Si son souvenir en Bretagne, sa patrie d'origine, reste controversé, Bertrand du Guesclin occupe une place privilégiée parmi les héros du " panthéon " national. Il incarne ce Moyen Âge imaginé et rêvé qui continue de fasciner petits et grands. Née à la fin du XIVe siècle, la légende du guerrier s'incarne à travers une profusion d'images, jamais innocentes. Loin d'être de simples représentations, ces images permettent de mesurer la manière dont évolue la perception de du Guesclin à travers les siècles et comment se construit un imaginaire collectif. Il ne s'agit donc pas ici d'une nouvelle biographie de du Guesclin mais d'une étude sur les liens entre l'image (la représentation) et les images (les supports iconographiques). À travers la glorification ou le rejet de Du Guesclin, que montre-t-on de la société, des valeurs du temps? Comment détourne-t-on le passé à des fins commerciales ou idéologiques? Véritable passerelle entre art, patrimoine et histoire, ces images portent la signature d'une époque et d'une mentalité. Elles révèlent finalement l'extraordinaire modernité du Moyen Âge.
La ville de Redon se trouve confrontée à un paradoxe. Le cartulaire de l'abbaye Saint-Sauveur, exceptionnel document carolingien (au moins pour sa première partie), a attiré l'attention à un tel point que son étude a un peu laissé dans l'ombre une histoire par ailleurs fort riche et digne d'intérêt. Sans pouvoir, ni vouloir tout couvrir entièrement une longue histoire, ce livre en offre un vaste panorama. Plus d'une vingtaine d'historiens et d'archéologues, tirant parti des travaux déjà existants mais allant le plus souvent aux sources, montrent comment l'abbaye fondée par Conwoïon a rayonné et a créé une ville, modeste peut-être mais fort active et qui a su jouer de sa position sur la Vilaine aux confins de plusieurs territoires. S'appuyant également sur un patrimoine riche et diversifié, les auteurs livrent une histoire écrite à la lumière des questionnements actuels. Le recours à une iconographie abondante et très largement nouvelle permet d'approfondir bien des sujets et de rendre la découverte plus attractive. L'occasion de retrouver un riche passé trop méconnu et de susciter de nouvelles recherches, en vue de mieux connaître une ville, un marais, un pays.
Soixante dix ans après la libération de la France, il est possible de faire une synthèse historique des " Années noires " et du processus de la Libération de la Bretagne, une région qui a été au cœur de la guerre depuis la débâcle et l'occupation allemande de juin 1940 jusqu'à la libération à l'été 1944 et l'achèvement de guerre à l'Ouest en mai 1945. Avec ses ports de guerre, la construction des bases sousmarines puis du Mur de l'Atlantique, la Bretagne a occupé une position stratégique tant pour les Allemands que pour les Britanniques. Dans un contexte de plus en plus difficile (pénuries, bombardements, répression), le livre évalue le poids et les réalités quotidiennes de l'Occupation ainsi que les réactions de l'opinion publique vis-à-vis de l'occupant mais aussi du régime de Vichy qui veut profiter de la défaite pour imposer la Révolution nationale. Il précise ce qu'a été l'engagement des collaborationnistes notamment du mouvement breton. Il analyse les formes et les rythmes de la naissance et du développement de la Résistance de 1940 à 1944, aussi bien le combat des Français libres que celui des résistants de l'intérieur. L'accent est mis sur la préparation de la libération et les phases de son déroulement de juin à août-septembre 1944 et sur le rôle des FFI bretons en appui aux armées américaines. La transition des pouvoirs, l'épuration, le renouveau de la démocratie républicaine, le lourd bilan d'une guerre qui se prolonge dans la région avec les poches de l'Atlantique et les débuts de la Reconstruction sont présentés dans cette période de la Libération qui marque durablement la mémoire souvent douloureuse de la Seconde Guerre mondiale. En outre, cette synthèse s'appuie sur une riche iconographie de 250 documents (photographies, affiches, cartes, tableaux) qui illustre tous les aspects de la vie en Bretagne de l'Occupation à la Libération.
Cet ouvrage est l'aboutissement d'une recherche de quatre ans menée par des spécialistes du sport et du genre. Une quarantaine d'historiens et de sociologues a été mise à contribution pour répondre à un appel d'offre émanant de l'Agence Nationale de la Recherche. Leur travail questionne le rôle des pratiques sportives dans le renforcement ou, au contraire, la réduction de la vulnérabilité et des atteintes à la santé associées aux populations dominées dans l'ordre du genre. Il interroge quatre configurations historiques où les articulations genre-santé-sport connaissent des infléchissements majeurs : la Première Guerre mondiale et l'immédiat après guerre, la Seconde Guerre mondiale et l'immédiat après guerre, les années avant et après 1968 ainsi que les années 2000. Les conclusions des auteurs invitent à la nuance: le sport, loin de la neutralité à laquelle il est fréquemment renvoyé, apparaît parfois comme un facteur d'émancipation, mais parfois aussi comme un accélérateur des processus de discrimination.
