Après la publication du Soi et son cerveau (Rue d'Ulm, oct. 2018), ce volume vient clore la publication des œuvres de Popper en langue française (à l'exception de textes datés consacrés quasi exclusivement à la physique quantique).Les écrits de jeunesse montrent la genèse de l'œuvre poppérienne dans une Vienne éducatrice et matrice de savoirs neufs (réforme scolaire, néopsychologie, Cercle de Vienne) au sein d'un milieu cosmopolite progressiste, et l'environnement d'un penseur enthousiaste dans ses premières réalisations. Ils traitent aussi bien de la relation élève-enseignant que du processus de mémorisation, de l'idée de patrie que de l'" expérience vécue de la règle ".En appendice : K. Popper, Réflexions sur la réforme scolaire à Vienne et son influence sur moi(écrit en 1970).
Traduit une première fois en 1953, ce roman faulknérien servi par une écriture splendide devait être réédité. Il égale, à plus d'un titre, les plus belles réussites de la littérature sudiste contemporaine, et c'était celui de ses six romans que Shelby Foote préférait.Ampleur de la période historique embrassée, de la fin de la guerre de Sécession à la Seconde Guerre mondiale, ingéniosité de l'intrigue, personnages inoubliables, subtilité de l'analyse psychologique, richesse des thématiques abordées, exigence non dénuée d'humanité, portée par un humour parfois désespérant – L'Amour en saison sèche démontre de manière exemplaire ce que peut être une fidélité vraiment créatrice.L'œuvre nous transporte dans ce Sud qui a toujours fasciné les lecteurs français à travers ses plus brillants représentants: Edgar Poe, Eudora Welty, Flannery O'Connor, Truman Capote, Erskine Caldwell, William Styron…Une redécouverte.
Des écrits de Bramante ne sont parvenus jusqu'à nous qu'un fragment de traité sur l'architecture, une brève missive et les vingt-cinq sonnets réunis ici, jamais traduits en français. Deux grandes thématiques se dégagent: la souffrance d'amour, traitée sur le mode pétrarquisant, et les demandes de soutien financier que le poète adresse à son mécène et ami, Gaspare Visconti.Ces sonnets illustrent la richesse et la finesse du style de Bramante, certainement plus accompli que celui de Léonard, et témoignent de son goût du burlesque. Un goût qui s'exprime par exemple dans les vers sur le thème, autobiographique et auto-ironique, des chausses en piètre état, emblème de la misère matérielle de l'artiste. Ils sont aussi un document précieux sur ce qu'on peut appeler la forma mentis, la " mentalité " d'un homme de la Renaissance.La traduction française s'efforce de rendre justice à la forme canonique de ces sonnets, en optant pour un vers régulier et rimé, et en proposant parfois des variantes métriques.Inédit en français, texte bilingue
Le Soi et son cerveau n'est pas le premier texte consacré par Popper à ce que les philosophes de langue anglaise appellent le "body-mind problem". Non plus que le premier soutenant que la solution correcte à ce problème est l'interaction des états mentaux et des états physiques. Popper a déjà précisé sa théorie en affirmant que cette interaction concerne aussi un troisième monde ou "Monde 3". Mais pour la première fois, il met au centre de son interactionnisme une théorie du self, du soi, de son existence, de son unité, de son identité, de sa continuité. C'est la grande nouveauté de ce livre, inédit en français.
Dans cet essai inédit en français qui est devenu un classique sur la question du traduire, Folena fait dialoguer avec les grands théoriciens de notre temps nombre d'auteurs anciens (d'Aristote à Cicéron et Jérôme, de Marie de France à B. Latini, Boccace ou L. Bruni...), sans négliger les avancées théoriques de Dante. Comment se définissait l'exercice de la traduction médiévale et humaniste? Quels étaient ses critères? Que visait la transposition d'une langue à l'autre? Facteur crucial de la diffusion de la culture et de l'expérience religieuse et littéraire entre le XIIIe et le XVe siècle, la traduction s'affirme peu à peu, à travers les néologismes traducere ou tradurre, comme une pratique artistique autonome, affranchie de l'autorité des langues sources, ouverte aux échanges entre langues voisines – une nouvelle herméneutique.
Si Montaigne, au premier livre de ses Essais, exhortait son lecteur à "voyager pour frotter et limer sa cervelle contre celle d'autrui", cette phraséologie invite à rejoindre, à travers les siècles, les grands auteurs de la langue grecque, en offrant l'occasion de fréquenter leurs mots et leur pensée.Florilège de citations éparses, regroupées par thèmes, ce livre se révèlera particulièrement utile aux étudiants qui pratiquent le thème grec et aux agrégatifs qui vont s'affronter à cette épreuve. En regroupant plusieurs centaines d'expressions idiomatiques, Auden engage les étudiants à faire leurs propres choix dans les textes qu'ils sont amenés à lire, pour mettre en œuvre une véritable innutrition.La " kalligraphie " (Plutarque) prend ainsi chair non seulement dans la formation des lettres grecques mais également dans l'emploi d'un beau style, que les auteurs du passé peuvent façonner encore aujourd'hui.
