Le Mésolithique en Basse-Normandie, période obscure pour beaucoup, est méconnu car représenté par des vestiges souvent limités à des silex taillés de petite taille. Pour autant, les 5 000 années qu'il a duré, qui se placent dans la période de réchauffement après la dernière glaciation et jouissent d'un climat sensiblement identique au nôtre, correspondent à une véritable révolution pour les communautés humaines jusqu'alors peu nombreuses et dispersées sur de très vastes territoires. Les changements fondamentaux dans la faune et la flore, le retour de la sylve et la multiplication des animaux de climat tempéré, cerfs, chevreuils, sangliers et aurochs imposent aux hommes des méthodes de chasse nouvelles et leur permettent une alimentation végétale diversifiée. Cette mise en place du décor naturel et de son évolution est traitée en introduction. Elle est complétée par une mise au point sur le décor culturel, recensant la méthode et les caractéristiques typologiques et cartographiques du mobilier lithique, méthode de production et déclinaison de tous les types d'outils recensés, s'appuyant sur des travaux antérieurs en les complétant. Dans une seconde partie l'ouvrage présente une étude de l'outillage lithique associé aux populations qui ont occupé la Normandie durant cette période, entre 10 000 et 5 000 avant notre ère. Cet inventaire presque exhaustif pour la région est organisé comme un catalogue par site, conçu comme un outil de travail alimentant la recension des données. La dernière partie réalise la synthèse des données en comparant les assemblages à ceux des régions du quart nord-ouest de la France. Les essais de cartographie culturelle qui en résultent, même s'ils sont discutables d'un point de vue anthropologique, restent indispensables pour essayer de déterminer les affinités entre sites puis entre groupes. Certains effets de répartition très nets permettent ainsi d'évoquer des rapports entre le Cotentin et l'Angleterre mais également de mettre en évidence des frontières, comme celle que constitue la Seine/Marne, ou encore des influences méridionales sur les assemblages de la fin du Mésolithique. Le tableau final est celui d'un monde contrasté, partagé entre unités macro et/ou micro-régionales. L'irruption des populations néolithiques à la fin du VIe millénaire viendra bouleverser ce tableau et effacer totalement les traces matérielles de ces sociétés mésolithiques.