Le présent volume répond à la fois à la nécessité d'éviter l'émiettement auquel peuvent conduire l'interdisciplinarité et les différentes échelles utilisées pour saisir le paysage selon les spécialités, et au souci d'élaborer un " humanisme paysager " pour notre temps, dans la lignée des travaux d'Augustin Berque sur la notion de milieu. Si la nature urbaine du 18e siècle à nos jours constitue le sujet central de cet ouvrage, c'est en raison de la conviction de ses auteurs que l'évolution de la ville et la place que l'homme y a faite au vivant au cours des siècles peut éclairer la manière dont s'élabore aujourd'hui un humanisme paysager reposant sur la conviction que l'humain est un être de paysage, pris dans un réseau de relations avec son environnement. Par-delà la posture consistant à figer l'opposition entre deux lectures opposées de la nature, l'une mesurable et quantitative, l'autre plus sensible, il s'agit ici d'affirmer que rien de ce qui se dit, ni ce qui se vit aujourd'hui, ne peut se comprendre sans relire et réfléchir à la nature, à la relation entre les hommes et le vivant au 18e siècle et depuis. Pour ce faire, le regard porte ici vers la France et les îles britanniques, parce que les visions et les pratiques du paysage de ces pays voisins sont à la fois parallèles et distinctes. Les deux dimensions, du temps et de l'espace, laissent clairement entrevoir le poids du politique, de l'idéologie, de l'économie, de l'esthétique, ainsi que celui des aspirations et des frustrations du corps social.