Fabriques et fabriciens du diocèse de Bourges(début XIXe siècle -début XXe siècle)
Au sortir de la Révolution et des divisions provoquées par la Constitution civile du clergé en 1791, le Concordat de 1801 réorganise le fonctionnement de l'Église catholique. À l'échelle de la paroisse, les fabriques sont reconstituées. Le conseil de fabrique, composé de laïcs (les marguilliers), du curé et du maire, est un organisme assurant la gestion matérielle de l'Église catholique (recettes, dépenses annuelles….) jusqu'à sa suppression décidée par la loi de Séparation des Églises et de l'État le 9 décembre 1905.L'étude des conseils de fabrique permet d'associer l'histoire religieuse et l'histoire sociale tout en soulignant le poids des questions économiques et matérielles sur le fonctionnement du culte catholique. Les fabriciens, dans les paroisses, sont aussi des acteurs centraux de la reconstruction du catholicisme concordataire, non sans difficultés et conflits. Ces laïcs contribuent, par leurs choix, à orienter l'Église dans un certains sens au XIXe siècle.Le champ de cette étude couvre le diocèse de Bourges, composé des départements du Cher et de l'Indre, est une terre catholique de conformisme saisonnier avec une forte baisse de la pratique religieuse masculine puis féminine dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Études d'histoire, histoire de l'art et archéologie
Si le monastère de Fontevraud est étudié depuis longtemps, et savamment, le réseau de ses prieurés reste insuffisamment exploré, qu'il s'agisse des établissements installés au plus près du Moûtier principal, dans la même enceinte, ou des satellites dispersés en France, en Angleterre et un peu en Espagne. En septembre 2015, un colloque a permis d'ouvrir ce dossier passionnant. Chacun des sites évoqués a été traité de façon autonome, mais l'ensemble a mis en cause la pertinence des listes tardivement établies, l'universalité du système des prieurés doubles (femmes et hommes dans deux cloîtres proches), la façon de nommer les dépendances.La recherche n'est qu'amorcée. Toutefois, les Actes ici réunis montrent que si la problématique est originale, en raison d'un gouvernement centralisé, exercé par une femme, elle est susceptible d'éclairer l'étude d'autres ordres religieux. Ainsi, interroger la terminologie et la notion de prieuré, qui au Moyen Âge central renvoie exclusivement aux personnes, prieurs et prieures, se situe au cœur de l'actualité scientifique.Introduit par un avant-propos de Jacques Dalarun, l'ouvrage aborde ensuite des sujets soulignant l'originalité du phénomène fontevriste: les questions de l'inventaire, de la genèse, voire de l'échec, des prieurés; la présentation des fonds d'archives disponibles; une mise en perspective politique et artistique dans l'Aquitaine plantagenêt. La quatrième et plus importante partie du recueil réunit six ensembles claustraux en huit contributions. Ces monographies sont diversement argumentées en raison des conditions de l'investigation archéologique mais aussi des rythmes d'évolution des fondations; elles appellent au lancement de nouveaux chantiers et à la multiplication des enquêtes.
Les Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire (XVIIe - XXIe siècles)
Au cœur de la dynamique réformatrice de l'Église du concile de Trente, en France, en milieu monastique de tradition bénédictine, se distingue une famille religieuse particulière, les Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire. Présente essentiellement dans l'?Ouest de la France et, depuis la fin du XIXe siècle, à Jérusalem, elle puise sa source dans une relecture originale de la Règle de Benoit de Nursie, fruit de l'itinéraire spirituel de son inspiratrice, Antoinette d'?Orléans (+ 1618) et de l'?activisme politico-religieux du Père Joseph de Paris, capucin et Eminence grise de Richelieu.Ce volume collectif propose, pour la première fois et à travers des études particulières, des regards croisés sur l'histoire au long terme de cette congrégation (XVII-XXIe s.): relectures de la Règle, anthropologie religieuse, cadre de vie et architecture, pratiques liturgico-musicales et spiritualité.Un volume qui, au-delà, s'inscrit dans une histoire de la femme en religion dans le catholicisme moderne et contemporain.
