Le premier décembre 1918, à la Une du photo-magazine de Francfort, Das Illustrierte Blatt, les soldats allemands défilent triomphalement malgré l'armistice et la défaite ; dans le même temps, la France, victorieuse mais meurtrie, panse ses plaies. Déjà, les hebdomadaires illustrés révèlent deux regards discordants sur une expérience de la guerre pourtant commune. Aux origines de ce hiatus, lourd de conséquences, se trouve la représentation de l'héroïsme des combattants tel que les images de presse l'ont véhiculé durant la Grande Guerre. En France, après quelques mois d'images trompeuses, la vérité s'installe grâce à la publication des photographies prises, sous les obus, par les soldats eux-mêmes : la vision héroïco-épique de la guerre disparaît, sa réalité meurtrière s ...
Lire la suite
1914-1915. Bourrage de crâne visuel et cultures de guerre
1915. Amateurs et nouveaux approvisionnements photographiques
Violences illustrées
1914-1915, France. Montrer l'indicible : photographier les morts
France. Voyeurisme, banalités et déontologies photojournalistiques
1915-1918, France. Photographies du champ de bataille, métonymies de la mort
France. Photographier les combats, accompagner les hommes
En Allemagne, héroïser l'idée de la mort
Ellipse des combats allemands
Les paysages de guerre allemands, entre chaos et romantisme visuel
Structures de censure
L'Allemagne, de la censure à la propagande iconographique
La censure des images en France : un filet aux larges mailles
Perceptions, réceptions, effets : du succès des politiques de l'image ?
Violences visuelles et mutations de l'héroïsme combattant
L'héroïsme du quotidien français
Naissance du super héros germanique
Le premier décembre 1918, à la Une du photo-magazine de Francfort, Das Illustrierte Blatt, les soldats allemands défilent triomphalement malgré l'armistice et la défaite ; dans le même temps, la France, victorieuse mais meurtrie, panse ses plaies. Déjà, les hebdomadaires illustrés révèlent deux regards discordants sur une expérience de la guerre pourtant commune. Aux origines de ce hiatus, lourd de conséquences, se trouve la représentation de l'héroïsme des combattants tel que les images de presse l'ont véhiculé durant la Grande Guerre. En France, après quelques mois d'images trompeuses, la vérité s'installe grâce à la publication des photographies prises, sous les obus, par les soldats eux-mêmes : la vision héroïco-épique de la guerre disparaît, sa réalité meurtrière s'étale, chaque semaine, devant les lecteurs. En revanche, à l'est du Rhin, la compétence et la sévérité des autorités de censure réduisent à néant les velléités photojournalistiques modernes des illustrés allemands et maintiennent une information visuelle traditionnelle, contrôlée et triomphante. Chaque peuple en tire une vision antithétique des combats et de l'Histoire, porteuse du germe de la discorde qui les enflammera à nouveau, vingt ans plus tard.