Afin de permettre au plus grand nombre de découvrir ces richesses, la BNU a fait le choix d'une programmation muséographique matérialisée dans cinq espaces du bâtiment République, ouverts régulièrement au public pour des visites guidées. Dans ces espaces sont conservés et exposés des collections précieuses, des documents rares ou uniques, qui font partie des principaux trésors de la bibliothèque. Par ce programme, la BNU souhaite rendre accessible à chacun ce qui appartient à tous.
Tome 1: Céramiques et verres du Moyen Âge et de la Renaissance
Dominant le confluent de la Moselle et de la Meurthe, le château de l'Avant-Garde (Pompey), construit vers 1315, devint château ducal en 1380 avant d'être détruit en 1635 par les armées royales.Exhumé dans les années quatre-vingt à l'occasion de travaux en vue de l'aménagement du site, le mobilier archéologique resta longtemps ignoré mais sa variété et sa qualité faisaient regretter l'absence d'une étude scientifique. C'est désormais chose faite grâce à la persévérance d'une équipe de chercheurs de l'Université Nancy 2.L'ouvrage offre une documentation inédite qui éclaire d'un jour nouveau la vie quotidienne et les mentalités de l'aristocratie en Lorraine à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance.L'art de la table se reflète dans les céramiques culinaires, les récipients en grès et en verre, tandis que d'autres objets rappellent les activités domestiques et la parure.Une mention spéciale revient toutefois à la céramique de poêle qui éblouit par la diversité et la vitalité de son iconographie où les décors géométriques et floraux se conjuguent avec les portraits et les images de jeux, de combats, de vertus chevaleresques et de piété pour constituer sans aucun doute, la plus belle collection de l'Est de la France.
Entre l'An Mil et la Renaissance, la Lorraine se couvrit de près de 300 châteaux et maisons fortes. Lieux de résidence noble mais aussi centres administratifs et militaires, ils furent le symbole visible du pouvoir seigneurial jusqu'à la guerre de Trente Ans. Depuis 1634, les conflits successifs et l'évolution de l'économie et de la société se sont conjugués pour en effacer les vestiges. Seule une patiente enquête menée depuis près de 25 ans dans les archives et sur le terrain permet aujourd'hui d'en mesurer la diversité et de connaître l'identité des occupants.Par une série d'approches ciblées, l'ouvrage fournit les éclairages nécessaires à la compréhension de ce phénomène. Il souligne le rôle majeur joué par les princes dont les évêques de Metz dès le 10e siècle mais aussi la vitalité de leurs vassaux, autorisés à se doter de résidences fortifiées à partir du milieu du 13e siècle.Par une série d'études ciblées sur différents secteurs de la région, l'ouvrage fournit les clés nécessaires à la compréhension du phénomène. Il révèle une évolution de l'architecture défensive rythmée en trois séquences.La première génération correspond aux enceintes polygonales ou ovoïdes appuyées sur un donjon quadrangulaire comme à Mousson, Amance, Marimont, Châtenois ou Dabo qui affectionnent les sommets de collines ou les éperons barrés.La seconde génération adopte, à partir de 1250, le plan généralement quadrangulaire avec tours de flanquement comme à Blâmont, Custines, Pompey, Pierrefort ou Gombervaux sous l'influence capétienne.La troisième séquence, à partir de 1420, conserve le plan quadrangulaire mais adapte les murs aux impératifs de l'artillerie à poudre. Les édifices deviennent plus compacts et plus massifs et se dotent de canonnières comme à Manderen, Aulnois-sur-Seille, Ogéviller, Nomeny ou Moyen.Au début du 16e siècle, Blénod-les-Toul ouvre un nouveau chapitre qui annonce le château résidentiel de la Renaissance où le caractère défensif commence à s'estomper.Ainsi, par touches successives, l'auteur parvient à distinguer les caractères qui différencient les différents types d'habitat aristocratique du Moyen Âge dont les vestiges sont une composante souvent méconnue du patrimoine historique et culturel de la région.
L'ouvrage de Gérard Giuliato et de ses collaborateurs offre une des seules monographies exhaustives de maison forte, type habituel de résidence de la petite et moyenne aristocratie à partir du 13e siècle. Il se signale par l'étude croisée des sources écrites et des apports de la fouille archéologique prolongés par les recherches en laboratoire. Cette approche pluridisciplinaire permet de restituer avec précision les conditions de vie d'une famille seigneuriale lorraine à la fin du Moyen Âge et au cours de la Renaissance jusqu'à la destruction de l'édifice en 1611. Blottie dans un méandre encaissé de la Moselle à Richardménil (Meurthe-et-Moselle), cette petite résidence rurale présente une série d'adaptations liées à l'évolution des techniques militaires tandis que les unités stratigraphiques parfaitement conservées témoignent des étapes de son histoire. Le mobilier archéologique, par son abondance et sa diversité, constitue un témoignage exceptionnel de la culture matérielle de l'époque et, à ce titre, il est destiné à être présenté au public au Musée lorrain.
