L' URSS contre ses traîtres

L'Épuration soviétique (1941-1955)
Vanessa VOISIN
Date de publication
4 mai 2015
Résumé
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les pays libérés de la domination nazie entreprennent une reconstruction matérielle, mais aussi une refondation politique dont l'un des principaux instruments est l'Épuration des collaborateurs de l'ennemi. L'Union soviétique, qui a subi une occupation parmi les plus sanglantes d'Europe, procède à cette répression politique plus précocement qu'ailleurs, dès les premières libérations de territoires en décembre 1941. L'issue du conflit reste incertaine, l'Épuration a donc d'abord pour finalité de mobiliser la société, sécuriser les zones reconquises et restaurer l'autorité du Kremlin. Elle se distingue aussi de ses équivalents européens par le poids de représentations et pratiques récentes de répression politique, par le caractère ... Lire la suite
FORMAT
Livre broché
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Date de première publication du titre 4 mai 2015
ISBN 9782859448974
EAN-13 9782859448974
Référence 118649-09
Nombre de pages de contenu principal
Format 16 x 24 x 2.2 cm
Poids 815 g

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Désignations des fonds d'archives et sources imprimées

Glossaire

Préface

Introduction

Chapitre 1. De l'ennemi de classe à l'ennemi du peuple : un continuum d'épurations, 1917-1940

La centralité de l'épuration en URSS

Hantise de la trahison, échec de l'intégration ?

Chapitre 2. Prises entre deux feux : le " choix " des populations occupées

Exigences soviétiques de loyauté
Un " soulèvement populaire " orchestré par l'État
Évacuation sélective, loyautés en question

Un régime d'occupation colonial et génocidaire
Projets et réalités : la conquête de l'" espace vital "
Une politique de mensonge et de terreur

La collaboration, un choix rarement enthousiaste
Les engagements volontaires des débuts
L'ambiguïté de certaines collaborations " volontaires "
La collaboration forcée : 1942-1944

Chapitre 3. Épuration préventive et justice des " vengeurs du peuple "

L'épuration préventive et extrajudiciaire
L'expulsion des " indésirables "
Les déportations préventives de minorités suspectes

Un affrontement fratricide : traîtres contre partisans
L'Épuration partisane vue de Moscou
Vengeances locales ou stratégie guerrière ?
Des " traîtres " chez les partisans

Chapitre 4. L'Épuration guerrière, 1941-1942

Un combat impitoyable contre la trahison
Des tribunaux au service de la mobilisation
Le lancement de la campagne contre les " traîtres "
La police locale prend le relais

L'emballement de la campagne épuratrice
Premières distinctions entre citoyens compromis
Épurateurs zélés, prisons débordées, accrochages locaux
Des audiences tardives pour des jugements hâtifs

Chapitre 5. De l'ennemi du peuple au traître à la patrie

Les hommes : tchékistes et juges de Staline
Des hommes sous influence
Un ethos hérité

Les structures répressives à l'épreuve du conflit
Juges et procureurs jetés dans l'arène
Des tchékistes ballottés et critiqués

Les pratiques : partialité et brutalité
Des enquêtes partiales et superficielles
Des pressions illégales sur les suspects

Une nouvelle " fabrique de la culpabilité " ?
Repérer l'ennemi : des anciens aux nouveaux critères
Construire l'accusation : accommodation ou trahison ?

Chapitre 6. Une publicité calculée, des châtiments éloquents, 1942-1943

1941-1942 : stratégies de mobilisation
Dissimuler ou admettre la gravité de la situation ?
Sur les traces de l'occupant : dévoiler les crimes ennemis
Vers une Épuration plus réfléchie

1943 : rencontre des enjeux intérieurs et extérieurs
Une inflexion pragmatique de l'Épuration
L'impact des considérations internationales
La pédagogie des procès… ou du châtiment ?