" Une anticipation qui tient du rêve " : c'est en ces termes qu'Adorno caractérisait rétrospectivement ses premiers écrits philosophiques. Contemporains du livre sur Kierkegaard (1933), " L'actualité de la philosophie ", " L'idée d'histoire de la nature " et les " Thèses sur le langage du philosophe " font ressortir l'unité et la continuité de cette pensée dont ils marquent le coup d'envoi. Témoignage essentiel sur la situation de la philosophie en Allemagne à la veille du nazisme, ces trois textes montrent Adorno aux prises avec Husserl, Heidegger, Lukács, à la recherche d'une nouvelle pensée de l'histoire et de la société qui permette à la philosophie de répondre à la crise de l'idéalisme et à la menace de liquidation que les progrès des sciences font peser sur elle. Profondément marqué par la lecture de Benjamin, le contre-programme que formule Adorno constitue également une sorte de " discours de la méthode " qui fixe le cadre théorique où se déploieront tous ses travaux à venir, jusqu'à la Dialectique négative et la Théorie esthétique.
Solitudes (1613-1614), le grand poème lyrique de Góngora, est un texte d'une difficulté notoire, riche en audaces et à la subtilité ardue. Les deux premiers chants, inachevés, " Solitude des champs " et " Solitude des rivages ", nous entraînent loin de la cour et des villes. Cette traduction inédite s'efforce de restituer toute la surprenante nouveauté de l'œuvre et d'en faire entrevoir la splendeur et la modernité.
Le Discours sur notre langue (1524) est la seule incursion de Machiavel dans la linguistique et l'une de ses œuvres les plus personnelles. Véritable plaidoyer patriotique en faveur des droits du parler florentin, il affirme que la littérature italienne naît à Florence avec Dante, Pétrarque et Boccace, dont tous les autres écrivains d'Italie ont dû apprendre la langue, tant leur propre parler était inapte à la littérature. Le Discours constitue ainsi l'acte de naissance de la " question de la langue ", qui mobilisera ensuite pendant des années de nombreux lettrés italiens. Il vaut notamment par le dialogue central entre Dante ressuscité et Machiavel, qui convoque l'auteur de La Divine Comédie en personne pour le soumettre à un interrogatoire serré sur ses choix linguistiques et stylistiques – et le désavouer.
En 1679, un abbé français, Paul de Marenne, agent secret de Louis XIV, parcourt la Moldavie, principauté soumise aux Turcs et durement rançonnée par les lourds tributs versés à ceux-ci comme au souverain, Georges II Douca. Entre deux festins, l'abbé se trouve mêlé à l'aventure amoureuse d'un jeune noble, Alexandre Roussét, avec la princesse Catherine, fille de Georges, qui a fait destituer et exiler le père d'Alexandre. Les quatre personnages se retrouvent l'année suivante à Istanbul. L'idylle des deux jeunes gens, d'abord aidés par l'abbé français et par une vieille Tsigane, va connaître une fin dramatique. Sur fond d'intrigues balkaniques, le récit multiplie les allusions aux injustices et aux dictatures de toujours.
Traduit pour la première fois intégralement en français, l'essai Sur l'origine de l'activité artistique, paru en 1887, est un texte décisif pour la pensée des arts. Fiedler récuse le point de vue d'une esthétique qui joue le rôle de caisse de résonance d'un bon goût très codé socialement. Selon lui, l'esthétique a voulu lier le destin de l'art à celui de la beauté, ne s'occupe que des effets des œuvres sur les individus et ne s'atèle jamais à définir la nature et l'essence de la production artistique. Fiedler s'applique donc à recentrer la réflexion sur l'activité de l'artiste comme constitution d'une réalité : l'art, loin d'imiter la nature ou de représenter l'idéal, construit des formes d'être qui deviennent visibles et consistantes par l'action de l'œil et de la main de l'artiste. Cette critique aiguë du romantisme et du réalisme est une manière de clore le XIXe siècle et d'ouvrir la voie aux avant-gardes. La pensée de Fiedler invente une théorie de la connaissance sensible qui répond aux préoccupations des artistes d'aujourd'hui.
Eva (1927-1928) est le dernier roman publié par Carry van Bruggen. L'auteur manie avec finesse la technique du " flux de conscience ", alors presque inconnue dans la littérature d'expression néerlandaise, pour nous faire partager les pensées et les interrogations de son héroïne.En quête d'authenticité dans sa vie intime et de vérité dans le domaine métaphysique Eva s'efforce de démêler les aspirations contradictoires qu'elle ressent dans unes société marquée par les interdits et les tabous. Porté par un style méditatif et poétique, le lecteur suit le cheminement intérieur de l'héroïne et accompagne sa réflexion sur des questions politiques, sociales et existentielles qui, malgré l'évolution qu'ont connue les sociétés européennes, nous touche encore profondément.