Lecture de la poésie de Keats au prisme de la couleur, cet essai critique s'adresse autant aux étudiants qui préparent l'agrégation qu'aux chercheurs en poésie ou aux spécialistes du romantisme. Il décline les couleurs du texte keatsien: le blanc, le bleu, le jaune, le vert et ce rouge (sang) qui parfois vire au noir. Jeu de miroirs et de coloris, le poème procède à des alliances et assemblages multiples. Ce volume embrasse la richesse de ce chromatisme afin de composer une nouvelle image de poèmes, pour certains très connus. Le changement d'optique ou de perception, les phénomènes d'invisibilité ou de trompe-l'oeil permettent d'envisager, à chaque fois, les modes d'écriture du poète sous un angle différent. De la page blanche à la " terreur sacrée de l'arc-en-ciel ", ce " kaléidoscope de Keats " est donc un instrument de lecture de sa poésie autant que l'objet d'une fascination aussi bien scientifique que ludique.
p.p1 {margin: 0.0px 0.0px 0.0px 0.0px; font: 10.0px Times; color: #ffffff}span.s1 {font: 47.0px Times; color: #73fa00}In reading The Wings of the Dove (1902), Henry James will be our guide, by way of the indications found in The Notebooks from 1894-1895, when he began to reflect on the novel's seminal motif, to the 1909 preface to The New York Edition. If the commentary also acknowledges the importance of Susan Sontag's essay "Illness as Metaphor" (1978), analysed here along with the novel's biblical and Victorian motif of the dove, the intention is to warn against the imprisonment of the heroine within any metaphorical cage. Milly Theale is not, in her self or for her self, a dove. Having established a procedure for reading the novel by way of the writings of Henry James, before and after the work, the commentary examines all thirty-eight chapters of the ten books. The Wings of the Dove can thus be apprehended as a "stupendous" work, complex in its plotting, awfully simple in its implacable depiction of the fates of its three young protagonists.
Avec Self-Portrait in a Convex Mirror (SPCM), John Ashbery propose des jeux de miroir déformant qui permettent un dialogue entre les arts et à travers l'histoire littéraire. Créateur de silence au milieu d'une poésie foisonnante de multiples voix, Ashbery ouvre des brèches et sème le doute tout en invoquant des images qui donnent à réfléchir sur la conscience du soi et la subjectivité telle qu'elle s'inscrit dans la perception du temps. Bien qu'ancrée dans le paysage politique américain, la poésie d'Ashbery bascule souvent vers le rêve. Au-delà de la difficulté des poèmes de SPCM, cet ouvrage montre l'unité du recueil, grâce à l'analyse détaillée des effets d'écho, des nombreuses anamorphoses et des procédés d'écriture garants d'une lecture toujours ouverte, dans un refus de l'immobile.
Middlemarch, roman absolu de l'époque victorienne, dont il condense les innombrables facettes. L'érudition déployée ne détourne jamais l'attention du lecteur emporté par un croisement d'intrigues à rebondissements. George Eliot confronte l'un au multiple en permanence; une communauté tissée de destins, une rumeur nourrie de voix singulières et l'obsession de l'origine unique dans le foisonnement d'un univers post-darwinien etc. Cette étude ancrée dans l'Histoire met en avant des pistes interprétatives ultra contemporaines: la chronique, la poétique des objets et l'éthique, avant de se conclure par les réécritures — After Eliot.
La Duchesse d'Amalfi est un astre, La Duchesse d'Amalfi est son histoire. L'histoire d'une femme en avance sur son temps. " She stains the time past, lights the time to come ", dit d'elle son intendant. Mais une femme a-t-elle le droit d'être en avance sur son temps? Peut-elle prendre, contre l'avis de ses frères, un époux sans noblesse et ne pas le payer de sa vie? Tragédie de la vengeance et du martyre, La Duchesse d'Amalfi est aujourd'hui considérée comme une pièce proto-féministe, où, parti-pris esthétique à valeur politique, Webster arrime au patriarcat les perversions macabres caractéristiques du théâtre jacobéen.
Les fictions de la confiance/Fictions of Confidence
Tièdement accueilli à sa publication en 1857, The Confidence-Man, dernière prose que Melville publie de son vivant, n'en a pas fini de diviser la critique. " À qui se fier? " demande le texte avec insistance." À personne ", semble-t-on nous répondre. Et pourtant, la confiance règne à bord du Fidèle, car elle est la valeur-maîtresse qui règle les transactions plus ou moins frauduleuses dont l'enchaînement tient lieu d'intrigue à ce vrai/faux roman. Fiction, mensonge, vérité et confiance s'intriquent ici de façon indémêlable, tandis que Melville convie ses lecteurs à prendre part aux jeux d'une mascarade dont nous ignorons le mot de la fin.
