"Attiré par des amis à Sidi-bou-Saïd, j'y avais trouvé une chose inespérée : un de ces moments d'équilibre, d'accord mystérieux entre le faire humain, les mouvements de la terre, du ciel et de la mer. Un silence où viennent s'inscrire, des plissements à peine perceptibles aux rugissements les plus barbares, les accords et les dissonances de l'immense clavier des eaux, des arbres et des vents. […] Des gens simples que l'on retrouve chez l'épicier ou dans la rue, qui vous confient leurs joies, leurs soucis, vous écoutent. Des bourgeois de vieille souche, prenant le frais au soir dans les rues qui longent la mer, vêtus de leurs djebbas blanches impeccables ; quelques artistes attachés à l'esprit de ce lieu. Des orangers amers, des jasmins, des agaves, et des bougainvillées. Une vieille maison au bout du village, adossée à la colline, une seule pièce lézardée, penchée comme un balcon sur le large."