Vivre au Château était le thème du colloque de Château-Thierry, XXIXe colloque Château Gaillard. Ce thème, choisi en liaison avec la problématique des recherches passées et présentes conduites dans la région, leur a fait une large place. Quant aux châteaux répartis dans l'espace européen, ce colloque a abordé plus particulièrement : la multiplication des sites castraux utilisés par une même famille en fonction des périodes de l'année ou de la diversité des activités et la répartition des lieux de vie au sein du château. Contrairement à une idée reçue selon laquelle le château médiéval représente le comble de l'inconfort, il a démontré que l'aménagement des lieux tient compte, dès la construction, de la lumière ou des vents dominants. Il a souligné aussi l'importance de la hiérarchie sociale au sein du château et les aménagements qui visent à la préserver, ainsi que l'importance des femmes, leur rôle et les lieux et fonctions qui leur sont spécifiques : cuisine, jardin, gestion. En\u0007 n, la vie quotidienne a été évoquée à travers des objets usuels comme la poterie par exemple, qui laisse d'abondantes traces archéologiques, ou à travers l'agencement des cuisines, ou encore à travers les rejets de consommation ou les déblais liés à des travaux. Les quarante-quatre contributions de cet ouvrage émanent de représentants des douze pays participants et les nombreux posters présentés ont permis de faire le point sur les fouilles actuelles, notamment sur les recherches conduites sur les châteaux de la région Hauts de France.
Le XXVIIIe colloque Château Gaillard s'est tenu au mois d'août 2016 à Roscommon (Irlande), site qui fournit un cadre de comparaison fort utile et bien exploité au thème retenu, " L'environnement du château ". Les contributions confirment les grandes avancées de la recherche européenne dans le domaine de l'archéologie du milieu. Reprenant et dépassant les études récentes qui ont montré comment la seigneurie a pu construire, avec des objectifs bien précis de valorisation du pouvoir, le paysage qui entoure le château, les études qui composent cet ouvrage s'attachent également à l'implantation initiale de la forteresse dans un paysage choisi, à une altitude bien définie, ou près de certains lieux symboliques ou économiquement utiles, et à la signification de ces choix. Les contributions réunies évoquent aussi la mise en place d'un réseau de communications et l'évolution dans le temps long de cette maîtrise du paysage environnant. Elles s'attachent enfin à la restitution actuellement possible de ce paysage, avec les moyens que cela suppose.Les articles qui composent ce volume émanent de chercheurs de dix états principalement d'Europe du Nord-Ouest, mais évoquent également l'exemple de Kaboul (Afghanistan). Ils mettent en évidence les moyens d'investigation nouveaux (modélisation, images 3D, radar, géophysique et LiDAR) qui permettent de reconstruire et de mieux comprendre l'organisation des châteaux.
Le XXVIIe colloque Château Gaillard s'est tenu au mois d'août 2014 à Bad Neustadt an der Saale (Allemagne) et avait pour thème " Château et commerce ". S'affranchissant de la lecture classique du château comme site militaire et résidence des élites, l'ouvrage aborde ces monuments comme lieux d'échange et de consommation de produits importés. Plus largement, leur mise en place obéit à diverses stratégies de contrôle des voies de communication, des ports, des marchés et des artisanats urbains qui en font des centres de prélèvement et de redistribution des taxes. Les contributions réunies abordent ces thèmes pour douze pays européens, mais évoquent également deux exemples issus de l'espace islamique. À travers l'analyse de réseaux castraux contrôlés par un même pouvoir et des études monographiques, ces différentes approches mettent en lumière une fonction du château qui avait parfois été sous-évaluée jusqu'ici.
Les contributions réunies dans ce volume explorent les rapports dynamiques entre les châteaux et leurs différentes formes attestées dans l'Europe du Moyen Âge et du début de l'époque moderne (VIIe-XVIIe siècle). Qu'il s'agisse de marches fluides et temporaires ou de frontières linéaires, ces secteurs ont souvent connu un fort investissement dans la défense et l'ostentation symbolique. Publiques ou privées, organisées ou non en réseaux, ces structures contrôlent l'espace et matérialisent des identités, mais elles facilitent aussi parfois les communications et les échanges. Ces lieux privilégiés de transferts culturels et architecturaux sont ici abordés dans un large espace compris entre l'Irlande et la Russie, la Scandinavie et la Champagne.
La question de la formation des bourgs et de leurs rapports avec le castrum intéresse les historiens et les archéologues depuis de nombreuses décennies. Loin d'aboutir à un épuisement des thématiques, cette attention des chercheurs sur une longue durée les a amenés à enrichir sans cesse leurs approches. La relecture des textes, l'archéologie, l'essor de l'analyse morphologique ont ainsi achevé de battre en brèche l'image d'un développement spontané des bourgs du Moyen Âge : la volonté seigneuriale de s'assurer des rentrées d'argent apparaît bien aujourd'hui comme la véritable raison du regroupement de populations. Cependant, la complexité des relations entre pouvoir, économie et peuplement amène à interroger plus avant les stratégies mises en place par les puissants pour contrôler des communautés d'habitants plus mobiles qu'on ne l'a souvent imaginé.
La Normandie a longtemps été considérée comme une province prospère et économiquement active, la plus peuplée du royaume et la première contributrice à ses finances. Sa situation privilégiée, tant au cœur de l'espace métropolitain, organisé autour de Paris, qu'en bordure de l'espace économique extraordinairement animé qu'a toujours constitué la Manche, n'est pas pour rien dans sa réussite comme espace de production agraire et industriel, et comme bassin de consommation. Le colloque des 4-8 octobre 2006, alternant rapports généraux et études de cas, a mis en lumière l'importance des échanges monétaires dans les campagnes normandes, la variété des investissements qui fondèrent sa puissance industrielle et l'ouverture de son système économique aux espaces européens.
L'image du château a été l'objet, en 2008, du 24e colloque Château Gaillard, lequel a abordé des thématiques très variées : cette image peut en effet aussi bien s'exprimer dans les sources iconographiques ou littéraires qu'être remise au jour par des fouilles archéologiques. Le croisement de ces points de vue amène naturellement à s'interroger sur la part de fantaisie dont peut faire preuve un enlumineur, sur la part de symbolique ou de fantastique que comporte la description des forteresses des récits littéraires, ou encore sur l'influence des légendes lors de la restauration de certains sites… Des exemples dans toute l'Europe et, au-delà, dans les États latins d'Orient portent le regard, tantôt vers l'extérieur, tantôt vers l'intérieur du château, tant sur l'image que souhaitent donner ses occupants que sur la vue dont ils veulent jouir.L'image du château, c'est aussi sa fonction. Les médiévistes savent que les châteaux ne sont pas que des forteresses militaires, mais le débat reste vif quant à déterminer si une fonction surpasse l'autre : le château est-il avant tout une résidence noble qui facilite la transmission du pouvoir ? La question conduit bien entendu à revenir sur la typologie des châteaux, que les découvertes récentes enrichissent toujours un peu plus.