Cet ouvrage fait suite à celui qui fut produit par le séminaire Normes & Valeurs en 2019: Les valeurs en éducation. C'est effectivement l'une des particularités de notre collectif qui s'inscrit pleinement, et de longue date, dans la discipline des sciences de l'éducation en cherchant à faire dialoguer la philosophie de l'éducation, l'histoire de l'éducation, la pédagogie et la didactique. La question de l'hospitalité éducative a été travaillée au sein de notre équipe de recherche sur la base d'une conférence introductive prononcée par Eirick Prairat, à partir de laquelle plusieurs membres de l'équipe Normes & Valeurs (?LISEC ER 2310?), enseignants-chercheurs (?titulaires ou associés?), jeunes docteurs et doctorants ont pu réfléchir sur leur propre objet. Dans notre livre, nous avons réparti ces contributions dans trois ensembles distincts: travail conceptuel, études historiques et études pédagogiques. Nos contemporains auront peut-être plus besoin de la philosophie, de l'histoire et de la pédagogie qu'ils ne le pensaient. Il serait grand temps de méditer sur ce qu'accueillir peut vouloir dire d'un point de vue pratique et de repenser aux expériences éducatives réellement hospitalières.
" Pourquoi s'intéresse-t-on encore autant à Freinet aujourd'hui? L'influence toujours vive de ce grand pédagogue ne cesse de nous interroger. La publication de la présente recherche va modifier en profondeur notre compréhension de cette pédagogie car elle en restitue toute la force et la complexité par un travail généalogique d'une ampleur inégalée.En mobilisant des documents inédits et des sources sous-estimées, cet imposant travail (deux volumes), aux frontières de l'histoire et de la philosophie, nous fait comprendre les traces d'une expérience collective toujours sous nos yeux mais dont la signification a souvent été altérée par des commentaires un peu trop convenus. Il nous est aujourd'hui possible grâce à cette admirable enquête, adossée à des documents originaux, de découvrir des pans méconnus de l'œuvre d'Élise et Célestin Freinet.La publication de ce bel ouvrage va assurément contribuer au renouveau des recherches sur le travail et l'expérience "des" Freinet. C'est donc avec joie et intérêt que j'accueille, dans la collection "Questions d'éducation et de formation", ce regard jeté sur une œuvre qui constitue un patrimoine culturel exceptionnel, regard qui nous conduit dans un même élan à questionner nos conceptions actuelles de l'école. "Eirick PrairatUniversité de LorraineInstitut universitaire de France
La bienveillance soulève actuellement un engouement dont l'évidence mérite un éclairage porté par un souci d'objectivation. Cet ouvrage met en relief l'émergence de la notion dans la société puis dans le champ de l'éducation et dans le cadre de l'École. Il montre l'appel fait à la bienveillance au sein du système scolaire, et il interroge le sens de cet appel. Il conduit au constat du manque de conceptualisation de la notion, ce qui rend complexe son opérationnalisation tant au niveau de l'institution que sur le plan des pratiques au sein des établissements scolaires. Une clarification de la notion de bienveillance est alors proposée en l'inscrivant dans le champ de la philosophie, et plus précisément de l'éthique. Cette caractérisation est ensuite spécifiée au contexte de l'École française, et plus particulièrement aux pratiques du personnel enseignant. Prenant appui sur une recherche exploratoire, le propos vise ensuite à permettre de caractériser les pratiques de bienveillance du personnel enseignant et à mettre en relief ce que celles-ci requièrent à l'échelle de la classe, de l'établissement, et de l'École. Du constat de la mollesse de la notion à sa caractérisation, il conduit à mettre en évidence les modalités de bienveillance déployées dans les pratiques ainsi que les changements importants reliés à l'actualisation de la bienveillance à l'École.
