Cet ouvrage collectif de la collection " Chemins Croisés " propose de partir des objets de lamigration pour appréhender la condition des sujets en exil. Tour à tour vestiges, déchets oureliques, rares ou courants, les objets rapportent la pluralité des lieux, des frontières auxcampements, des espaces de soin psychique aux scènes littéraires et visuelles, de la maison aumusée. À l'inverse, l'expérience de la migration transforme les objets, leurs fonctions etusages techniques et sociaux. Selon les situations, un rasoir ne sert plus à raser, un saz est bienplus qu'un instrument de musique, une peluche est autre chose qu'un jouet. Les objets mettentainsi au jour les savoir-faire et savoir-être des exilés tout autant qu'ils rapportent les violencespolitiques et servent d'ancrages mémoriels. Hors de l'expérience des sujets, certainsdeviennent emblématiques des représentations des phénomènes migratoires, à l'instar du giletde sauvetage, plus symbole de mort que de vie. C'est précisément l'objet de ces contributionsmultidisciplinaires que d'interroger l'existence d'une culture matérielle de la migration etdans la durée d'une langue matérielle de l'exil, de montrer en quoi l'objet fait trace et comment il fait place au sujet.
Comment rendre compte de l'effet " trace " de la lettre viatique – de cette trace qui, dans la correspondance, peut être lue comme " le voyage même "? L'ambition de cet ouvrage, qui s'inscrit dans la continuité de la collection " Chemins croisés " en ouvrant des perspectives nouvelles sur l'écriture de l'ailleurs, est d'examiner les rapports entre l'écriture épistolaire et le voyage à travers les nombreuses traces que laisse la lettre viatique dans la littérature anglophone et francophone de la fin du XVIIIème siècle à nos jours. Spécialistes de littérature française, francophone et anglophone croisent ainsi leurs champs disciplinaires pour se mettre à l'écoute des lettres, réelles ou fictives, qui inscrivent leur trace dans notre connaissance, scientifique ou littéraire, du monde. L'originalité de cet ouvrage réside également dans les lettres d'écrivains qui ont été spécialement écrites pour ce volume. En tissant écrits critiques et textes d'auteurs, ce livre propose de suivre les relations qui se nouent entre l'œil et le regard, ces deux modalités du voir qui entrent en jeu dans notre approche de l'espace géographique et littéraire. Ainsi l'œil du scientifique analyse la matérialité de la lettre, suit le tracé des échanges, fait entrer en résonnance la sphère intime et l'arène publique, prend le pouls du vivant pour mieux appréhender la matière. Simultanément, le regard des écrivains nous invite à percevoir le relief du monde, à écouter l'appel du poète qui esquisse, derrière les apparences sensibles, une présence qui approfondit l'espace et qui recrée ce qu'Yves Bonnefoy appelait " la terre humaine. " A la croisée des disciplines, des époques, des territoires et des langues, cet ouvrage s'adresse non seulement aux spécialistes de l'épistolaire et de l'écriture du voyage, mais également à tous ceux curieux de saisir dans le tracé des lettres " l'usage du monde ".
Dans le contexte d'une mondialisation qui estompe les frontières mais exacerbe aussi les identités nationales, le triomphe de l'anglais comme langue des échanges internationaux s'accompagne de revendications de plus en plus fortes de langues régionales ancrées dans le local. La dimension " glocale " de la communication se manifeste à travers l'utilisation de nouvelles technologies et de nouveaux réseaux qui brouillent l'origine du message tout en facilitant sa diffusion, remettant en question la conception traditionnelle de l'autorité comme origine et garantie. Dans le domaine de la création littéraire qui est le sujet de cet ouvrage, se pose la double question de la représentationet de la représentativité: pour qui parle-t-on? au nom de qui?C'est à travers la figure hybride de l'auteur-traducteur, à la fois créateur et passeur, origine et relais, que cet ouvrage, qui s'inscrit dans la collection " Chemins croisés ", se propose de penser les mécanismes de transmission des textes et des formes littéraires afin de mieux comprendre les modalités d'autorité que fait naître le passage d'une langue à une autre, d'un pays à un autre.Les contributions réunies ici étudient différentes incarnations de cette figure, qui ont toutes en commun leur situation intermédiaire,au carrefour des cultures: le traducteur devenu auteur, l'auteur confirmé se revendiquant traducteur, l'auto-traducteur, principalement dans les domaines francophone et anglophone, mais aussi hispanophone, ou encore lusophone, de la Renaissance à nos jours.
