En s'instituant comme disciplines universitaires, les sciences sociales ont posé la question de la pluridisciplinarité, voire de l'interdisciplinarité. Ensuite des échanges ont étayé les questionnements théoriques. Puis, dans la deuxième moitié du XXe siècle, ce sont des pratiques communes qui ont scellé la pertinence de ces problématiques. Mais la question de la communauté ou de la diversité des approches ne se pose pas seulement en termes de disciplines. Au sein de chacune d'entre elles, des cloisonnements souvent fondés sur des logiques uniquement académiques ont pu stériliser la réflexion. Ils méritent d'être dépassés, d'autant que les circulations se sont révélées plus larges. Nous savons ainsi à quel point l'intérêt pour les sciences expérimentales peut être fécon ...
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Première partie – Champs et objets Geneviève Prévost – La population du biologiste ; Nadia Lepastourel – Population et corpus en psychologie sociale ; Éric Saunier – Quand l'historien étudie la traite et l'esclavage ; Bruno Bertherat – La mort de l'historien (France, XIXe siècle) ; John Barzman – De quelques champs mouvants : les contemporanéistes aux États-Unis.
Deuxième partie – Méthodes et pratiques Clarisse Didelon – Une pie voleuse dans son nid douillet : pratiques de géographes ; Philippe Corcuff – Sciences sociales et pluralité des modèles d'historicité ; Pierre Thorez – Faut-il savoir piloter un avion pour mener des recherches sur la géographie des transports ?
Troisième partie – Échanges et coopérations Benjamin Steck et Jean-Louis Izbicki – Construire une science à partir d'autres sciences : quelles relations entre géographes et physiciens ? Madeleine Brocard et Sylvain Pasquier – Quand géographes et sociologues enquêtent sur la constitution d'un nouveau territoire ; Bruno Lecoquierre – La pratique du terrain en géographie comme modalité de compréhension du réel ; Sébastien Boulay – Le terrain comme chantier de l'anthropologue : exemples d'enquêtes ethnographiques menées dans l'ouest du Sahara.
Quatrième partie – Sociétés et diffusions Marie Cartier – Réception des travaux de sociologues sur les milieux populaires ; Béatrice Galinon-Mélénec – Des signes-traces aux S-T, des S-T à l'homme-trace ; Jérôme Prieur – Le cinéaste et les chercheurs ; Pierre Victor Tournier – L'opinion publique face au crime : quelle place pour l'expertise scientifique ?
Conclusion
En s'instituant comme disciplines universitaires, les sciences sociales ont posé la question de la pluridisciplinarité, voire de l'interdisciplinarité. Ensuite des échanges ont étayé les questionnements théoriques. Puis, dans la deuxième moitié du XXe siècle, ce sont des pratiques communes qui ont scellé la pertinence de ces problématiques. Mais la question de la communauté ou de la diversité des approches ne se pose pas seulement en termes de disciplines. Au sein de chacune d'entre elles, des cloisonnements souvent fondés sur des logiques uniquement académiques ont pu stériliser la réflexion. Ils méritent d'être dépassés, d'autant que les circulations se sont révélées plus larges. Nous savons ainsi à quel point l'intérêt pour les sciences expérimentales peut être fécond s'il ne se réduit pas à un usage métaphorique. En dehors même du champ de sciences, les chercheurs ont eu à côtoyer d'autres membres de la cité, notamment des créateurs.Là aussi, la rencontre n'est pas nouvelle, et la question du sort réservé à la narration s'est posée dans toutes les sciences sociales. C'est l'importance de ces échanges, la richesse de ces apports, le caractère aujourd'hui fondamental de la diversité des approches que ce livre interroge à travers dix-neuf textes de scientifiques de toutes disciplines et celui d'un cinéaste et écrivain habitué à travailler avec des chercheurs. Au-delà d'une évidente volonté épistémologique, tout comme du parti pris de s'appuyer sur la pratique, le constat est cependant loin d'être aussi optimiste que fut volontariste la démarche qui a conduit à ce que les auteurs se rencontrent. D'où la question: travailler ensemble?