Chapitre 7. Quelques aspects symboliques de l'Épuration soviétique

La justice d'un État fort
Les tribunaux militaires : peuple-armée-État
Les tribunaux du NKVD : une symbolique ambiguë

Épuration et sphère privée
Faute politique ou déviance sociale ? les relations privées
Trahison d'État et liens familiaux

Chapitre 8. L'anticipation de nouveaux défis, 1944-1945

Filtrer avant d'épurer
Qui " filtrer ", et pourquoi ?
L'arrêté du 18 août 1945 : enjeux intérieurs et extérieurs
L'ultime filtrage à destination

L'évolution dissociée de l'Épuration judiciaire
Fin de l'Épuration " légale " dans la région de Kalinine ?
Logiques de pacification dans les marges de l'ouest
Des méthodes et une médiatisation plus réfléchies

Chapitre 9. La mise en scène de l'unité nationale

Le mythe d'une société unie
Discours officiel unanimiste, réalité très contrastée
Vécus de guerre opposés

L'Épuration et la restauration du pouvoir soviétique
" Liquider les conséquences de l'occupation "
Canalisation et utilisation des tensions locales
Le monopole de l'État sur l'Épuration

Chapitre 10. L'Épuration de " l'avant-garde de la société "

Une purge exhaustive et primordiale
La purification du parti : une priorité pour Moscou
Chronologies décalées, visions divergentes de la purge ?

Le collectif menacé : la double signification de la purge
Convergence avec l'Épuration " légale " : la purge des traîtres
La spécificité de la purge du parti : le crime par omission

De nouveaux recrutements indispensables mais délicats
Un parti en ruines
Reconstruction et purification, objectifs incompatibles ?

Une purge sans fin ?
Une intransigeance persistante

Chapitre 11. L'Épuration administrative

L'Épuration des cadres, une priorité à la libération
Inquiétantes compromissions
Une épuration sous strict contrôle du parti
Des exigences revues

Un grand renouvellement
Un ballet de cadres
Un " degré de tolérance " plus ou moins admis

Chapitre 12. Une impossible réintégration ?

Les ambiguïtés de la réintégration nationale
Une nouvelle hiérarchie sociale
Le droit ou l'équité ?

L'ombre portée du conflit
Un clivage persistant entre les " traîtres " et les autres
Sortir du Goulag
De la déportation à d'autres servitudes

Clore l'Épuration ?

Conclusion

Sources primaires

Sources publiées

Bibliographie sélective

Travaux de recherche non publiés

Annexes

Index

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les pays libérés de la domination nazie entreprennent une reconstruction matérielle, mais aussi une refondation politique dont l'un des principaux instruments est l'Épuration des collaborateurs de l'ennemi. L'Union soviétique, qui a subi une occupation parmi les plus sanglantes d'Europe, procède à cette répression politique plus précocement qu'ailleurs, dès les premières libérations de territoires en décembre 1941. L'issue du conflit reste incertaine, l'Épuration a donc d'abord pour finalité de mobiliser la société, sécuriser les zones reconquises et restaurer l'autorité du Kremlin. Elle se distingue aussi de ses équivalents européens par le poids de représentations et pratiques récentes de répression politique, par le caractère massif de celles-ci. Néanmoins, les enjeux internationaux influent dès 1943 sur le châtiment des traîtres soviétiques. Par ailleurs, la forte dimension symbolique qui caractérise les épurations des autres pays se retrouve aussi en URSS. L'exécution des bourreaux les plus sanguinaires est publique et souvent médiatisée. Les familles des " traîtres à la Patrie " sont exilées dans les confins du pays, de même que les femmes coupables de relations intimes avec l'ennemi. L'auteur explore les multiples strates et objectifs – parfois contradictoires – de l'Épuration soviétique à travers un jeu d'échelles qui permet d'en saisir, du niveau du village à celui de l'empire soviétique, les logiques politiques mais aussi les dimensions sociales et symboliques.

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