Dans quelle mesure peut-on faire confiance aux documents que l'on a sous les yeux? Sont-ils authentiques? Sont-ils complets? Ces objets, matériels ou numériques, produits il y a une minute ou rédigés il y a un siècle, de quoi sont-ils la trace?Depuis a création de la discipline par Jean Mabillon au XVIIe siècle, la diplomatique s'attache méthodiquement à démontrer l'authenticité ou la fausseté des actes, puis de tout type de document d'archives.Cet ouvrage présente, sous forme d'une édition commentée et enrichie, une sélection de billets de blog publiés par l'auteur entre 2011 et 2020 évoquant directement ou indirectement la diplomatique et ses fondamentaux. Grâce à son approche humoristique et à son ton personnel, parfois joyeusement provocateur, Marie-Anne Chabin initie le lecteur aux concepts de la critique diplomatique contemporaine et l'invite à s'interroger sur la portée et la fiabilité des écrits du quotidien. Ce sont ainsi soixante petits textes qui ont été rassemblés et dont la foisonnante diversité se laisse deviner par l'originalité de leurs titres: Temporalité, Stabilo, Sincérité, Osso bucco, Purgatoire…Huit chapitres thématiques replacent les observations et les questions abordées dans une réflexion construite et pédagogique. Une partie complémentaire de l'ouvrage propose d'aiguiser le regard diplomatique du lecteur à travers l'analyse de quatre documents très contemporains: un ticket de métro, une image "à la une", l'attestation de déplacement dérogatoire Covid-19 et un arrêté municipal.
Peu avant 1200, alors qu'émerge une pensée originale de la Nature au croisement de la théologie chrétienne et de la philosophie gréco-arabe, une nouvelle forme de décor commence à se répandre dans la sculpture et les vitraux des églises comme dans les arts précieux. La tradition des artistes médiévaux avait emprunté bien des motifs à la Nature comme aussi à l'art de l'Antiquité, mais en les soumettant à d'infinies transformations stylistiques. Au XIIIe siècle surgissent sous la main des artistes arbres, fleurs et surtout feuilles imitant des formes naturelles scrupuleusement observées. Le style "naturaliste" éclos en France, greffé sur les édifices du Gothique rayonnant, a ensuite été disséminé en Europe pendant un bon siècle. Profondément ancré dans les grands chantiers de l'époque gothique, ce mouvement fut pourtant éphémère: dès le tournant du XIVe siècle, il en sortit de nouvelles stylisations, longtemps répétées jusqu'à ce que les artistes de la Renaissance, à leur tour, se mettent à l'école de la Nature. Neil Stratford invite tous ceux qu'intéressent les monuments et l'art du Moyen Âge à explorer cette saison méconnue à travers une riche sélection d'œuvres, commentées de près sous les regards croisés de l'historien et du botaniste.
Durant plus d'un demi-siècle, les témoins de la Révolution et de l'Empire ont pris la plume non seulement pour relater leurs carrières, mais aussi produire des études historiques sur la séquence 1789-1815 qui venait de s'achever, en adoptant la posture théoriquement impartiale de l'historien. Forts de leurs souvenirs et de leur documentation, à une époque où l'histoire déchaînait les passions mais où les archives publiques n'étaient pas encore accessibles, ils ont brièvement détenu une sorte de monopole éditorial, avant d'être concurrencés par des historiens plus jeunes, moins marqués par les événements, qui ne ressentaient pas le besoin de s'expliquer ou de se justifier.En opérant un retour aux sources, notamment grâce à l'apport des archives de Lamartine, de Walter Scott, de La Fayette, de Thiers, de Michelet, de Tocqueville, de Las Cases, de Prosper de Barante, ou du chancelier Pasquier, cet ouvrage étudie sous un angle original l'évolution des méthodes de travail des historiens, de la période romantique à la naissance du positivisme, mais aussi les premières polémiques autour de l'interprétation des grands événements de la Révolution et de l'Empire, qui laissèrent certains témoins pleins d'amertume. De nombreuses lettres, des manuscrits et des notes critiques inédites viennent enfin dévoiler le rôle de conseiller historique joué par certains personnages de premier plan comme Barère, Talleyrand, Metternich, Caulaincourt, Marmont ou encore Jérôme Bonaparte.
