Aristote, oublié depuis deux siècles, devient au XIXe siècle un contemporain. Soutenue par un remarquable travail éditorial évoqué par les noms de Brandis, Bekker ou Bonitz, cette réévaluation engage les différents champs de la philosophie. On se tourne vers Aristote pour réhabiliter la question métaphysique, mais aussi pour interroger les instruments de la pensée, les concepts et les catégories, ou penser le rapport de la philosophie aux sciences positives. Le style d'Aristote, recherchant un mode de connaissance adapté à chaque objet, avec son exigence de rigueur et de sobriété, trouve un écho chez tous ceux qui désirent faire de la philosophie une science rigoureuse. Selon les contextes, la lecture de ses écrits a nourri des traditions philosophiques bien différenciées, de la phénoménologie à la logique, de la métaphysique au regain de la philosophie pratique. Elle accentue, selon les aires culturelles, certaines préoccupations : philologique et linguistique en Allemagne, métaphysique en France, scientifique en Autriche, logique en Pologne, pratique, scientifique et métaphysique dans les pays anglo-saxons. Ce livre dresse un état des lieux de la surprenante actualité d'Aristote au XIXe siècle en suivant les interprétations contrastées de ses principales oeuvres. A travers ses trois sections : 1. La critique de l'idéalisme ; 2. Le retour de la métaphysique ; 3. La logique de la science, il souligne le rôle essentiel de Trendelenburg, Ravaisson et Brentano tout en présentant plusieurs acteurs de cette passion péripatéticienne (de Feuerbach, Droysen, Dilthey à Comte, Peirce ou Lukasiewicz). Avec des textes inédits de Brentano, une bibliographie des éditions d'Aristote et des études au XIXe siècle, il constitue un ouvrage de référence.