Dans le prolongement des précédents ouvrages de la collection " Chemins croisés ", ce recueil d'articles de jeunes chercheurs anglicistes adopte une perspective pluridisciplinaire et transnationale afin de faire émerger de nouvelles pistes dans le champ d'étude des mécanismes de (dé)construction de l'altérité dans le monde anglophone.L'altérité se construit et se déconstruit d'abord dans le discours, par des mécanismes linguistiques de différenciation ou d'assimilation qui permettent de penser l'autre et de le désigner. Elle est travaillée en littérature et dans les arts représentatifs par des figures de dissociation ou de comparaison, par la fixation de types et la création de voix; elle est constamment interrogée, remise en cause ou renversée par les littératures minoritaires ou postcoloniales. Elle forme enfin le cœur de problématiques identitaires collectives concernées par la définition et les rapports politiques entre groupes sociaux ou entre nations. Elle traverse l'histoire de la colonisation et de la décolonisation, des luttes sociales, des conflits armés, du rapport entre pouvoir et minorités.Le rapprochement de ces mécanismes linguistiques, culturels ou politiques dans le présent ouvrage permet d'offrir des éclairages multiples et de souligner des convergences possibles dans l'étude d'un sujet complexe et essentiel à l'heure du renouveau des discours identitaires.
La mondialisation, les mouvements de population et l'accélération des échanges internationaux signifient que nous sommes tous potentiellement étrangers, avec toutes les connotations que ce terme peut porter en lui. Cela implique aussi que le bilinguisme et le recours aux mots étrangers touchent un nombre incommensurable de personnes, qu'il s'agisse des couples de nationalités différentes dont les enfants bilingues vivent entre deux langues, des immigrés vivant en situation de diglossie entre leur foyer et leur pays d'adoption, ou encore des personnes qui, dans le cadre de leur travail, côtoient des collègues de tous horizons et parlent un anglais " globish " entre deux meetings. En littérature contemporaine, de nombreux auteurs ayant immigré ou choisi l'anglais pour s'ouvrir un plus grand public incorporent leur double culture et leur double langage dans leur écriture. Un des premiers écrivains du vingtième siècle à avoir accepté et revendiqué haut et fort son héritage polyglotte est Vladimir Nabokov.Sa prose en anglais porte les traces d'un métissage linguistique qui lance au lecteur une invitation au voyage. Elle se caractérise également par une grande créativité qui incite le lecteur à jouer avec le texte et ses nombreux calembours. C'est cette invitation au voyage et au jeu que cet ouvrage se propose de suivre et d'éclairer.
Dans le prolongement des trois premiers ouvrages de la collection Chemins Croisés, ce recueil met au travail ce qui se joue autour du passage des frontières qu'elles soient géographiques, politiques, sociales ou qu'elles se trouvent dans la langue ou entre les langues. Ce ne sont pas seulement les migrations du xxie siècle qui sont évoquées ici: l'objectif de cet ouvrage est plus vaste. Il sera aussi bien question de récits de migrations, de représentations de la figure du migrant ou de l'étranger, des voix ou des lettres migrantes de la littérature du Moyen Âge à celles de la postmodernité, que d'interrogations plus théoriques sur les espaces et la figuration du seuil dans les domaines artistiques, qu'il s'agisse de littérature, de peinture, de musique ou de cinéma. Les différents chapitres mettent en relation les problématiques historiques, littéraires, esthétiques et métaphysiques à travers lesquelles se déclinent la question des migrations et des exils mais aussi le paradigme de la traduction.
