Mireille Cifali est l'une des grandes figures des sciences de l'éducation. Elle a consacré l'entièreté de sa carrière universitaire aux "métiers de l'humain". Son travail de recherche s'attache à définir une approche clinique en sciences de l'éducation. Historienne et psychanalyste, Mireille Cifali a occupé plusieurs fonctions au sein de la section des sciences de l'éducation de l'université de Genève, en Suisse. En tant qu'historienne, ses recherches furent d'abord de saisir comment des pédagogues se préoccupent de psychanalyse, cela dès le début du XXe siècle. Avec Daniel Hameline, elle a créé les Archives Institut Jean-Jacques Rousseau en 1984. Son goût pour le littéraire et son lien avec la construction des connaissances l'ont amenée à interroger les processus d'écriture de l'expérience. Depuis sa retraite, Mireille Cifali nous offre la poursuite de ses écrits, recueille des images, les assemble et pense les liens entre processus cliniques et processus de création.Le présent ouvrage paraît en hommage à la carrière et aux travaux de Mireille Cifali.
Les questions que Hans Jonas formulait à la fin du XXe siècle sont devenues d'une actualité brûlante: Quelle Terre allons-nous laisser à nos enfants? Qu'adviendra-t-il de l'humanité comme telle? L'éducation a-t-elle encore un sens dans un tel contexte? L'originalité de ce travail, issu de l'équipe "Questions socialement vives" du Centre de recherche en éducation de Nantes (CREN), est de chercher des réponses chez des intellectuels contemporains connus (Giorgio Agamben, Ulrich Beck, Umberto Eco, René Girard, André Gorz, Hans Jonas, Bruno Latour, Hartmut Rosa, Umberto Eco), ou moins connus (Alexandre Grothendieck, Katsuhiro Otomo, Kyle Harper, Xi Jinping, Frédérique Aït-Touati…). Beaucoup de ces auteurs sont des lanceurs d'alerte qui osent dire, ce que personne ne veut entendre. L'ouvrage se termine sur un entretien avec Edgar Morin.
Jusqu'au dernier tiers du XXe siècle, des formes d'autorité traditionnelles ont pu perdurer, en particulier en éducation, alors que le monde se modernisait à grand pas. Mais il semble vain, en ce début de XXIe siècle en Occident, de continuer à exercer et concevoir l'autorité comme jadis ainsi que de vouloir se passer d'une forme d'influence consentie sans contrainte dans les relations sociales. Ce livre propose donc une théorie générale de l'autorité à l'aune de l' "avènement de la démocratie" qui, - Tocqueville nous l'avait appris - est un mode global d'être-ensemble et d'être soi, bien plus qu'un simple régime politique. Comment conjuguer harmonieusement autorité, autonomie et individualisme démocratique?
L'héritage d'Émile Durkheim pour penser l'éducation est-il, cent ans après, pertinent, actuel et fécond? Telle est la question à laquelle s'efforce de répondre ce volume.L'histoire de l'éducation dans ses médiations muséales, la philosophie, les sciences, la sociologie, et l'anthropologie concourent ici à montrer le cheminement d'un auteur, la portée d'une œuvre à laquelle la question de l'éducation donne unité et cohérence sans faille. On y questionne la vie et les textes d'un penseur que tous croient connaître, mais qui reste largement méconnu, en interrogent aussi la réception de son œuvre, avec ses ruptures, ses controverses et ses renouvellements. Le volume épouse le mouvement chronologique du cheminement heuristique de Durkheim dans sa traversée des domaines disciplinaires.L'ouvrage est hautement recommandé aux enseignants, aux étudiants et aux chercheurs en sciences humaines et sociales.
