La société japonaise contemporaine est gravement confrontée à la question foncière. Elle a en effet connu, à la fin des années 1980, une inflation extrême du prix des terrains, suivie d'un dégonflement brutal de cette "bulle spéculative". Or, ces deux épisodes récents participent d'un problème structurel de l'organisation sociale et spatiale de l'archipel nippon. Plus généralement, la confrontation de points de vue de géographes, d'urbanistes, d'économistes et de juristes, français et japonais, permet d'éclairer les fils complexes que le monde contemporain tisse entre le terrain et son prix, la ville et sa valeur, le territoire et son coût.
À travers des problèmes qui vont du plus général (rapports entre sujet et objet, nature et culture...) au plus technique (protection contre les séismes, péréquation des charges et des profits de l'aménagement...) et dans une confrontation accompagnée de synthèses de plusieurs niveaux, cette analyse des cas français et japonais dégage des singularités et aussi des régularités qui montrent que l'urbanologie — et l'urbanisme donc — ne peut se passer de comparaisons précises avec les villes d'ailleurs, les villes des autres.
Qui détient véritablement le pouvoir au Japon : le citoyen comme le prescrit la Constitution démocratique, l'oligarchie des milieux d'affaires, l'esprit éternel d'un peuple singulier ? Deux juristes, deux sociologues, un politologue japonais et trois spécialistes français de l'économie, de la géographie, de la science politique apportent à la question l'éclairage de leurs analyses croisées. Une éducation poussée, une presse pléthorique, un niveau de vie amélioré, une justice garantie suffisent-ils à desserrer la pression du conformisme social sur l'individu ?