Le Blosne, un morceau de ville au sud de Rennes atteint ses cinquante ans. Vivent aujourd'hui dans ce quartier près de 20 000 habitants. Le livre d'André Sauvage en raconte l'histoire, en trois moments principaux. Le Blosne fût d'abord une campagne, que l'on visite en compagnie des habitants des fermes, du manoir et du château de Bréquigny. Nos guides font ressurgir des tranches du passé, où se mêlent la montée des cheminots, les épisodes de la guerre et l'anarchie de la ville qui s'étale. Avec l'arrivée de Citroën vient le bouleversement: moment des chantiers de construction, des ruptures radicales opérées par une Zup sud lançée au milieu des années soixante. Le temps des fondations, le temps des "pionniers"... S'amorce alors la constitution d'une cité animée par des diversités culturelles, des conflits et des dynamiques associatives. Mais changée bientôt par l'arrivée du métro... Un demi-siècle passe et c'est un nouvel élan qui prolonge l'histoire du grand ensemble. Conçu pour soutenir la transition entre mondes ruraux et industriels, le Blosne devient peu à peu un véritable quartier urbain. Rennes, le Blosne, du grand ensemble au vivre ensemble retrace les actions et les espoirs de ceux qui, hier comme demain, œuvrent pour faire vivre ce quartier.
Les images sont au coeur de la Grande Guerre. De 1914 à 1918, elles sont utilisées pour mobiliser Bretons et Bretonnes. Elles contribuent à la construction des mémoires d'un conflit fondateur de la Bretagne d'aujourd'hui. En 200 images, souvent inédites, ce livre interroge l'actualité de cette guerre centenaire.
Ce dictionnaire biographique des agents du ministère des Affaires étrangères en Chine de 1918 à 1953 comprend quelque cent quatre-vingt-dix notices de diplomates et consuls, y compris les agents de moindre grade. Il fait suite à un ouvrage identique portant sur la période antérieure 1840-1912 (160 biographies), complété par une Histoire du corps diplomatique et consulaire français en Chine 1840-1912 (Indes Savantes 2003 et 2008). L'intérêt de ce travail réside dans la reconstitution d'ensemble de la présence française en Chine du milieu du XIXe siècle avec le traité du 24 octobre 1844 signé par Théodose de Lagrené, jusqu'à la révocation du dernier représentant officiel à Pékin, Léon Jankélévitch, début octobre 1953. Avec comme point de départ les dossiers du Personnel complétés par la correspondance diplomatique et consulaire du Ministère des Affaires étrangères, les écrits personnels, les archives privées ainsi que les témoignages de proches de diplomates ont permis de reconstituer les biographies de chaque agent : origines sociales et formation initiale, déroulement de toute leur carrière, d'une façon plus détaillée pour la Chine, mais plus succincte pour la suite jusqu'à leur retraite. Ces notices sont suivies de la liste (non exhaustive) des principaux traités et conventions entre la France et la Chine, et celle des différents postes avec leurs titulaires durant toute la période concernée. Le tout, étroitement imbriqué dans les convulsions qui ont secoué la Chine depuis la période des Seigneurs de la Guerre dans les années 1920, jusqu'à l'établissement de la République Populaire de Chine de Mao Zedong, en passant par le conflit sino-japonais et la seconde Guerre mondiale, avec le problème de l'Indochine et la représentation parallèle de la France Libre opposée à celle de Vichy. Une " Histoire de la présence française en Chine de Sun Yat-sen à Mao Zedong, 1918-1953 " (à paraître aux PUR en 2014) complète le Dictionnaire biographique et retrace en détail tous ces événements.
Le sport est-il, pour paraphraser Clausewitz, la guerre poursuivie par d'autres moyens ? Le sport est-il tout simplement lui-même " la guerre " ? Quels enjeux politiques et idéologiques recouvre l'utilisation du sport et de ses champions dans les nouvelles formes d'affrontement qui surgissent au xxe siècle ? Pourquoi la guerre de 1914-1918 est-elle décrite par la presse sportive comme " le grand match " ?… Cet ouvrage, issu d'un colloque international organisé à Rennes / Saint- Cyr Coëtquidan, a pour objet d'analyser les interactions et les relations entre le sport et la guerre. Il questionne la vision traditionnellement pacificatrice du sport tout en proposant une double lecture historique des dynamiques et logiques qui amènent à considérer le sport et la guerre comme étroitement liés : la guerre apparaissant comme un élément structurant du sport ; le sport comme un élément structurant de la guerre. Organisé en fonction de grandes thématiques (le sport et la préparation de la guerre ; les médias et la construction des figures héroïques du sportif et du combattant ; le rôle de la guerre dans la diffusion et la transformation des pratiques sportives ; le sport comme outil de propagande, de domination, de résistance, mais également comme levier de gouvernance mondiale et comme facteur de paix…), le livre permet au lecteur d'appréhender les articulations multiples – culturelles, sociales, politiques, idéologiques – qui inscrivent sport et guerre dans des perspectives structurantes fondamentales pour les sociétés contemporaines. Construit autour d'une introduction générale et composé de 44 textes sélectionnés réunissant spécialistes de l'histoire du sport et de la guerre, l'ouvrage constitue une référence incontournable sur un thème intéressant le monde universitaire (étudiants, professeurs, chercheurs), les acteurs du monde militaire et de la sphère politique, les milieux sportifs et, plus largement, celles et ceux qui s'interrogent sur la place grandissante du sport et ses significations dans un monde en proie à de profonds bouleversements.
