Fondé en 1919 par Magnus Hirschfeld (1868-1935), l'Institut berlinois de science sexuelle était sans équivalent. À la fois centre de recherche, de soins, d'enseignement et de sensibilisation, il rassemblait médecins, juristes, psychologues, militants et personnes concernées autour d'un projet commun : explorer la diversité des sexualités et défendre celles et ceux marginalisés en raison de leur orientation ou de leur identité.Au-delà de sa vocation scientifique, l'Institut constituait aussi un refuge : un espace de protection et de reconnaissance, où se nouaient des solidarités inédites et s'expérimentaient de nouvelles formes de vie. Symbole d'une société plus libre et plus juste, il s'imposa comme le laboratoire d'une modernité sexuelle et sociale durant la république de Weimar – avant d'être détruit par les nazis en 1933.Rainer Herrn retrace avec rigueur et sensibilité l'histoire intellectuelle, médicale et politique de cette aventure collective, en présentant la diversité de ses acteurs, ses débats, ses réseaux et ses contradicteurs. L'important héritage scientifique et social de ce travail pionnier du début du xxe siècle éclaire aujourd'hui encore les luttes pour l'émancipation.
Dans les années 1950 et 1960, la culture jeune connaît un véritable bouleversement qui ébranle et scandalise la société. De nouveaux codes et pratiques de musique ou de mode ainsi que de nouveaux comportements voient le jour, déclenchant des débats houleux sur la prétendue délinquance juvénile. La culture pop naissante est interprétée comme une dégradation des mœurs et de la morale, et il convient donc de discipliner cette jeunesse " déviante " par la censure, les interdictions et les sanctions. Parallèlement, des modes de dévalorisation racistes, genrés ou reposant sur des préjugés sociaux imprègnent profondément l'opposition à ce changement culturel.Bodo Mrozek retrace l'évolution esthétique de 1956 à 1966 et son influence durable sur la culture moderne des jeunes et la culture populaire. Il s'intéresse aux acteurs, aux pratiques et surtout à la réception de cette nouvelle culture pop et aux discours qu'elle a suscités, en s'appuyant sur une large bibliographie et un travail impressionnant de recherche dans un grand nombre d'archives, notamment policières et judiciaires, mais aussi sur des références musicales ou cinématographiques, des photographies et des coupures de presse. Dans une perspective transnationale, il étudie plus particulièrement la France, les deux Allemagnes, le Royaume-Uni et les États-Unis, et révèle les bouleversements politiques ainsi que les interdépendances culturelles. Son analyse met en évidence les continuités dans les débats sur la violence des jeunes, sur les comportements déviants et la morale publique, sur la rupture des tabous musicaux et culturels.
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