Cet ouvrage est issu d'un travail coopératif mené au sein de l'équipe " Normes et Valeurs " du Laboratoire Interuniversitaire de sciences de l'éducation et de la communication (EA 2310), qui a donné lieu à un séminaire initialement animé par Henri Louis Go. Cette aventure s'inscrit dans le prolongement de plusieurs publications, elles-mêmes issues du séminaire permanent de l'équipe: L'autorité éducative (Prairat, 2011), Dewey, penseur de l'éducation (Go, 2013), À l'école de Foucault (Prairat, 2014), Normes pour apprendre (Go, 2015). Dans la continuité de nos réflexions sur les normes, le séminaire fut ensuite consacré, au sein de l'équipe, à la question des valeurs en éducation. Ce séminaire, qui s'est déroulé à Nancy et à Mulhouse, a regroupé des enseignants-chercheurs titulaires, des chercheurs associés et des doctorants dans le prolongement d'une présentation inaugurale de Jean-Michel Barreau intitulée " qu'est-ce qui vaut d'être conservé? ". L'élaboration de cet ouvrage collectif a été dirigé par Jean-Michel Barreau et Xavier Riondet.Si le titre choisi pour cet ouvrage collectif est simple (Les valeurs en éducation), le sous-titre du livre traduit la volonté dans ce collectif de penser ce qui est en jeu dans les institutions: une mission de transmission de valeurs, et ce faisant une responsabilité dans la conservation de certaines d'entre elles, autant que dans une nécessaire attention aux valeurs de novation. Après une synthèse d'Eirick Prairat au sujet des controverses philosophiques et des grands débats éducatifs sur la question des valeurs, l'ouvrage en présence aborde la question des valeurs en éducation à partir de quatre interrogations fondamentales. Qu'est-ce qui vaut d'être conservé? Que veut dire transmettre les valeurs? Comment les valeurs traversent-elles les institutions? Quels horizons valoriser en éducation? C'est à partir de ces amorces que les dix-sept contributeurs issus de l'équipe " Normes et Valeurs " ont voulu apporter leur pierre à l'édifice des réflexions sur les valeurs dans le champ de l'éducation.
Les chercheurs en sciences de l'éducation produisent des connaissances sur ce vaste domaine qu'est l'éducation. Ils sont de ce fait engagés dans des projets de transformation de l'Ecole et plus largement de la société. Or ces projets peuvent être porteurs de transformations très différentes et pénétrer dans l'espace public selon des modalités qui, elles aussi, peuvent être très différentes. Certains chercheurs contribuent à la construction des politiques éducatives. Ils deviennent ainsi des experts. D'autres, au contraire, font le choix de critiquer les pouvoirs établis, d'interpeller les citoyens, en rappelant la nécessité de ne pas perdre de vue nos idéaux. Ils se transforment en intellectuels. Dans tous les cas, ces deux figures que sont l'expert et l'intellectuel tiennent des propos qui font autorité et pèseront sans aucun doute sur le devenir de l'Ecole et de la société. Il convient alors de mettre en lumière ce qui les distingue, ainsi que de faire émerger quelques-unes des conséquences et des effets collatéraux de leurs engagements.
S'il est bien une constante qui guide les réactions de la société française d'aujourd'hui envers son école c'est l'angoisse d'une double perte: celle de valeurs qui seraient susceptibles de servir de socle a la définition de finalités éducatives, et celle de la possibilité de transmettre effectivement ces valeurs, de s'en servir pour éduquer et faire vivre au quotidien les établissements scolaires. On trouve des manifestations de ces craintes dans les appels récurrents à lutter contre le relativisme, par exemple en brandissant l'urgence de la défense de la supériorité des valeurs républicaines.Cette manière de voir les choses, si elle présente l'avantage de créer des consensus de façade ne va pas sans poser de redoutables questions. Parmi celles-ci, on trouve le paradoxe qu'il y a à vouloir transmettre des valeurs qui s'organisent autour de la raison, de la notion de libre arbitre, tout en les posant comme intangibles. L'un des effets de cette situation est le rétrécissement de la pensée éthique éducative autour d'une morale scolaire de sens commun qui prétend pouvoir penser les prises en charge éducative à partir de la croyance en un monde scolaire juste, croyance pourtant quotidiennement démentie.Ce livre tente d'expliquer pourquoi et comment ces processus se produisent et comment ils peuvent être circonscrits si l'on accepte de mettre à distance la notion de " valeur " qui pourrait bien être plus un problème qu'une solution. En effet, la question est peut-être moins de savoir au nom de quelles valeurs s'organise la prise en charge scolaire que de vérifier que les effets de celle-ci permettent effectivement l'accès aux droits qui constituent les objectifs supérieurs de l'école.