Les écoles d'ingénieurs en LorraineLa révolution industrielle, qui touche la France au début du 19e siècle, fait évoluer la question de la formation professionnelle. L'organisation de la production dans les entreprises crée de nouveaux types de professionnels qu'il faut préparer à leurs tâches, tandis que le phénomène d'industrialisation a de plus en plus partie liée avec la science qui voit naître et croître de nouveaux champs de recherche. Il apparaît alors nécessaire de créer des institutions d'enseignement appropriées parmi lesquelles les écoles d'ingénieurs.Un développement régional originalLes grandes écoles parisiennes, très connues, ne doivent pas faire oublier la floraison d'institutions d'enseignement scientifique et technique dans certaines régions. De ce point de vue, la Lorraine représente un véritable cas d'école. Progressivement, depuis la première moitié du 19e siècle jusqu'aux lendemains de la Seconde Guerre Mondiale, se constitue un pôle d'enseignement scientifico-technique supérieur parmi les plus importants du pays. L'essor décisif remonte à la fin du 19e siècle, au moment où l'application du traité de Francfort (1871) fait passer la frontière aux portes de Nancy. La ville devient alors un des pôles scientifiques les plus importants de France avec la création en l'espace d'une vingtaine d'années d'une série d'instituts ou écoles autorisés à délivrer des diplômes d'ingénieurs. Ce mouvement affecte en même temps la plupart des régions de France mais avec des modalités différentes.
Table ronde en l'honneur du professeur René Neboit-Guilhot
Géographes, paléoenvironnementalistes, historiens et archéologues se sont réunis, autour de René Neboit-Guilhot, pour revisiter une problématique scientifique qui lui est chère : les rapports complexes et multiformes existant au sein du triptyque société, climat et érosion. L'ouvrage présente cinquante-six contributions regroupées autour de trois questions clefs. La première concerne les difficultés méthodologiques posées par le déchiffrage et l'interprétation des archives sédimentaires comme indicateurs des paléoenvironnements et des paléodynamiques holocènes. La deuxième soulève le problème des dialectiques homme/climat et insiste sur leur inégale perception selon les acteurs scientifiques, les échelles d'analyse et les contextes morphoclimatiques. En troisième lieu, enfin, est proposée une mise au point sur les acquis et les perspectives des recherches géomorphologiques et géoarchéologiques dans le monde méditerranéen.
Longtemps ignoré ou méprisé, le patrimoine industriel fait aujourd'hui l'objet d'une reconnaissance institutionnelle : les vieilles usines sont réhabilitées, les puits de mine inscrits dans les circuits touristiques et les objets de l'industrie muséifiés. Après avoir beaucoup détruit, on rêve désormais de tout conserver car les vestiges de l'industrie sont perçus comme constitutifs d'identités professionnelles ou locales dignes d'être valorisées. Si les sciences sociales ne peuvent ignorer ce désir de "patrimonialisation" qui vient d'en bas, elles ne doivent pas cependant se laisser submerger par ces mémoires singulières. Aussi, dans une visée critique qui associe chercheurs et professionnels du patrimoine et fait voyager le lecteur de la Lorraine sidérurgique au Nord minier et de Turin à Billancourt, le livre s'interroge sur le processus qui transforme l'usine en patrimoine, la seconde vie que lui donnent les nouvelles fonctions qui l'investissent et les conditions d'une histoire qui fasse toute sa place aux traces matérielles de l'industrie.
Ancrage local et dynamique européenne, l'exemple de Nancy
À travers l'histoire particulière de l'institut électrotechnique de la faculté des sciences de Nancy, l'ouvrage permet d'examiner les conditions d'émergence d'une filière à finalité professionnelle dans le contexte d'une université de province au début du 20e siècle. L'analyse des liens entre le nouvel institut et son environnement industriel montre comment s'affirme localement une tradition reconnue, aujourd'hui encore, par des acteurs tant nationaux qu'étrangers. Car l'institut nancéien a su tirer parti des circonstances en accueillant un flux important d'étudiants d'Europe orientale (Russie, Pologne, Bulgarie, Roumanie, pays balkaniques). La question des relations entre le monde industriel et l'enseignement scientifique constitue enfin le point d'orgue de l'étude. Trois exemples de formations spécialisées en électrotechnique situées dans des contextes politiques, économiques et culturels contrastés — Allemagne, Espagne et Canada — permettent d'établir des comparaisons stimulantes avec la situation française.
La recherche en histoire urbaine médiévale a longtemps été dominée par les études monographiques. Désormais se sont imposées l'étude des villes en réseau, la prise en compte du maillage des petites villes et des bourgs, l'analyse des liens entretenus par les agglomérations avec leur "pays d'alentour". C'est la perspective choisie par l'ouvrage, pour une découverte du réseau urbain de l'espace lorrain et de ses marges, au temps de sa construction, entre l'an Mil et le milieu du 14e siècle.
L'ouvrage contient huit contributions qui étudient les rapports entre la médecine, les malades et les institutions sociales, sur une longue durée de l'Antiquité à nos jours : le rôle du médecin dans une société donnée, le traitement collectif des épidémies, la prise de conscience de la nécessité d'une politique de santé, la place de la médecine dans certaines institutions, la prison par exemple, l'émergence de la médecine préventive. Il ne s'agit pas d'étudier les relations personnelles entre le médecin et le malade, mais de montrer l'organisation de la médecine en réseau. Les exemples pris en Italie voisinent avec ceux issus de régions françaises, Bretagne, Normandie, Savoie et Lorraine.