Community in the UK ? En écho à l'injonction des Beatles, " Come together! ", le lecteur passera par différents lieux de l'union et de la désunion: chantiers navals de Clydeside, houillères du Kent, usines de la société Lucas Aerospace, tribunes de stade où chaos et communauté sont les marqueurs du quotidien. On s'assemble, selon la classe sociale, les démarcations ethniques à Northampton, les fractures confessionnelles à Belfast, ou les goûts musicaux: ces facteurs mobilisent des communautés plurielles. Celles-ci entrent parfois en conflit, prises dans un changement incertain. Ce changement est signe de crise, mais de quelle crise? et dans quel royaume?
Ce livre explore l'articulation de l'esthétique et de la politique de Crossing the River par delà les récits néo-esclavagistes et rompt le silence délibérément laissé par Caryl Phillips dans son réexamen de l'histoire de l'esclavage. On trouve au centre du roman de Phillips, une remise en cause des formes narratives occidentales – en particulier le carnet de voyage et le genre épistolaire – qui ont joué un rôle central dans la formation de la modernité occidentale. Phillips met celles-ci à l'épreuve dans le but d'inventer une forme adaptée à l'expression d'une modernité transatlantique noire, dans le sillage de la critique postcoloniale de l'historiographie occidentale.
Désormais reconnu comme l'une des œuvres phares de la littérature américaine, le quatrième roman de Willa Cather est aussi peut-être celui qui se prête le plus à une lecture superficielle, de celles qui réduisent le récit à une pastorale de l'Ouest américain, à une histoire d'amitié entre deux enfants que tout sépare ou à une simple évocation du temps passé empreinte de nostalgie. Les auteurs des articles rassemblés dans ce volume s'emploient à explorer toute la complexité d'un roman qui n'en a pas fini de nous surprendre. Ils font appel à diverses méthodologies (de l'écocritique aux théories de la réception en passant par les disability studies et la cartographie numérique) et démontrent avec force la pertinence des questions que soulève My Ántonia près d'un siècle après sa parution.
Falling Man explore l'impact des attentats du 11 septembre 2001. Ce contre-récit sombre et elliptique, animé de fulgurances poétiques lumineuses, sonde le pouvoir de l'imagination. Au fil d'une narration fragmentée, tissée d'une langue gémellaire, de tautologies et d'encodage oraculaire, Don DeLillo dénonce la spéculation qui anime tant les complots terroristes que l'ordre économique mondial. Le langage et la représentation eux-mêmes, leur part d'ombre et leurs écueils, sont l'objet fuyant de ce roman qui aborde les effondrements du 11 septembre d'un point de vue littéraire, artistique, socio-politique, spirituel et philosophique.
Premier roman publié de Jane Austen, Sense and Sensibility ne saurait être lu comme une œuvre encore imparfaite qui servirait de tremplin aux grands romans qui lui succèdent. En mettant en scène, à travers la double histoire d'Elinor et Marianne, l'émergence d'une subjectivité féminine aux prises avec les limites d'une société et d'une culture patriarcales aux structures rigides, Sense and Sensibility ne se contente pas d'exposer des oppositions mais travaille des contradictions culturelles fondamentales. Critique amusée et parodique du roman sentimental, satire sociale parfois acerbe, Sense and Sensibility est déjà un grand roman psychologique. Il est aussi une œuvre pionnière qui met au premier plan la question même du sens et de l'interprétation, toujours confrontés dans ce texte à leurs limites.
Premier recueil d'Alice Munro, Dance of the Happy Shades (1968) fait le pari d'une prose apparemment lisse et marquée au sceau du réalisme. Pourtant, ces quinze nouvelles mettent au jour la complexité de la voix narrative. Le tissu conjonctif de références littéraires et picturales qu'elle convoque incite à lire le texte comme un palimpseste. Le lecteur saisira des détails qui bousculent l'explicite, introduisant l'ambiguïté, voire le renversement du sens. Il découvrira une styliste qui, tout en s'inspirant de la tradition, a su inventer sa propre forme. Poétesse de l'imaginaire, Munro crée son territoire littéraire autant qu'elle l'explore.