La démocratie libérale est en crise dans le monde entier, incapable de faire face aux problèmes urgents tels que le changement climatique. Il existe cependant une autre voie?: la démocratie coopérative. Des coopératives de consommateurs aux coopératives de crédit, des coopératives de travailleurs aux mutuelles d'assurance, des organisations à but non lucratif à l'aide mutuelle, d'innombrables exemples prouvent que les gens qui travaillent ensemble peuvent étendre les idéaux de la démocratie participative et de la durabilité à tous les aspects de leur vie. Ces formes de coopération ne dépendent pas de la politique électorale, au contraire, elles exploitent les pratiques et les valeurs de longue date des coopératives?: l'autodétermination, la participation démocratique, l'équité, la solidarité et le respect de l'environnement.Bernard E. Harcourt développe une théorie et une pratique transformatrices qui s'appuient sur des modèles mondiaux de coopération réussie. Il identifie les formes les plus prometteuses d'initiatives coopératives et distille ensuite leurs enseignements dans un cadre intégré.Œuvre créative de théorie critique normative, Coopération offre une vision positive pour relever les défis impérieux qui se posent à nous et qu'en s'appuyant sur les valeurs fondamentales de la coopération et sur le pouvoir des personnes qui travaillent ensemble, un nouveau monde de démocratie coopérative est à notre portée.
Dans cette histoire du Brésil d'avant le Brésil, d'avant sa colonisation donc, l'archéologue brésilien Eduardo Góes Neves déconstruit l'image commune de l'Amazonie, trop souvent perçue comme une forêt vierge dépourvue de culture en périphérie sud-américaine.Pour ce faire, il retrace l'occupation humaine du bassin amazonien, dont l'histoire commence il y a plus de 11 000 ans, et ce jusqu'aux premières conquêtes européennes. Grâce à une approche historico-culturelle, Neves, grandement aidé par ses nombreux collaborateurs, nous présente une Amazonie au cœur du développement de son continent, lieu de regroupements de populations variées qui y ont vécu et qui auraient échangé avec des peuples lointains, issus même, pour certains, des hauts plateaux de la cordillère des Andes.En s'appuyant sur plus de 30 années de recherches, l'auteur fait revivre chronologiquement les femmes et les hommes qui ont peuplé l'Amazonie sous diverses manières, et qui ont été à l'origine de nombreuses innovations techniques et culturelles.Eduardo Góes Neves, en repensant l'histoire du bassin amazonien, nous invite surtout à reconsidérer ces peuples anciens qui, délibérément, auraient refusé de s'organiser en État et nous offre, ainsi, une vision décloisonnée des trajectoires humaines.
L'Institut berlinois de science sexuelle (1919-1933)
Fondé en 1919 par Magnus Hirschfeld (1868-1935), l'Institut berlinois de science sexuelle était sans équivalent. À la fois centre de recherche, de soins, d'enseignement et de sensibilisation, il rassemblait médecins, juristes, psychologues, militants et personnes concernées autour d'un projet commun : explorer la diversité des sexualités et défendre celles et ceux marginalisés en raison de leur orientation ou de leur identité.Au-delà de sa vocation scientifique, l'Institut constituait aussi un refuge : un espace de protection et de reconnaissance, où se nouaient des solidarités inédites et s'expérimentaient de nouvelles formes de vie. Symbole d'une société plus libre et plus juste, il s'imposa comme le laboratoire d'une modernité sexuelle et sociale durant la république de Weimar – avant d'être détruit par les nazis en 1933.Rainer Herrn retrace avec rigueur et sensibilité l'histoire intellectuelle, médicale et politique de cette aventure collective, en présentant la diversité de ses acteurs, ses débats, ses réseaux et ses contradicteurs. L'important héritage scientifique et social de ce travail pionnier du début du xxe siècle éclaire aujourd'hui encore les luttes pour l'émancipation.
Max Horkheimer, philosophe et sociologue, est l'un des plus éminents représentants de l'École de Francfort et de la théorie critique.Publié en 1963 et traduit ici pour la première fois en français, Du préjugé (Über das Vorurteil) réunit le texte d'un exposé de Horkheimer et la discussion qui l'a suivi, tenus en 1962.Dans ce court essai, Horkheimer analyse la structure du préjugé, sa forme apparemment inoffensive et ses effets destructeurs. Loin d'être une simple erreur de pensée, le préjugé relève d'une disposition à la fois psychique et sociale : il exprime le besoin de certitude, d'appartenance et de supériorité, il contribue à justifier et à maintenir les hiérarchies établies.La discussion, quant à elle, réunit sept intervenants venus de la philologie, de la théologie, de l'histoire, de la sociologie, du droit et de la critique d'art. Elle approfondit la réflexion sur les dimensions culturelles et psychologiques du préjugé, tout en soulignant le rôle essentiel de l'éducation et des médias pour le dévoiler et le combattre.À l'heure de la montée du populisme et des replis identitaires, Horkheimer nous ramène à une réflexion et à une vigilance critique face aux mécanismes qui divisent la société.
