Faute d'études approfondies fondées sur des données historiques comme sur l'analyse des rapports entre éthique et esthétique dans les différentes démarches artistiques, les débats font défaut sur le théâtre dans sa relation avec l'éducation. Cette lacune a conduit à figer des certitudes et à les imposer comme une nouvelle vérité émergeant à la pointe ultime d'une évolution qui ne pourrait être que positive : convictions élaborées sur une histoire pour une grande part imaginaire et parfois revue et corrigée en fonction d'objectifs qu'il faudrait élucider. Le présent ouvrage fait donc une large place aux questions historiques, non pour ressasser un passé révolu, mais pour expliquer les liens existant entre, d'une part, des pensées historiquement situées (l'entre-deux-guerres), idéologiquement marquées, et d'autre part, des méthodes pédagogiques. Deux conceptions de la pédagogie sont présentées et étudiées ici : la première, née du mouvement de l'Éducation Nouvelle (telle que Roger Cousinet la définissait, c'est-à-dire comme un mouvement d'émancipation) et la deuxième illustrée par la " doctrine " de Léon Chancerel avec ses avatars contemporains. Il s'adresse à tous ceux, enseignants, éducateurs, artistes, étudiants, chercheurs, qui s'intéressent aux pratiques théâtrales dans l'éducation et à leur histoire. Christiane Page assume ici une position qui est avant tout d'interrogation, mais n'est-ce pas encore, pour l'instant, le privilège de l'université que de pouvoir " questionner sans condition " (Jacques Derrida) ?