres d'ouvrage et les maîtres d'oeuvre sur la cité-jardin, la standardisation et la nécessaire éducation des habitants, l'étude pose en des termes nouveaux la question de la fracture entre modernisme et traditionalisme, liée à des enjeux symboliques et recoupant l'antagonisme entre Kultur et Zivilisation. Grâce à des sources inédites, l'ouvrage propose de nouvelles hypothèses sur ce moment crucial où le renouvellement de la culture architecturale, engagé au début du siècle, rencontre l'émergence de la société de masse avec ses nouvelles exigences en matière d'habitat. Il vient aussi combler une considérable lacune historiographique des études françaises sur l'architecture et sur l'Allemagne.