Comme l'a montré Guy Vincent, la forme scolaire, mode particulier de socialisation de l'enfance, est apparue dans les villes aux XVIe-XVIIe siècles. Elle se caractérise par la constitution d'une relation codifiée entre l'enseignant et l'élève et d'un ensemble de règles impersonnelles, l'instauration d'un lieu et d'un temps spécifiques séparés du reste de la vie sociale, une soumission à des savoirs organisés en disciplines scolaires se dégageant du " faire ", et auxquelles sont associés des exercices précis, et une culture écrite permettant de fonder les règles de fonctionnement et les savoirs. Au-delà de cette caractérisation, ce qui est mis en avant, c'est le règne de la règle, montrant en particulier en quoi la forme scolaire est intimement liée à certaines formes de pouvoir.Les années 2005 à 2015 enregistrent une montée spectaculaire du syntagme " forme scolaire " dans le vocabulaire éducationnel, traduisant tout l'intérêt scientifique d'un cadre théorique susceptible d'appréhender tout aussi bien l'unité que la diversité des situations d'enseignement actuel. Cette notion serait-elle " prisonnière de son succès ", pour reprendre un titre à son inventeur, le sociologue Guy Vincent? Et de ce fait banalisée, aseptisée? Des chercheurs, réunis autour d'André D. Robert, essayent de rendre à cette notion son pouvoir heuristique en l'approchant dans une perspective critique, c'est-à-dire en la mettant à l'épreuve de diverses conjonctures, situations et problématiques éducatives, sous la forme de " variations " historiques, philosophiques, sociologiques.Cet ouvrage permet ainsi de faire un bilan des questionnements sur la forme scolaire, et de dresser des perspectives de recherche particulièrement utiles dans un contexte de transformation avérée de ce mode de socialisation.
Ce livre a pour objectif d'explorer les liens, les oppositions et les différentes formes d'articulation qui existent entre les pratiques éducatives et les pratiques de care.Les travaux relatifs au care ont été inaugurés aux Etats-Unis à partir de 1982, avec la parution de l'ouvrage de Carole Gilligan, In a different voice. Ce livre a généré des discussions importantes, en particulier au sein des études féministes. L'éthique du care apparaît comme un courant de pensée susceptible de renouveler la philosophie morale, en insistant en particulier sur certaines dimensions souvent négligées: le fait de prendre soin, le souci des autres, etc.Les traductions et commentaires disponibles en France permettent de comprendre comment les concepts du care s'appliquent aux questions de genre ainsi qu'aux questions de justice. Ils montrent également la façon dont ces concepts peuvent éclairer les pratiques du travail social ou la relation de soin. Mais ils n'ont été que marginalement appliqués à l'éducation. Ce livre est le premier à s'efforcer de combler cette lacune.De façon générale, la volonté de tenir compte des théories du care pour penser l'éducation sous-entend que la construction du sujet ne dépend pas uniquement d'une appartenance institutionnelle et d'une acquisition de connaissances. Elle dépend d'un ensemble complexe de processus communicatifs et d'interactions sociales qui sont souvent passés sous silence: des soins, de l'amour, de la sollicitude, etc. Il ne s'agit pas cependant d'opposer relation de care et visée de l'autonomie, mais plutôt de les articuler en soulignant la productivité des liens, les " bonnes tutelles " qui intériorisées, servent de ressources pour l'agir autonome.La réflexion sur le care dans l'éducation a vocation à montrer les gestes fondamentaux qui souvent invisibles, la rendent possible et humaine.
À l'heure où les politiques éducatives sont prises entre les exigences d'un État qui se veut éducateur et les normes européennes, voire internationales visant l'efficacité et l'équité, il importe d'interroger les attendus qui les sous-tendent, de les questionner sur les finalités qu'elles affichent et sur les stratégies qu'elles déploient. Cet ouvrage entend également réfléchir sur l'importance prise par l'éthique dans les orientations internationales et les institutions, notamment de formation.La réflexion se déploie en trois mouvements. La première partie " Enjeux éthiques des politiques éducatives ", prolonge la réflexion entreprise précédemment sur l'éthique et les valeurs (L'idée de valeur en éducation. Paris, Hermann, 2016). Dans la deuxième, " Regards historiques " il s'agit de mettre en perspective un certain nombre de problèmes éducatifs contemporains (l'État éducateur, le statut de l'enfance, l'autorité…) pour mieux les comprendre. Enfin la troisième partie " Critiques et prospectives " questionne les politiques éducatives à l'aune d'une exigence démocratique.
