Pour les Anciens, la présence des dieux, mais aussi les rapports entre hommes et dieux, sont construits et contrôlés par les hommes, en étroite relation avec l'espace qui sert de cadre aux pratiques rituelles. La notion d'espace se place alors au centre d'une réflexion sur la construction, dans le monde antique, des identités religieuses. Or, qu'est-ce qui confère à l'espace sa sacralité? Comment le sacré, entendu à la fois comme puissance religieuse et condition de son exercice autorisé, se nourrit-il d'espace? Comment la mémoire se projette-t-elle dans l'espace sacré? Autant de questions qui invitent à prendre en compte ce qui touche à l'organisation sacrale de l'espace, à étudier les mesures prises pour la préservation et le respect du " sacré " (avec les notions d'ordre et de puissance qui lui sont liées), sans négliger de prendre aussi en considération les gestes et les pratiques, individuelles ou collectives, qui visent à codifier l'espace. La sacralisation de l'espace, privé ou public, à l'échelle d'une collectivité, d'une cité ou d'une région, n'est pas seulement fondée sur des critères physiques, mais aussi symboliques: c'est en explorant ce double ancrage des dispositifs spatiaux du culte et des pratiques rituelles que les auteurs de ce livre ont cherché à croiser, dans le temps long, des approches issues d'aires géographiques variées.