Ce livre porte sur les analyses et les enquêtes effectuées tant par des chercheurs en sciences sociales que par des praticiens humanitaires et des défenseurs des droits de l'homme dans des contextes de guerre, de génocide et de crimes de masse. Ici, praticiens et chercheurs se donnent pour but commun l'exploration des logiques qui ont gouverné et gouvernent leurs pratiques. En effet, dans certaines situations, ces catégories d'acteurs interviennent simultanément et en fonction d'objectifs qui conduisent parfois à des coopérations, des rapprochements mais aussi à des affirmations d'hétérogénéité de leurs démarches. À partir de leurs expériences en Syrie, au Rwanda et en République démocratique du Congo, les auteurs traitent de l'un ou plusieurs des thèmes suivants: les déterminants locaux des tueries de masse, les modalités des conduites de secours et leurs effets, les actions des agences multilatérales onusiennes, les activités de la justice pénale internationale et des institutions judiciaires nationales, les engagements des organisations de défense des droits humains…
L'incorporation de la preuve et de l'indice à l'ère de la génétique
L'usage des données génétiques par la police et la justice a connu un développement spectaculaire au cours des trente dernières années. S'appuyant sur des entretiens, sur l'observation de procès et sur l'analyse de documents, cet ouvrage analyse les enjeux sociaux et juridiques de ces innovations en France. Les auteurs étudient les pratiques quotidiennes des professionnels confrontés à ces nouvelles techniques, les débats et les défis qu'elles suscitent, ainsi que les textes législatifs et réglementaires qui les régissent. Ces pratiques soulèvent de nombreuses questions importantes, d'une part sur la place de la science dans la production et l'administration de la preuve pénale, d'autre part sur les débats concernant l'équilibre entre le respect des droits individuels et la sécurité des populations; enfin sur les techniques récentes et les nouveaux cadres normatifs. L'ouvrage met en lumière le rôle parfois controversé, mais globalement peu débattu, de l'ADN dans l'établissement des vérités judiciaires et des bases de données. Il s'agit du premier ouvrage de sciences sociales publié en français sur ce thème.
Quels sens donner aux pratiques sonores et musicales dans les situations de violence organisée? Comment penser la relation dynamique qu'entretient le son avec l'expérience sensible des lieux, des personnes et des événements? Ce livre est organisé autour de deux propositions.La première est que les expériences sonores en contexte de violence organisée peuvent être comprises non seulement comme des événements politiques, mais comme ce que nous proposons d'appeler des "lieux de mémoire sonore".Notre seconde proposition est que ces lieux de mémoire sonore peuvent être appréhendés sous une double perspective, à la fois la face noire et la face lumineuse d'un même phénomène. D'une part, le son, la musique et le silence sont utilisés comme des armes en contexte de violence organisée, que cela soit par exemple dans certains lieux de détention ou en situation de guerre ou de conflit politique. D'autre part, ils constituent des ressources symboliques qui contribuent à la (re)construction de subjectivités, notamment dans des situations faisant suite à des expériences d'exil forcé et de violence organisée.Lieux de mémoire sonore est une somme exceptionnelle sur les usages des sons et des pratiques musicales dans des situations de crise humanitaire, de guerre civile, d'exil ou de catastrophe naturelle. Ce travail conjoint entre chercheurs et musiciens présente différents contextes de violence organisée, et les exemples choisis couvrent de nombreuses régions du globe, depuis le Liban, la Syrie ou le Vanuatu jusqu'au Canada, au Viêt Nam et plusieurs pays européens.
À l'heure où de nouvelles formes de démocratie rencontrent les débats sur l'environnement, ce livre décrit deux expériences où citoyenneté et prise de conscience écologique se mêlent.En Poitou-Charente, Laura Seguin a suivi une conférence de citoyens sur la gestion de l'eau. Ce dispositif de participation, destiné à inclure des citoyens dans les prises de décision, n'est pas sans rappeler la Convention citoyenne pour le climat. En Ardèche, l'expérience de la citoyenneté prend la forme d'une mobilisation contestataire contre l'extraction de gaz de schiste, plongeant le lecteur dans les rouages d'un mouvement de résistance et de fabrique d'alternatives écologiques.Ces expériences participatives, faites de débats conflictuels, d'échanges et de construction de savoirs, d'émotions et de délibérations, constituent pour ceux qui y prennent part – citoyens, acteurs associatifs, élus, professionnels des politiques publiques... – de véritables espaces d'apprentissages. En analysant le point de vue de tous les acteurs, cet ouvrage identifie à la fois ce qu'ils apprennent, et comment ils apprennent. L'enquête ethnographique et le recours aux sciences de l'éducation font l'originalité de ce livre qui propose de décrire et d'analyser finement des expériences d'apprentissages politiques.
La santé de la reproduction constitue un sujet d'inquiétude d'actualité en Inde: les taux de mortalité sont encore élevés, les pratiques d'avortements sélectifs féminins se poursuivent et l'accroissement démographique reste difficile à juguler. L'ouvrage suit l'anthropologue, des bidonvilles – où une ONG œuvre à la santé materno-infantile – à un hôpital public de la ville de Jaipur, au Rajasthan. À partir d'une enquête ethnographique de près d'un an et demi, l'auteure montre en quoi les programmes de santé censés garantir l'accès aux soins obstétriques renforcent les stéréotypes et les inégalités socio-économiques qui pèsent sur les bénéficiaires les plus vulnérables. Au croisement d'enjeux politiques, démographiques et socioreligieux, la santé de la reproduction apparaît comme un domaine éminemment sensible et politisé qui cristallise les tensions sociales (classe, caste) et le communautarisme hindou-musulman, au nom du progrès et des intérêts de la nation.