Le voyage anonyme dans les sociétés anciennes et modernes
Le voyage anonyme constitue une pratique qui a probablement existé à toutes les époques. Il n' en va pas autrement des motifs folkloriques et littéraires qui sont étroitement associés à ce sujet. Il reste que le champ thématique n' a guère fait l' objet d' analyses systématiques. Il en vaut pourtant la peine.En dépassant le caractère anecdotique attaché trop facilement à ce sujet, il s' agit de l' interroger sur tout ce qu' il enseigne – dans les situations historiques les plus diverses – sur les pratiques itinérantes.Le voyage anonyme, dans son " extravagance " même, dans son caractère liminal, constitue en effet un vecteur significatif des conditions du voyage et des façons de percevoir et d' apprivoiser celui-ci. L' expression regroupe l' ensemble des cas de figure caractérisés par des voyageurs amenés à dissimuler, temporairement, (une partie de) leur identité. Le changement de nom, accompagné ou non par l' adoption de faux papiers, ne constitue qu' un premier degré de tout un ensemble de techniques employées à ce propos. Si certaines d' entre elles semblent se reproduire, comme " à l' identique ", à travers les siècles, d' autres configurations naissent seulement à des moments historiques précis.Le présent livre cherche à sonder davantage ce domaine de pratiques et de représentations, en situant celles-ci dans le contexte historique qui les a faites naître. Inutile de souligner, à l' heure de l' afflux massif de réfugiés immigrants, à quel point ces pratiques sont encore à l' ordre du jour.
Si la pratique du jeûne s' est très généralement effacée dans les sociétés contemporaines, en dépit du développement récent du jeûne thérapeutique ou d'un retour – dont l' ampleur reste encore à évaluer – à l' observance du Carême en catholicisme, les privations alimentaires ont pourtant été millénairement le partage des peuples soumis à l'influence de l'un ou l'autre des trois grands monothéismes.L' objectif du présent volume est de fournir des éléments d' analyse en vue d'une approche comparée de la discipline du jeûne en christianisme, en islam et en judaïsme. La pratique du jeûne alimentaire, qui semble bénéficier d'un regain d'intérêt à la faveur du healthism contemporain, n' est, en soi, guère complexe – une privation de nourriture –, mais les sens et la portée morale que lui donnent ceux qui s'y appliquent au sein des grands monothéismes sont en revanche innombrables, et les formalités qui lui sont désormais affectées ont profondément changé par rapport à celles qui étaient originellement les siennes.
Cet ouvrage rassemble les actes d'un colloque qui s'est tenu à Limoges et au Dorat à l'occasion d'un anniversaire: le millénaire de la mort d'Israël du Dorat. Selon la tradition, ce clerc était chantre de l'église collégiale du Dorat, ou bien préchantre ou encore écolâtre. Il aurait été aussi le premier prévôt de l'église collégiale de Saint-Junien dont il aurait réformé la communauté de chanoines. Il aurait été, enfin, chapelain mais aussi auxiliaire d'Hilduin, l'évêque de Limoges qui meurt la même année que lui, en 1014. Quoiqu'il en soit des certitudes ou des incertitudes, Israël apparaît indéniablement comme l'un des personnages forts du Limousin de l'an Mil et surtout comme une figure exemplaire pour aborder la question des chanoines autour de l'an Mil.Depuis au moins une décennie, les études consacrées au monde des chanoines ont complètement renouvelé notre connaissance de ces communautés de religieux. La figure d'Israël du Dorat a ainsi fourni l'occasion d'un nouveau coup de projecteur sur des réalités anciennes souvent difficiles à appréhender et plus encore mal aimées ou mal perçues parce que " coincées " entre deux périodes mieux connues que sont les temps carolingiens et la Réforme grégorienne. Autour de lui bien des questions sont abordées à nouveaux frais: la culture et la formation de ces chanoines, leurs réseaux, le fonctionnement des communautés mais encore les cadres monumentaux qui accueillaient leurs célébrations et leur vie commune. C'est finalement un courant dynamique de réformes et de fondations qui est ici mis en exergue, ainsi que des figures de prélats énergiques.La mémoire d'Israël n'est pas moins digne d'investigation car, au XIIe siècle, il est une rare figure de saint chanoine. L'étude du dossier hagiographique se conjugue ici à celle des sources monumentales pour constituer un cas exemplaire d'édification de la sainteté mais aussi de réécriture de l'histoire d'une communauté canoniale. Au-delà des textes, la collégiale romane du Dorat est sans nul doute le plus beau témoignage de la réussite de l'entreprise et de ces chanoines.
