Les Lois de Platon constituent une oeuvre majeure dans l'histoire de la pensée politique. La perspective systématique, qui remonte vers les fondements de la législation, s'y combine avec l'élaboration concrète de lois détaillées, ce qui les distingue de la République. Leur importance vient en outre et avant tout de ce qu'elles ont élaboré une série de concepts et de principes politiques appelés à un long avenir. Négativement, les Lois, en un contraste frappant avec la thèse du philosophe-roi de la République,thématisent pour la première fois le principe en vertu duquel "le pouvoir absolu corrompt absolument" (principe dit de Lord Acton). Positivement, les notions de "constitution mixte", de "règne de la loi", et de "préambule législatif" y trouvent leur première articulation conceptuelle, voire leur première formulation. Dernier ouvrage de Platon, les Lois restent un texte peu fréquenté, en dépit de leur importance obvie. C'est que, outre leur longueur, elles sont d'écriture difficile et opaque dans leur structure. Le présent essaie vise à fournir, d'abord de manière synthétique, puis en commentant un certain nombre de passages, les éléments clefs permettant de s'orienter dans le maquis de développements dont elles sont faites. Il propose ce faisant une interprétation originale de la relation complexe que les Lois entretiennent avec la République, en mettant au centre de l'analyse la question de la relation entre loi et persuasion.