Que serait une santé sans médecins, une santé sans médicaments, une santé sans maladie?Anticiper les futurs de la santé ne peut se réduire à une anticipation de la santé du futur: tel est le postulat à l'origine de cet ouvrage. Le lecteur cherchera donc en vain une liste des nouvelles technologies qui forment ou formeront ce que certains voudraient appeler la santé numérique. Pour construire une vision, il ne suffit pas d'additionner des options. La démarche réflexive qui porte cet ouvrage a choisi d'en soustraire. Anticiper les futurs de la santé invite à s'interroger sur le champ de possibilités qui s'ouvre lorsque l'on se défait de certains tropismes, notamment technologiques ou organisationnels. L'ouvrage se propose d'identifier collectivement et le plus en amont possible les enjeux éthiques de ce qui pourrait advenir dans le secteur de la santé. Construits par sous-détermination, six futurs fictionnels sont confrontés aux regards d'anthropologue, médecin, philosophe et sociologue. Anticiper les futurs de la santé, c'est prendre soin de la santé du présent et de notre façon d'y être attentif sans contraindre l'espérance d'un futur meilleur. Cet ouvrage est une contribution dans la nécessaire construction d'une éthique de l'anticipation comprise comme éthique de notre façon de prendre soin du futur.
Du cyclone de Bhola en 1970 à la catastrophe de Tohoku et Fukushima en 2011, en passant par le séisme en Arménie de 1988, l'ouragan Mitch de 1998 ou le tsunami de 2004 en Asie du Sud-Est, un monde international des catastrophes dites " naturelles " a progressivement émergé.Pourquoi " naturelles " ? Depuis les années 1990, les phénomènes naturels – séisme, ouragan, tsunami, éruption volcanique – ne sont plus considérés comme seuls responsables des catastrophes : l'activité humaine accentue la vulnérabilité des territoires et des habitants face aux catastrophes, qu'il n'est donc plus acceptable d'imputer à la seule nature.Le monde social qui se construit autour de ces catastrophes est composé de nombreux acteurs issus d'horizons divers : secouristes, professionnels des ONG, diplomates, scientifiques... Pour former un " gouvernement international des catastrophes ", ils ont dû élaborer des normes, des standards, des outils et un langage communs afin d'harmoniser des façons de faire divergentes voire concurrentes.Cet ouvrage, fruit d'une ethnographie de sept années auprès des acteurs de ce monde, rend compte de ce travail continu et fait émerger les principales tensions qui l'animent : entre préparation et résilience, prévention et urgence, technologie et pratiques traditionnelles, commandement hiérarchique et organisation horizontale, paradigme aléa-centré et paradigme de la vulnérabilité...
À une époque où l'enseignement supérieur est à nouveau reconnu comme un moteur de développement économique, que les sociétés du savoir exigent de nouvelles compétences, rendant obsolètes les économies basées sur l'industrie manufacturière, et que le contexte dans lequel évoluent les universités accroît leur précarité et les oblige à s'adapter au mieux, on peut se demander quel rôle peut jouer la philanthropie internationale. Ce livre examine le rôle des fondations philanthropiques américaines et les nouvelles tendances qui émergent de ce contexte historique, les conditions dans lesquelles la philanthropie peut être efficace, les impasses que les fondations rencontrent régulièrement et les contextes dans lesquels les acteurs de la philanthropie mondiale opèrent aujourd'hui. Le livre fait le portrait des principales fondations qui investissent dans l'enseignement supérieur africain, celles qui ont une longue expérience du secteur ainsi que les plus récentes qui cherchent à y trouver une place. Plutôt que de présenter ces fondations comme des bienfaitrices venues sauver l'enseignement supérieur sur le continent, cette étude propose une vision nuancée qui cherche à mesurer leur impact réel sur les universités, ainsi que les partenariats " inégaux " qui s'établissent lorsqu'un des partenaires a plus de ressources que l'autre.
Commenter et partager l'actualité sur Twitter et Facebook
De plus en plus souvent l'information journalistique arrive directement sur les " murs " de nos réseaux sociaux, en priorité Facebook ou Twitter, mais aussi LinkedIn ou Snapchat et bien sûr via des vidéos mises en ligne sur YouTube ou DailyMotion. La médiation de ces plateformes pour accéder à l'information d'actualité n'est pas neutre.L'objet de ce livre est d'essayer de comprendre ce qui change dans notre rapport aux médias, notre relation à l'information dès lors que se met petit à petit en place un nouvel écosystème de l'information à l'ère des réseaux socionumériques. Que partage-t-on? Comment le faisons-nous? Comment commentons-nous l'actualité sur Twitter ou Facebook? Quels nouveaux usages, quels arts de faire les internautes mettent-ils en œuvre pour utiliser les dispositifs offerts par ces plateformes: hashtags, like, retweet, emojis et émoticônes…À l'heure des fake news, des risques d'enfermement dans des " bulles de filtre " via les recommandations de nos " amis " et des algorithmes, il est indispensable, pour le bon fonctionnement de nos démocraties, de prendre pleinement conscience du bouleversement qui se joue sous nos yeux, dans nos pratiques quotidiennes d'information.