Comment l'entrecroisement des langues nourrit-il la création littéraire et contribue-t-il à construire le cadre historique, géographique et social d'une œuvre? Ce volume rassemble un ensemble de travaux portant sur les enjeux de l'hétéroglossie dans l'écriture d'un texte et, de façon complémentaire, dans sa traduction d'une langue à une autre. Comprendre les mobiles qui ont incité les auteurs anglophones à emprunter des expressions françaises ou étrangères, montrer comment l'entrelacs des langues participe de l'écriture littéraire et analyser la pertinence de l'interaction des langues dans un texte, voilà les questionnements qui sous-tendent l'ensemble des textes présentés ici.Essentiellement consacré à un corpus anglophone, ce volume ouvre le champ d'investigation à des textes écrits en d'autres langues, notamment le russe et le siamois. Les réflexions engagées abordent les problématiques de la polyglossie à la fois sous l'angle théorique et critique d'une poétique du texte littéraire et sous l'angle pratique de la traduction de ces traces du multilinguisme dans un texte.
Ecrire les migrations, les errances et les exils, c'est se tourner vers les problématiques des déplacements et des passages. Se pose alors la question de la définition de l'écriture migrante, définition nécessairement mouvante selon que l'on s'intéresse aux artistes qui choisissent la problématique de l'exil pour mettre en scène un questionnement identitaire ontologique ou à ceux qui, ayant eux-mêmes subi ou choisi l'exil, transforment leur propre exil en un exercice d'espoir dans un double mouvement mnémonique et didactique. Qu'il s'agisse d'une littérature de migrants ou sur les migrants, d'exils politiques ou d'exils imaginaires, l'esthétique de la migrance se construit dans la fracture et dans la perte pour réaffirmer le droit à la vie à travers une nouvelle éducation du regard : celui du sujet sur lui-même et sur l'autre, celui de l'autre sur l'étranger. Dès lors l'exil ne saurait se concevoir simplement comme une expérience purement physique et accidentelle, mais devient la condition même de notre relation à autrui, bouleversant les frontières commodes entre le dedans et le dehors. L'expérience de l'exil conduit ainsi le sujet à hanter les marges du langage, à s'ouvrir à d'autres langues, pour devenir cet " hôte [...] dont le métier est de demeurer vulnérable à de multiples présences étranges, qui doit garder ouvertes à tous les vents les portes de son logis du moment ".
Cet ouvrage met en question les termes de frontières, de marges et de confins dans une perspective pluridisciplinaire. Il aborde respectivement, l'éthique des frontières, l'espace psychique, l'altérité et les marges telles qu'elles sont vécues et perçues dans les champs de la sociologie, de l'histoire, de l'histoire de l'art et des arts du spectacle. Il interroge également les marginalités créatrices de l'écriture et la représentation des marges en littérature. Témoin de la volonté d'un groupe de chercheurs en sciences humaines de sortir des champs de leur discipline pour esquisser un espace transfrontalier, il inaugure la collection " Chemins croisés ". En faisant émerger de nouveaux objets d'investigation, de nouveaux paradigmes dans une zone frontalière où s'épanouissent les échanges, ces chercheurs souhaitent, tels les drogmans d'antan, servir d'interface en incarnant la fécondité des espaces d'entre-deux dans lesquels s'enrichissent les langues et les cultures. Penser la frontière, les marges et les confins, c'est convoquer la figure de l'étranger, esquisser celle du passeur, dévoiler l'in-su que chacun porte en soi et instaurer des passerelles entre générations et civilisations ; c'est affirmer, pour reprendre les termes de Montaigne, que nous " pensons toujours ailleurs ".