La construction dialogique de l'identité balinaise
Ce livre retrace la construction dialogique de ce que les intellectuels balinais ont appelé la " balinité " (Kebalian), qu'ils se représentent comme un arbre dont les racines sont la " religion " (agama), le tronc la " tradition " (adat) et les fruits la " culture " (budaya). Ce mouvement de réflexivité identitaire remonte à la conquête de l'île de Bali et à son intégration dans l'empire colonial des Indes néerlandaises au début du XXe siècle. Et il s'est trouvé réactivé après l'indépendance de l'Indonésie, lorsque les Balinais ont eu à lutter pour faire reconnaître la légitimité de leur religion par l'État. Ce faisant, les réformateurs balinais en sont venus à définir leur identité ethnique en termes d'agama Hindu, alors même que pour faire accepter leur religion ils ont dû s'en laisser déposséder. Cette hindouisation de leurs pratiques religieuses a suscité un conflit récurrent entre les Balinais désireux de préserver la spécificité de leurs traditions ancestrales et ceux qui aspirent à les réformer en les conformant à l'idée qu'ils se font de l'hindouisme.La question n'est donc pas de déterminer si les Balinais sont hindous, s'ils l'ont été, ni même s'ils sont en train de le devenir. L'objectif de cette étude est double: d'abord élucider les raisons pour lesquelles les Balinais ont fait de l'agama Hindu le marqueur diacritique de leur " balinité ", ensuite rendre compte des recompositions identitaires qui en ont résulté.
Réflexions sur le rôle culturel d'un étranger dans le monde malais au XVIIe siècle
Les étrangers occupaient une place importante dans le commerce, l'administration et la culture du monde malais au XVIIe siècle. Ce livre étudie le rôle des étrangers dans le développement de la littérature malaise à travers un exemple précis : le Bustan al-Salatin, écrit vers 1640 à Aceh, au Nord-Ouest de Sumatra, par le savant religieux Nuruddin ar-Raniri. Ce texte malais, inspiré de la littérature persane et traduit par un auteur arabe né en Inde résume à lui seul la complexité des transferts culturels intra-asiatiques à l'époque moderne. Cette œuvre immense est unanimement considérée comme un monument de la littérature malaise ancienne, même si très rares sont ceux qui l'ont lue. Elle n'a toujours pas été éditée et n'a jusqu'à présent guère bénéficié de toute l'attention qu'elle mérite. Après une analyse détaillée du texte, ce livre tente de comprendre les intentions de son auteur et de son commanditaire, d'examiner la façon dont il a été reçu par la population locale et de déterminer sa véritable place dans la littérature malaise. Cette analyse permet de jeter une lumière nouvelle sur les connexions et les circulations culturelles dans l'Océan indien, dont le monde malais constitue un formidable concentré.
Le nom du sultanat de Pasai ou Samudra-Pasai, situé sur la côte septentrionale de l'île de Sumatra à laquelle il a donné son nom, est bien connu des historiens pour avoir été le premier État musulman de l'immense archipel insulindien qui, à sa suite, devait adopter majoritairement l'islam. Il fut fondé autour de 1280 et disparut en 1523, absorbé par son voisin le sultanat d'Aceh. Il faut bien avouer que malgré l'importance de son rôle dans la destinée de la région, on ignore à peu près tout des deux siècles et demi de son histoire.Cette ouvrage présente un inventaire de l'ensemble épigraphique de Pasai. Uniquement funéraire, cet ensemble constitue un exceptionnel témoignage archéologique puisqu'il comporte environ 150 tombes datées entre le 13e et le 16e siècle. Il est remarquable aussi par son état de conservation.Les auteurs de cet ouvrage ont reconstitué à partir de cet inventaire une généalogie des rois. Ainsi peuvent-ils affirmer que durant un demi-siècle, les dirigeants de ce royaume étaient d'origine " turque ". Un descendant du califat d'Abbasside a été invité à venir s'installer à Pasai. Il a tenu une place importante à la cour et sa présence assura une légitimité aux autorités musulmanes de ce lointain pays.