Le métier d'enseigner est-il en crise? Nombreux sans doute sont ceux qui le pensent. Il y a peu de doute en tout cas que les conditions de ce métier ont perdu leur évidence: quels sont ses buts, ses priorités, ses moyens, ses méthodes? En quoi ce métier est-il affecté par les transformations internes du système scolaire et par les évolutions sociales et politiques ou encore économiques et technologiques? A ces questions, on ne trouvera certes pas ici de réponse méthodique et prétendant à l'exhaustivité. Mais l'ensemble des contributions de cet ouvrage, issues d'un colloque tenu à Lyon en janvier 2015, sous le titre conditions enseignantes, conditions pour enseigner, peut être rattaché à cette dimension problématique qui caractérise aujourd'hui le métier d'enseigner.Ces contributions sont organisées en trois parties. La première porte sur l'enseignement et ses méthodes: elle souligne les compétences et les vertus que la complexité des situations d'enseignement suggère d'ajouter à la maîtrise des savoirs. La seconde porte sur l'autorité: elle explore les conditions de sa légitimité et scrute le détail de son fonctionnement. Elle établit que l'autorité des enseignants ne saurait être pensée de façon isolée. Elle doit l'être en relation avec ce qui la fonde – la loi dont l'enseignant est le représentant – mais aussi avec ceux sur qui elle s'exerce: l'autorité des enseignants n'est légitime qu'à la mesure de la confiance que les élèves leur accordent. La troisième partie explore différentes questions que l'enseignement reçoit de l'extérieur de l'école: ce dehors est celui de l'actualité qui a ramené la laïcité au centre des débats publics; c'est aussi celui de l'égalité entre les hommes et les femmes et de ses conséquences pédagogiques. C'est enfin celui de la transformation du rapport au savoir à l'époque de l'essor de l'internet, du numérique et des banques de données.Les différentes contributions à cet ouvrage sont d'inspiration philosophique. Elles ne le sont sans doute ni au même degré, ni au même sens du terme. Elles sont encore moins l'expression d'une même école de pensée. Mais toutes relient le métier d'enseigner à des enjeux plus généraux, éthiques et politiques. Ce métier n'est jamais saisi ici seulement d'un point de vue seulement pratique ou didactique: il est pris à la fois comme " relation vivante " (E.Prairat) et comme pratique culturelle. Cet ouvrage a l'ambition d'aider le lecteur à comprendre en quel sens la tâche culturelle inhérente au métier d'enseignant est aujourd'hui " tout à la fois plus que jamais nécessaire et plus que jamais incertaine " (A. Kerlan).
Cet ouvrage pionnier propose une étude philosophique de la vie scolaire, cette vie concrète que chacun d'entre nous a vécue de longues années, de la maternelle à la fin de l'enseignement secondaire, et dont il garde des souvenirs généralement marquants, pour le meilleur et pour le pire. Quelle est cette forme de vie? Quels principes et quels modèles président à son organisation et à sa pratique quotidienne?Pour l'auteur il s'agit aujourd'hui de construire une vie scolaire soucieuse du séjour qu'elle offre à ses " résidents ", délibérément tournée vers l'acquisition de capabilités et permettant à chaque élève d'éprouver la force émancipatrice de l'idéal démocratique. Défendre l'idée d'une école habitable, c'est aussi faire la promotion de l'intervention transformatrice de tous les acteurs en vue de la pratique d'une vie scolaire digne d'être vécue.
Histoire et actualité d'une réforme de l'enseignement
Le projet de réforme de l'enseignement connu sous le nom de plan Langevin-Wallon (1947) est resté longtemps une référence quasi liturgique attestée par le nombre d'établissements scolaires ou de groupes scolaires portant les noms de ses deux présidents successifs. Mais si l'on connait assez bien aujourd'hui ses grandes lignes (prolongation de la scolarité obligatoire jusqu'à 18 ans, école unique divisée en trois cycles de l'élémentaire jusqu'aux classes terminales, pédagogie active héritée de l'éducation nouvelle…), on connaît moins bien les débats qui ont animé la commission chargée de le rédiger, les acteurs qui les ont menés et les questions principales qui en ont été l'objet. Formation des maîtres, statut du baccalauréat, enseignement technique, orientation scolaire et professionnelle, enseignement spécialisé…: ces questions continuent aujourd'hui d'être au cœur des débats sur l'école.Issues d'une recherche menée conjointement entre 2010 et 2015 par des membres du laboratoire CIVIIC de l'université de Rouen et de celui du CERSE de l'université de Caen, les études publiées dans cet ouvrage ambitionnent, au-delà de leur intérêt historiographique, de jeter sur des préoccupations ô combien toujours vives le regard à la fois décalé et éclairant de l'histoire.