Cette anthologie bilingue recueille les témoignages d'hommes de lettres et de sciences, contemporains de l'éruption du Monte Nuovo en 1538. À travers ces récits apparaissent les hypothèses naturalistes de l'époque et l'imaginaire lié au phénomène
Inséparable de la ville de Naples et de son golfe, l'image du Vésuve a été déclinée tantôt sur le ton paisible de la montagne dispensatrice de bienfaits, tantôt sur le ton dramatique du feu destructeur. Les articles réunis ici, issus d'un colloque qui s'est tenu au pied du volcan, interrogent plus spécifiquement la connaissance et l'imaginaire du Vésuve en éruption, dans une perspective interdisciplinaire. La connaissance bien documentée de la volcanologie actuelle s'y trouve ainsi remise en perspective avec l'élaboration d'une curiosité scientifique et populaire très intense pour les phénomènes éruptifs, à la suite de l'éruption de 1631. Cette curiosité se double d'une sublimation iconique, qui donne lieu à une inventivité spectaculaire, la fascination pour le volcan se cristallisant dans des inventions littéraires mais aussi musicales. Fantasmes érotiques et résonances politiques se profilent derrière l'appréhension des éruptions, et leur mémoire trouble recouvre aussi celle des modes et des sensibilités.
À la croisée de la littérature et de la géographie, ce volume interroge les lieux et les modalités de rencontres de la ville et du volcan : coexistence pacifique ou tolérée, éloignement naturel ou artificiel, exclusion et contradictions symboliques. Au-delà d'une relation mentale hantée par la mémoire de catastrophes meurtrières, l'approche géographique de l'environnement volcanique met l'accent sur les perceptions et les transformations de l'espace volcanique par le monde urbain. Les contributions géographiques portant sur des exemples variées (du Japon et de l'Asie du Sud-Est à la Guadeloupe et à la Réunion) permettent de poser des jalons pour penser l'anthropologie culturelle de la gestion des risques.
Les usages de la métaphore du volcan, stéréotype désignant l'instabilité et la violence, appellent une archéologie des représentations politiques des cataclysmes. Les études rassemblées dans le volume interrogent, de la haute Antiquité à nos jours, la prégnance de la métaphorisation politique du volcan et des forces telluriques auxquelles il est associé. L'ambivalence des métaphores volcaniques et leur grande plasticité nécessitent un travail de contextualisation historique. L'élaboration métaphorique, ténue ou redondante, invite aussi à penser l'articulation complexe du poétique et du politique.
L'émergence du paysage volcanique en Occident semble corollaire de l'apparition des termes de volcan et de paysage, à partir de la Renaissance et elle se cristallise à la fin du 18e et du 19e siècles, à la faveur du nouveau débat scientifique sur le volcanisme et de l'esthétique du sublime. On saisira mieux les enjeux de cette invention moderne des paysages volcaniques en les mettant en perspective avec leur appréhension à d'autres époques et dans d'autres cultures. Les études rassemblées dans le volume associent des points de vue de littéraires, d'historiens d'art, de géographes et de sociologues. Tributaire d'une relation intime au pays observé et vécu, l'esthétique du paysage volcanique, nécessairement "impure" oblige à examiner, au-delà des filtres symboliques et rhétoriques, des pratiques culturelles concrètes.
Source d'une intense et inépuisable cristallisation imaginaire, l'Etna s'est imposé comme archétype de la " montagne qui fume " en raison de sa visibilité géographique. L'ouvrage explore cette mine poétique en proposant des cas exemplaires parmi les légendes et les textes tissés autour du plus mythique volcan d'Europe, de l'Antiquité à nos jours. Des explications mythologiques antiques aux théories scientifiques, en passant par les représentations chrétiennes, l'imaginaire médiéval, la démarche encyclopédique et la mémoire du peuple sicilien, les contributions interrogent les enjeux du recours à la mythologie et sa contestation.
Le texte est le récit, en langue latine (traduit pour la première fois en français), de l'ascension de l'Etna réalisée en 1495 par Pietro Bembo, futur cardinal et codificateur de la grammaire italienne, alors tout jeune étudiant en grec. Ni fiction littéraire, ni narration fabuleuse, il s'agit d'une tentative encyclopédique de description scientifique et d'explication de l'escalade. Le compte rendu de cet exploit sportif est rédigé sous une forme dialoguée (inspirée de Pline l'Ancien) où les interrogations du père permettent au fils de mieux développer ses analyses.
Représentations du volcanisme andin, 16e-17e siècles
Le volcanisme andin ne cessa de marquer l'histoire de la vice-royauté de Lima. Les références des chroniques et des rapports à la Couronne espagnole, si elles étaient parfois d'une grande précision dans l'évocation des faits, n'en trahissaient pas moins un désarroi somme toute comparable à celui des indiens, en ce sens où elles voyaient dans les cataclysmes une manifestation du châtiment divin. Pour autant, certains clercs ne peuvent se satisfaire de cette herméneutique obtuse et se mettent à chercher dès le 16e siècle du côté du naturel, bel exemple d'une heuristique annonçant les timides progrès du rationalisme, comme en témoignent les textes présentés dans l'ouvrage.