Dans les années soixante, les espaces désertifiés du territoire français, sont le théâtre d'un " retour à la terre ", exprimant le refus des contraintes liées au système économique libéral et à la société urbaine et de consommation. A partir de sources variées, ce phénomène est étudié, depuis les années 1960, dans une perspective historique, à l'échelle locale du département de l'Ardèche. Cependant, des comparaisons avec d'autres espaces, permettent d'en dégager la signification et la portée au plan national. Avant-garde empreinte de complexité, le " retour à la terre " met en lumière le " centre ", de la société qu'il interroge. En effet, celle-ci connaît de profondes mutations, générant un doute qui alimente les motivations et les représentations des néo-ruraux. La rencontre forcée entre anciens et nouveaux paysans, provoque un choc de cultures qui met en jeu des représentations antinomiques de soi et de l'autre. Il en résulte une série de conflits, articulés autour de notions fondatrices, exprimant le caractère insupportable de la remise en cause imposée par la présence néo-rurale. Enfin, l'acculturation réciproque et l'intégration des nouveaux venus, amorcée entre 1977 et 1983, est lente et difficile, même si elle est favorisée par le " déplacement de l'utopie " et par la modification du contexte économique et politique. Elle conduit à une recomposition des rapports de pouvoir et se traduit par des apports importants au milieu local, en termes démographique, agricole, politique et dans la transformation de l'espace rural.