Soutenues par les élèves de la promotion de 2025 pour obtenir le diplôme d'archiviste paléographe
Les Positions des thèses soutenues par les élèves pour obtenir le diplôme d'archiviste paléographe sont publiées annuellement par l'École des chartes depuis 1849. Elles regroupent des résumés longs des thèses soutenues lors de l'année en cours.
En fournissant aux habitants de Paris la farine nécessaire à leur alimentation, les moulins à eau et à vent de la capitale ont joué, à l'époque préindustrielle, un rôle essentiel dans la satisfaction de la demande énergétique d'une ville qui accueillait, au début du XIVe siècle, 250 000 habitants, soit autant qu'une grande métropole française actuelle. Loin d'être figé, ce paysage meunier connut de nombreuses évolutions entre le XIIIe et le XVIe siècle, qui révèlent la plasticité des systèmes énergétiques anciens et leur capacité à s'adapter à des périodes de croissance démographique. L'étude des moulins parisiens de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance fait ainsi écho aux questionnements contemporains portant sur l'approvisionnement des grandes villes dans un contexte de décarbonation de l'économie. Elle rappelle que ces questionnements s'inscrivent dans une histoire longue de plusieurs siècles où les moulins, objets techniques complexes dont le bon fonctionnement était une préoccupation essentielle des autorités, comptent parmi les acteurs principaux.
Né le 15 juillet 1922 à Bordeaux, Yves Pérotin est sans doute un des archivistes français les plus connus et reconnus au niveau national et international, notamment pour sa formalisation de la théorie dite des trois âges des archives.Résistant, archiviste paléographe (prom. 1948), Yves Pérotin a exercé successivement, entre 1952 et 1981, les fonctions de directeur des archives départementales de Lot-et-Garonne, de La Réunion, de la Seine et du Var, avant de terminer sa carrière comme archiviste aux archives départementales des Pyrénées-Orientales. Son parcours l'a également conduit à exercer son métier dans des organisations internationales, telles les Nations unies, au sein des archives de la Société des nations, puis au Bureau international du travail et à l'Organisation mondiale de la santé. Il a également réalisé des missions pour l'UNESCO en Algérie, en Irak, au Maroc et au Pérou.Yves Pérotin (1922-1981). L'archiviste inimitable fait écho au récit rédigé par Yves Pérotin après-guerre à l'issue de son expérience de maquisard sur les maquis du Trièves et du Vercors auxquels il a appartenu et intitulé La vie inimitable (Presses universitaires de Grenoble, 2014). Cet ouvrage a pour ambition d'éclairer la carrière et la pensée d'Yves Pérotin, à travers une dizaine de contributions ainsi que l'édition ou la réédition de deux textes importants de cette figure marquante de l'archivistique française et internationale.
Depuis plus de trente ans, documents et données numériques irriguent la société et engendrent de profondes transformations économiques, sociales et culturelles. En faisant leur entrée dans les collections des bibliothèques, des archives et des musées, ces nouveaux objets suscitent une question : celle de l'émergence d'un patrimoine numérique. À l'heure de la mise en données du monde et de l'intelligence artificielle, la connaissance de ce patrimoine et de son histoire est une clef pour comprendre la culture numérique dans laquelle nous sommes désormais immergés. Quelle place les émotions tiennent-elles dans un univers régi par les écrans, les réseaux, les algorithmes ? Qu'avons-nous reçu en héritage, et que transmettrons-nous aux générations futures ? Autant de questions au cœur de cet essai où se mêlent histoire, sociologie, anthropologie et sciences de l'information.
Soutenues par les élèves de la promotion de 2024 pour obtenir le diplôme d'archiviste paléographe
Les Positions des thèses soutenues par les élèves pour obtenir le diplôme d'archiviste paléographe sont publiées annuellement par l'École des chartes depuis 1849. Elles regroupent des résumés longs des thèses soutenues lors de l'année en cours.
L'arobase, aujourd'hui symbole omniprésent de la communication électronique, se définit par une forme universelle – @ – et par des noms infiniment variés selon les langues. Ses origines, perdues dans la nuit des temps, ont donné lieu à des explications multiples et contradictoires, confondant l'histoire d'un tracé, de ses fonctions et de ses désignations. Marc Smith recompose pour la première fois l'histoire de l'arobase, du Moyen Âge jusqu'à nos jours, comme un cas à la fois insolite et exemplaire de l'évolution des signes écrits qui accompagne le constant changement des sociétés et des techniques.