S'intéresser à la vie scolaire dans les établissements du second degré, c'est enquêter sur les schèmes qui la sous-tendent et questionner le type d'éducation que l'on souhaite pour les générations présentes et à venir. L'originalité de cet ouvrage est d'étudier la vie scolaire comme un espace singulier, ni vraiment dans la classe ni tout à fait en dehors des apprentissages curriculaires, comme une hétérotopie concrète au sens de Foucault, questionnant la forme scolaire et la formation du citoyen.En quoi la vie scolaire, souvent considérée comme marginale, peut-elle constituer un espace éducatif formateur entre socialisation et émancipation? Dans quelle mesure dessine-t-elle une conception nouvelle de l'adolescent et de l'école? Comment les idées et les valeurs portées par les surveillants généraux puis par les conseillers principaux d'éducation contribuent-elles à fonder la vie scolaire et à en dessiner les multiples figures dans une école ouverte à tous?Cette étude socio-historique de la construction de la vie scolaire prend appui sur une revue professionnelle du domaine diffusée de 1960 à 2016. Elle ouvre un questionnement philosophique sur l'école d'aujourd'hui, le partage qui s'y opère entre instruction et éducation et ses possibilités d'émancipation. Au moment où se dessine une nouvelle réforme des lycées, cette réflexion est plus que jamais d'actualité.
Politiquement, la question des frontières s'inscrit dans un monde marqué à la fois par les migrations et les replis protectionnistes. Elle intervient également dans la détermination plus ou moins problématique des régions ou des étapes, réelles ou symboliques de l'espace-temps éducatif.La frontière ordonne le chaos, délimite des territoires géographiques ou symboliques. Loin d'être un mur, c'est plutôt une porte ou une peau qui régule les passages et les échanges d'informations, de marchandises, de populations. Du point de vue éducatif, les frontières définissent des seuils, des paliers, voire des points de non-retour. Enfin, instaurer une frontière suppose d'articuler l'horizontalité d'un tracé, sur la carte ou le territoire, et la verticalité d'un fondement, politique, religieux, scientifique, culturel. Il n'est de frontière qu'instituée, voire sacralisée.Issu d'un colloque de la Société francophone de la philosophie de l'éducation (SOFPHIED) le présent ouvrage revient sur les lignes de partage qui travaillent les institutions, les pratiques et les discours éducatifs et sur la manière dont celles-ci s'affirment, se déplacent ou se défont. Il explore le cosmopolitisme éducatif, ses attendus et ses conditions de possibilité. Il questionne la normativité inhérente au schème de la frontière en éducation. Il étudie le dynamisme de la frontière comme moment de rupture, de crise, de dépassement, dans le processus de formation de soi.
À partir de l'analyse de contes merveilleux, ce livre propose une réflexion sur l'attention et le care. L'attention est sollicitée par le merveilleux, et par l'importance donnée, dans ces récits, aux détails. La construction de la pensée et de la mémoire sont en jeu dans cette expérience. Sur ce fond, des repères éducatifs sont proposés: faire de la place, passer par la médiation de la fiction, faire l'expérience d'une certaine solitude.
Jean Zay et l'expérience des classes d'orientation, 1937-1939
Comment l'école évolue-t-elle, et quels sont les facteurs qui contribuent à sa transformation ? À première vue, les réformes scolaires apparaissent comme de puissants outils de changement. Mais qu'en est-il réellement ? Comment les idées et valeurs sont-elles portées par les groupes de pensée et d'action que sont les syndicats, les organisations politiques, les mouvements pédagogiques, les associations de parents ou certaines personnalités de référence ? Comment ces idées et valeurs se transforment-elles au contact de la réalité des mises en projet, et comment ces projets deviennent-ils réformes ? Comment se construisent des alliances de circonstance au gré des rencontres et des convergences partielles d'idées, fondant des mouvements d'opposition ou d'adhésion aux réformes ?C'est à l'ensemble de ces questions que cet ouvrage se propose de répondre en s'intéressant précisément à une réforme particulière, celle des classes d'orientation portée par le ministre de l'Éducation nationale Jean Zay, entre 1937 et 1939.Le livre propose une étude systématique inédite de l'expérience des classes d'orientation qui ont été, malgré leur échec apparent, porteuses de promesses de rénovation pédagogique ayant influencé les réformes ultérieures, et au-delà une réflexion synthétique, et à portée modélisatrice, sur le processus conduisant à la réforme et au changement scolaire.