Ce portrait vivant révèle les distinctions sociales liées à la couleur de peau, au langage et aux modes de vie, une hiérarchie complexe qui fragilise la solidarité nationale de l'Égypte contemporaine.À travers les concepts de méritocratie, symbole des périodes d'ascension sociale par le mérite, et de décadence, reflet d'agissement égoïste et moralement défaillant, l'auteur dévoile les tensions profondes au coeur de la société égyptienne. Mêlant analyses historiques, sociologiques et culturelles, il analyse la difficulté à construire une citoyenneté républicaine dans un contexte géopolitique dominé par l'impérialisme américain et la montée de l'islamisme.Cet ouvrage éclairant, original et engagé, renouvelle l'écriture politique en s'ancrant dans le quotidien des Égyptiens et présente une réflexion nuancée sur les défis internes et externes à la construction d'un État moderne et démocratique.
Fernand Braudel, grand historien du xxe siècle, a profondément renouvelé notre manière de penser l'histoire, les sciences sociales et le monde." L'histoire n'est peut-être pas condamnée à n'étudier que des jardins clos de murs. Sinon ne faillirait-elle pas à l'une des tâches présentes, qui est aussi de répondre aux angoissants problèmes de l'heure ", écrit-il en mai 1946, dans la préface de La Méditerranée. Bien connu de ses lecteurs, c'est sur des cahiers d'écolier entre les murs d'un Oflag où il est prisonnier qu'il écrit ce grand texte. Ce que l'on sait moins, c'est qu'au même moment il prononce devant ses codétenus L'Histoire, mesure du monde, une série de conférences, long plaidoyer en faveur d'une forme d'histoire, la recherche d'une méthode pour s'écarter des remous créés par les évènements et se concentrer sur une histoire profonde (la longue durée) ; pas seulement celle du passé, mais celle qui mène à la connaissance de la condition humaine. Pour cela l'histoire ne peut se passer des autres sciences, aussi insiste-t-il sur l'importance du décloisonnement et de l'interdisciplinarité, allant jusqu'à envisager une nouvelle forme plus globale que serait la géohistoire.
Monika Wagner propose ici une première étude complète des matériaux dans l'art du XXe siècle, en s'attachant à leur mise en œuvre et à leur signification. À travers des œuvres particulièrement exemplaires, elle prend en compte les matériaux traditionnels, mais aussi ceux qui ont été nouvellement développés ou qui sont étrangers à l'art pour les replacer, au-delà des mythologies personnelles des différents artistes, dans le contexte de leurs utilisations et de leurs attributions ordinaires. La reconstruction critique de leur signification ouvre ainsi un nouvel accès à la compréhension de l'art moderne. Les matériaux convoqués et étudiés sont au cœur de l'art du XXe siècle, à commencer par la couleur en peinture, en passant par les objets de tous les jours ou provenant de la nature, jusqu'aux matières les moins palpables comme l'air ou la lumière. Les exemples que Monika Wagner a choisi d'élucider révèlent ce que nous disent ces matériaux dans la conjonction de leurs utilisations au cours de l'histoire et de leurs assignations sociales ou de sexe. De nombreuses illustrations complètent en les éclairant les analyses des œuvres étudiées.Monika Wagner (1944) est professeure émérite d'histoire de l'art à l'université de Hambourg. Ses recherches portent sur la peinture des XVIIIe-XXe siècles, l'histoire et la théorie de la perception, l'aménagement des espaces publics et, en particulier, la sémantique des matériaux de l'art. Son livre Das Material der Kunst. Eine andere Geschichte der Moderne (Munich, Beck, 2001) a fait date; le présent ouvrage en offre la première traduction française.
Les algorithmes jouent un rôle de plus en plus important dans notre vie sociale – dans les sondages d'opinion, dans le comportement électoral, dans la publicité. Ils influencent avant tout la manière dont le social peut devenir politique. Nous ne pouvons donc pas nous contenter d'utiliser les algorithmes ou d'accepter leur utilisation, mais nous devons clarifier fondamentalement où et comment nous voulons les utiliser. Ce n'est que si nous les considérons comme politiques et les traitons de manière démocratique que nous ne courrons pas le risque de nous y soumettre et de dépolitiser ainsi la société.