Communauté monastique et congrégation (XIe siècle - fin de l'Ancien Régime)
Ce livre analyse les processus par lesquels l'abbaye bénédictine de La Chaise-Dieu et son bourg monastique se sont construits, pensés et patrimonialisés du XIe au XVIIIe siècle au sein d'une région en marge, les Monts du Livradois.La tâche des historiens, des archéologues et des historiens de l'art qui ont participé à cette synthèse est à la mesure de ce patrimoine : immense. Elle ne saurait donc être épuisée par les 29 contributions de ce volume d'actes qui témoignent de la variété disciplinaire et de la vivacité d'une recherche en marche, mettant en évidence la force d'une communauté spirituelle, le poids des contraintes naturelles, contingences humaines ou traditions artistiques locales et le succès des modèles importés.
Spécialiste de l'histoire de la Catalogne médiévale, Michel Zimmermann se propose d'accompagner la genèse de la Catalogne, territoire et communauté géopolitique, jusqu'au jour où le surgissement d'un nom spécifique (coronyme) apparaît à la fois comme un acte de naissance et une demande de reconnaissance adressée au monde contemporain.Il ne veut pas écrire un récit événementiel de cette genèse catalane ; d'excellentes histoires de la Catalogne s'appliquent à en décrire chaque étape et à en dégager la signification symbolique ou prémonitoire. Le propos de l'auteur consiste à soumettre la documentation contemporaine moins à une analyse qu'à un inventaire testimonial, à dégager les représentations (Weltanschauung) communes à ceux qui vivent dans l'espace appelé à devenir la Catalogne ; ces représentations nous sont transmises par la seule écriture ; elles émanent de ceux qui maîtrisent l'écriture et sont généralement celles des hommes de pouvoir, mais peuvent parfois intégrer des mots de la langue vernaculaire, provenant de ceux qui n'ont pas accès à l'écriture ou que l'écriture ne parvient pas à transposer, jusqu'au moment où cette même écriture se voit contrainte d'accueillir et de diffuser un mot nouveau, de portée à la fois descriptive et institutionnelle, dont la signification invite l'historien à la réflexion.Une telle approche ne se justifie que si elle respecte la culture des contemporains, souvent plus pragmatique que rigoureusement juridique que la nôtre et ne cherche pas à lui imposer des concepts anachroniques.
Une longue tradition assimile le voyage au dépaysement et à une "expérience de l'autre" dont l'authenticité repose avant tout sur le voyageur lui-même, peint en agent primordial de la médiation entre les cultures.Dans bien des situations, pourtant, le voyageur doit recourir à des inermédiaires – instances, personnes, objets – qui lui permettent d'approcher le monde étranger qui l'entoure pour en extraire le sens.Les contributions réunis dans ce livre analysent, à travers tout un ensemble de constellations historiques qui s'étendent de l'antiquité jusqu'au XXe siècle, le rôle de ces éléments médiateurs, autrement dit les formes, informelles ou institutionnalisées, d'une "réduction de l'inconnu".