L'actualité semble mettre en cause les pronostics d'un déclin du religieux. Comprendre les phénomènes de permanence, voire de " retours " multiformes de ce type de croyance, exige un recul historique. Or de nombreux philosophes et sociologues, à la charnière du XIXe et du XXe siècle, se sont efforcés de penser les soubresauts idéologiques d'une sécularisation de la société. C'est le cas en Europe de Comte, Barni, Buisson, Durkheim, Guyau, Quinet, Renan ou Weber, mais également de Dewey aux États-Unis, de Tolstoï en Russie ou de Kang Youwei en Chine.Toutes ces doctrines ont comme point commun de tenter d'arracher le religieux aux religions traditionnelles pour le réinterpréter dans un sens humaniste. Comment ces penseurs peuvent-ils éviter les dérives opposées du moralisme et du relativisme ? Et comment – eux qui se soucient d'éducation, à des titres divers – peuvent-ils concevoir d'éduquer sans absolu, du moins sans l'absolu des religions?Ces penseurs ont quelque chose à nous dire aujourd'hui pour définir ou redéfinir notre rapport philosophique, politique ou éducatif aux religions et au religieux.
L'entrée dans le XXIe siècle a recentré le système éducatif français sur des préoccupations éthiques. Le contexte contraint en effet l'école à se poser certaines questions allant de l'éthique professionnelle à l'éducation morale des élèves.Le philosophe Eirick Prairat fut l'un des premiers à nous alerter sur la nécessaire actualité de ces interrogations. De l'évolution des pratiques réglementaires de sanction à la reprise du chantier sur l'autorité éducative, Prairat s'est trouvé au cœur des grands enjeux qui agitent la réflexion sur l'école de la République.C'est avec le prestige que lui confère son titre de membre de l'Institut universitaire de France qu'il s'adresse aux acteurs de l'enseignement depuis plusieurs années. Cet ouvrage présente une étude des thèses principales de Prairat, par ceux qui le lisent. Une série de chapitres répartis en quatre grandes parties thématiques sont ici regroupés, afin d'accompagner ceux qui souhaitent entrer dans une philosophie qui entend se confronter aux questions vives.
Si la tradition philosophique ne distingue pas l'éthique de la morale, les questions inhérentes aux conduites à tenir interpellent encore et toujours les acteurs de l'éducation, de la formation et de la recherche. " Agir de façon éthique et responsable " implique de réfléchir non seulement au questionnement éthique en général, mais aussi à la nature et aux modalités de l'engagement des acteurs.Qu'en est-il du respect de la personne dans le cadre de la pratique d'autrui? Quelles sont les limites de la sollicitude de l'agent, enseignant ou soignant? Suffit-il de prendre en charge pour aider? Comment conjuguer une nécessaire pratique de soi, propre à l'engagement éthique, avec les pressions institutionnelles ou managériales? Qu'en est-il de la vulnérabilité du chercheur?, etc. Autant de questions que cet ouvrage s'efforce d'expliciter et auxquelles il tente d'apporter des réponses, à la fois théoriques et pragmatiques.
La vie des groupes, des familles, des institutions est traversée de tensions issues des conflits intrapsychiques de l'humain. Ces conflits produisent des symptômes individuels et s'inscrivent dans l'histoire des groupes. Pris dans les conflits du désir mimétique et de l'interindividualité, le bouc émissaire peut devenir victime émissaire.Cet ouvrage décrypte les processus de formation du bouc émissaire dans les familles et les lieux de travail. Quatre formes prototypiques sont repérées. La violence dans les situations de bouc émissaire se manifeste sous la forme de maltraitance, d'abus sexuel, d'exclusion, d'intimidation et de vulnérabilité.L'auteur présente une modélisation des dynamiques du bouc émissaire qui permettent d'envisager différentes interventions pour éviter ou traiter ces violences.Le silence et le déni peuvent être évités, ainsi que le basculement vers la victime émissaire. Des dispositifs opérationnels sont proposés afin de prendre en compte les inévitables conflits à l'intérieur des groupes et d'anticiper leurs dérèglements destructeurs. Cet ouvrage propose également aux cliniciens des cadres et des stratégies d'intervention, de régulation, de médiation et d'accompagnement psychologique des victimes et du groupe.