Des affres de l'exil aux aléas de l'intégration. Sociologie historique de la communauté indonésienne de Nouvelle-Calédonie
Les Javanais n'ont pas la réputation d'être un grand peuple migrateur. C'est pourquoi l'implantation de quelque 20000 javanais en Nouvelle-Calédonie entre 1896 et 1955 est très intéressante. Et si beaucoup sont repartis, d'autres, assez nombreux, ont fait souche. Arrivés comme coolies pour travailler à la mise en valeur agricole et minière de l'île, les Javanais ont progressivement diversifié leurs activités dans les secteurs secondaire et tertiaire. Leur progression économique et leur ascension sociale ne leur a toutefois pas encore permis de jouer un grand rôle sur le plan politique et leur intégration réussie s'est faite au détriment de problèmes d'identité culturelle et d'acculturation, notamment du fait d'un fort métissage. Cet ouvrage de sociologie historique part des causes du départ de Java et débouche sur l'analyse de la situation actuelle, à l'aube du 21e siècle. Il soutient l'idée que, pour occuper la place qui lui revient dans l'avenir du pays, la communauté javanaise doit réaffirmer clairement son identité comme une de celles qui en ont fait et doivent continuer à en faire la richesse.
Jeanne Cuisinier, élève de Marcel Mauss, apprit le malais aux Langues orientales à Paris, puis se spécialisa sur l'Asie du Sud-Est, en commençant par l'étude des Muong en Indochine. Ce terrain lui fournit la matière de sa thèse publiée en 1946 à l'Institut d'ethnologie. De ses archives personnelles, déposées à la bibliothèque du musée de l'Homme, Daniel Perret a extrait les principaux passages du journal de son premier voyage en Malaisie (1933) et, plus tard, de son long séjour comme enseignante à l'université Gadjah Mada de Yogyakarta (1952-55). De la mission en Malaisie, on retiendra la découverte de la péninsule par la première ethnologue française spécialisée sur cette région du monde. En 1952, Jeanne Cuisinier fut invitée à enseigner l'ethnologie. Sa description de l'atmosphère intellectuelle à Gadjah Mada est l'un des rares témoignages étrangers de cette époque.
Le site de Lobu Tua . Vol. I : études et documents
Au sommaire : Y. Subbarayalu, "The Tamil Merchant-Guild Inscription at Barus. A Rediscovery" ; K. Kévonian, "Un itinéraire arménien de la mer de Chine" ; R. Ptak, "Possible Chinese References to the Barus Area (Tang to Ming)" ; M.-F. Dupoizat, "Céramique chinoise de Barus et du Proche-Orient : analogies, différences, premières conclusions" ; D. Perret et S. Riyanto, "Les poteries proche-orientales engobées à décor incisé et jaspé de Lobu Tua. Étude préliminaire" ; C. Guillot et S. C. Wibisono, "Le verre à Lobu Tua. Étude préliminaire" ; D. Perret, "Tombes batak modernes de la région de Barus" ; N. Stéphan, "Le camphre dans les sources arabes et persanes. Production et usages" ; E. Katz, "L'exploitation du benjoin dans les hautes terres batak. Situation actuelle" ; M. Goloubinoff, "Senteurs de miel et d'encens. Le benjoin à Java Centre".
Le présent ouvrage s'intéresse aux transformations concomitantes des espaces bâtis et sociaux des maisons de type umah, qui sont les habitations des Balinais roturiers, dans la ville de Denpasar. Il s'applique à identifier les permanences, les mutations et les effacements du legs balinais, ainsi que les innovations inhérentes au fait urbain et à la modernité. L'approche ethno-architecturale met en évidence la corrélation étroite qui lie les formes architecturales et urbaines à l'ordre social coutumier balinais. À Bali, la relation habitat-habitant est d'autant plus forte que la résidence est une affiliation cultuelle. Groupement territorial, la maison correspond à l'espace intra muros qui inclut, outre l'espace domestique, le temple familial avec l'autel des origines où se perpétue le culte des ancêtres. Groupement social, la maison comprend la famille au sens large du terme, c'est-à-dire l'ensemble des familles nucléaires qui habitent dans la maison et celles qui sont ancrées à son temple familial. Toutes sont liées par un même culte des ancêtres qui résident dans le temple familial et s'incarnent périodiquement dans un de leurs membres. Aussi la maison, dans la double acception sociale et territoriale du terme, constitue-t-elle un groupe cultuel de descendance. Dans cette perspective, il apparaît que, parallèlement aux contraintes imposées par la modernité et le fait urbain, la nature et le degré des transformations admises dans l'habitat demeurent, en grande partie, déterminés par le statut cultuel de la construction.