Luttes locales, enjeu global (XIXe - XXIe siècles)
Depuis les années soixante-dix, certains conflits environnementaux sont restés dans la mémoire collective comme des moments d'opposition irréductible entre deux systèmes voire entre deux mondes, à l'instar, en France, du Larzac, de Plogoff ou encore de Notre-Dame-des-Landes. En rassemblant des chercheurs d'horizons disciplinaires variés, cet ouvrage entend dépasser ces cas emblématiques pour observer comment, dans les conflits locaux, les relations de l'homme à l'environnement furent interrogées, débattues et parfois remises en cause. Ces contributions s'inscrivent ainsi dans un profond renouvellement des études consacrées à la question du rapport des sociétés à l'industrialisation et à la crise écologique.Vues d'en bas, saisies au plus près des multiples acteurs qui, sur le terrain, les animent et les font évoluer, les scènes conflictuelles examinées concernent le Japon de l'ère Meiji, les paysages de l'Ain dans les années soixante-dix en passant par les Antilles contemporaines. Elles montrent la variété du répertoire d'action et la manière dont sont conjugués contestation, résistance et négociation. Tour à tour légaux et extra-légaux, ouvertement partisans ou apparemment apolitiques, ces conflits sont donc porteurs de renseignements essentiels sur la construction et la diffusion d'une conscience environnementale sur la longue durée. Le parti pris de l'échelle locale montre alors sa fécondité, rappelant s'il était besoin à quel point Schumacher avait raison en affirmant: " small is beautiful ".
Ostensions limousines et faits religieux (XVIe-XXe siècle)
Quel est le sens de ces cortèges aujourd'hui dans un monde qui se veut déchristianisé? Ils conservent une signification religieuse forte car ils restent une forme importante de la piété; une manifestation d'attachement aux saints qui s'inscrit dans un passé communautaire. Ils font partie de cette " prière des pieds " qui renaît en notre siècle si avide de pèlerinages lointains et d'efforts des croyants. Ils s'adaptent aux plus récentes évolutions spirituelles. Ces processions sont aussi des objets patrimoniaux. À ce titre, elles appuient des revendications identitaires et favorisent des aspirations touristiques. Elles peuvent alors devenir des manifestations purement historiques ou des corsos fleuris.Enfin, les processions ont une fonction fédératrice. Les populations s'en emparent bien avant le jour de la célébration. Des associations diverses, confréries pieuses ou non, construisent les chars, entretiennent les costumes, montent d'éphémères décors… Le jour même c'est la communauté qui se retrouve dans la rue.La France qui aime s'interroger, voire se déchirer, sépare fermement le culturel et le cultuel. Mais que se passe-t-il vraiment dans l'esprit des populations? Chez le plus grand nombre, l'aspect festif et collectif abolit, pendant le temps exceptionnel, les différences pour créer autre chose. C'est ce qui fait la richesse d'un phénomène identitaire.
Gouvernement des finances et mobilité sociale au XVIIe siècle
Jusqu'à quel point était-il possible de s'enrichir et de s'élever socialement au XVIIe siècle en Espagne? Sous l'Ancien Régime, l'ascension sociale demeurait problématique, surtout pour les hommes nouveaux impatients de constituer un lignage nobiliaire. En brûlant les étapes d'un processus réclamant du temps, ils faisaient fi des usages et des conceptions alors prégnantes de la mobilité.Ce livre raconte et analyse les ambitions, les stratégies, les réussites et les déconvenues de Rodrigo Jurado y Moya, fils d'un laboureur andalou qui amassa l'une des plus belles fortunes d'Espagne dans la première partie du règne de Philippe IV, avant d'être l'objet d'une visite judiciaire. Accusé de malversations et de corruption, il fut dépouillé des hautes charges qu'il exerçait au sein de l'appareil financier de la monarchie et mourut en 1650, couvert d'ignominie.À partir du cas Rodrigo Jurado y Moya, l'ouvrage mobilise un très vaste corpus documentaire sur sa famille, sa parenté, ses relations, ses activités d'officier, ses rêves seigneuriaux. Les potentialités de la micro-histoire sont finement exploitées et permettent de dévoiler les modalités méconnues de la participation des juristes au gouvernement des finances.À rebours de l'image convenue d'une société espagnole ankylosée et asphyxiée par la " crise ", la recherche démontre l'inventivité et les intérêts partagés des experts de l'acrobatie financière et fiscale. Grâce à leurs savoirs, leurs compétences, leurs ressources, ces hommes forts du siècle de Vélasquez maintiennent à flot la monarchie hispanique comme le démontre de façon probante cette enquête au cœur de son système financier réalisée par Sébastien Malaprade.