Dans son Histoire de France, Jules Michelet évoque la bataille d'Auray en ces termes : " c'était un duel sans quartier, les Bretons étaient las de cette guerre, et voulaient en finir par la mort de l'un ou de l'autre ". Charles de Blois tué, c'est finalement l'autre prétendant au trône, Jean de Montfort, qui devient duc de Bretagne au terme d'un affrontement particulièrement meurtrier. Mais la bataille d'Auray est bien plus qu'un simple épisode guerrier. D'emblée, elle a été perçue comme un combat mémorable qui devait décider du sort de la Bretagne. Bertrand d'Argentré raconte ainsi, qu'au terme de la bataille, Chandos dit au vainqueur : " Vous avez gaigné une belle journée, de laquelle il sera parlé à cinq cens ans d'icy. " C'est même un véritable combat de mémoires qui s'engage au-delà de la victoire de Montfort et de la mort de Blois. L'événement, soigneusement mis en scène par les chroniqueurs, a été repris par les historiens, les écrivains et les artistes qui l'ont adapté à leur convenance. Cette instrumentalisation a été favorisée par le nouveau regard porté sur la Bretagne à partir du XVIIIe siècle. Les protagonistes de la bataille ont été rattachés à des événements qui ont trouvé une résonnance particulière dans les luttes politiques du XIXe siècle. Et jusqu'à aujourd'hui, la bataille d'Auray a été utilisée comme un point d'ancrage identitaire. au cœur de la guerre de Cent ans entre la France et l'Angleterre, la bataille d'Auray constitue un événement majeur pour la Bretagne. s'appuyant sur la grande richesse des images, cet ouvrage nous fait revisiter l'une des rares batailles rangées du Moyen Âge dans toute sa complexité. Il nous invite à suivre la construction d'un imaginaire et l'étonnante transformation de la bataille en enjeu de mémoires. Des mémoires finalement révélatrices d'une certaine vision de la Bretagne.
Qui sont les Saints-Cyriens ? Comment se déroule la formation militaire,académique et humaine des futurs officiers de l'armée de Terre ?Comment, à partir d'un ensemble d'individus, naît une promotion ?Que revêtent les traditions saint-cyriennes et comment se transmettent-t-ellesde génération en génération d'élèves ?Pour la première fois, un chercheur a suivi, sans restriction, une promotionde l'École Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Dans ce livre, Claude Weber nousfait partager ses trois années d'observations et nous fait pénétrer au sein decette prestigieuse institution créée par Napoléon il y a plus de deux centsans. Des activités d'instructions au fond des landes bretonnes jusqu'aux forêtsinhospitalières de Guyane, l'auteur nous donne à voir le quotidien des élèveset de leurs cadres et formateurs. Ce travail inédit sur la socialisation s'adresse àtous ceux qui s'intéressent aux questions de Défense (élèves, cadres militaireset civils, qui sont passés par Saint-Cyr ou s'y destinent), et plus largement, auxchercheurs, étudiants et enseignants en sciences sociales.
Guide des sources privées de l'histoire du catholicisme
Fruit d'une enquête réalisée pour la première fois à une échelle régionale, ce guide indique au chercheur en histoire et en sciences des religions un panorama complet des centres de ressources privées en Bretagne. Outre les archives diocésaines, on y trouve le détail des inventaires des archives des congrégations catholiques masculines et féminines, ainsi que les congrégations implantées hors de la région mais dont le rôle local fut souvent déterminant au XIXe et XXe siècles. Le monde des archives de l'Église connaît aujourd'hui de nombreuses restructurations. Ce guide, qui se veut aussi pratique que possible, tente une synthèse sur un sujet méconnu et en profonde évolution.
Chanson, justice, cultures en Bretagne (XVIe-XVIIIe siècles)
En croisant 2 200 chansons en langue bretonne et près de 600 dossiers d'affaires criminelles du XVIe au XVIIIe siècle, Éva Guillorel brosse un tableau inédit de la société et de la culture d'un peuple. Vaste travail historique sur la littérature orale, il associe le regard des magistrats et celui des simples gens qui témoignent devant eux, le regard des chanteurs et chanteuses et celui des lettrés. Ce livre est un monument à la Bretagne et à son histoire, mais aussi le guide incontournable pour étudier toutes les sociétés dans lesquelles une tradition orale existe ou a existé. Avec un CD mixte audio (24 chansons, 60 min.) et rom (annexes). En co-édition avec Dastum et le Centre de recherche bretonne et celtique. Préface de Joël Cornette. Ballads and Complaints Folksongs, justice, cultures in early modern Brittany By comparing Breton songs from the oral tradition and judicial archives, Éva Guillorel renews our historical knowledge of Breton society between the sixteenth and the eighteenth centuries. Her study explores a large field of research including material culture, social and political behaviour, mobility of people and ideas and religious attitudes. Book/CD in French.