L'objectif du colloque " La Loire, la guerre et les hommes. Histoire géopolitique et militaire d'un fleuve ", qui s'est tenu le 22 mars 2012 au musée du Génie à Angers, est ambitieux : replacer dans leurs réalités géographiques et aborder les différentes facettes de l'histoire militaire de ce fleuve depuis la conquête romaine jusqu'aux événements de la Seconde Guerre mondiale, donc sur les quatre périodes antique, médiévale, moderne et contemporaine, sans privilégier l'histoire de l'événement par rapport à l'histoire culturelle, architecturale, ou économique, mais en la rapportant constamment au fait militaire, étroitement inséré dans les autres facettes de l'histoire. Ainsi passent le temps des Gaulois et de la paix romaine, puis celui de la réorganisation féodale avec une frontière entre Bretagne et pays francs, où elle devient une France intermédiaire, espace dominé par l'Angleterre des Plantagenêts entre France du Nord et France du Sud. La guerre de cent Ans voit un théâtre ligérien d'opérations avant que sous Louis XI la vallée ne devienne celle des châteaux devenus résidences politiques ou civiles. Après la tragédie des guerres religieuses, la valorisation du bassin de la Loire répond pendant trois siècles à des impératifs logistiques et contribue à la prospérité de ses villes. Front idéologique entre pays républicain et pays catholique et monarchique au temps de la Révolution, la Loire redevient lieu de guerre, ce qu'elle est à nouveau pour une période brève et violente en 1870-1871. En même temps, au XIXe siècle, la région accueille écoles (Saumur pour la cavalerie, tours pour le train, Angers pour le génie) et régiments. Elle devient l'un des axes de la Victoire avec l'arrivée des Américains à Saint-Nazaire en 1917, puis un nouveau front de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale, en même temps qu'un pôle de la Résistance – jusqu'à mériter le titre de compagnon de la Libération à la ville de Nantes, devenue désert militaire depuis le printemps 2010.